jeudi 26 juillet 2012

L'île des chasseurs d'oiseaux

Auteur : Peter May
Editions : Actes Sud
Collection : Babel Noir
Parution poche: 2 novembre 2011
Pages : 424
ISNB-13 : 9782330001339


Marqué par la mort récente de son fils unique, l'inspecteur Fin Macleod est envoyé sur son île natale de Lewis car un meurtre vient d'y être commis selon la même mise en scène que celui sur lequel il enquête à Edimbourg.
La tempétueuse île de Lewis, au nord de l'Ecosse, semble sortie d'un autre temps : on se chauffe à la tourbe, on pratique le sabbat chrétien, on parle la langue gaélique. D'autres traditions particulières y perdurent, comme cette expédition organisée chaque été, qui conduit un groupe d'hommes sur l'îlot rocheux inhospitalier d'An Sgeir où ils tuent des milliers d'oiseaux nicheurs destinés à la consommation.
Dix-huit ans auparavant, Fin a participé à ce périlleux voyage initiatique. Il a ensuite quitté l'île et n'y est jamais revenu. Retourner là-bas, c'est retrouver un ami d'enfance, un premier amour, quelques camarades d'école de sinistre mémoire ; c'est surtout prendre le risque de laisser surgir les souvenirs, de découvrir à quel point on n'a rien oublié...
Un roman sombre et tourmenté, au suspense inexorable, plongé dans une atmosphère brumeuse qui doit autant aux décors naturels qu'à l'âme des personnages.


Mon avis

De nombreux, mais discrets, éloges planent sur cet ouvrage. Plus personnel que sa saga de polar chinois L’île des chasseurs d'oiseaux est avant d'être un policier, un roman d’atmosphère. Etant lui-même Écossais, l'auteur nous embarque dans son pays natal, bien plus au nord qu’Édimbourg et Glasgow, sur l'île de Lewis, ou le vent ne s'arrête jamais. On y plonge avec appréhension pour y rester par curiosité durant 430 pages. 

Les chapitres sont découpés de manière à avoir toujours deux points de vues; le premier est celui de l'auteur, qui parle de ses personnages et de leurs agissements, on avance au présent en compagnie de Fin Macleod qui cherche vainement, mais sans en faire trop, le tueur d'un de ses anciens camarade de classe, que peu de monde appréciait. On découvre cette île et leurs habitants après le départ de Fin 18 ans plus tôt, rien n'a complètement changé, et pourtant les gens ne sont plus les mêmes. Outre le meurtre et l'enquête qu'il est obligé de mené, le lecteur ressentira une gêne perpétuelle chez Fin, car tout est relié à cette île et finalement l'assassinat d'Ange n'est qu'une excuse pour nous raconter son passé. Une très bonne excuse. On se rend compte que l'on dérange, mais la curiosité est trop grande, il faut savoir ce qui s'est passé, des années plus tôt pour que Fin répugne à mettre les pieds ici. Une île ou tout le monde est au courant de tout, du meilleures mais surtout du pires et ou tout reste secret, quoi qu'il arrive. Plus on avance, plus on découvre que Fin cache, malgré lui de sacrées zones d'ombres. 
Le deuxième point de vue et celui de Fin lui-même, mais le Fin de l'île, celui qui a grandi ici, qui est tombé amoureux, qui a fait des conneries de gosses et qui a du partir sur le tas de rocher d'An Sgeir pour chasser des oiseaux. On y découvre une autre facette du personnage, bien avant ce fameux voyage sur An Sgeir, un gamin, heureux et joueur, qui va se briser les ailes petit à petit, jusqu'à la dernière plume. 
Ce découpage rajoute du suspens, quand bien même l'enquête est quasiment oubliée en cours, elle reprend son importance dans les dernières pages, et nous impressionne par son côté sadique et malsain.

Malgré ça, le contenu est parfois lent, et les détails trop nombreux. Beaucoup de choses souvent peu intéressantes ou importantes nous sont racontés, ce qui nous perd un peu dans le fil conducteur.
Les personnages secondaires deviennent au fil des pages, beaucoup plus intéressants que notre protagoniste, qui maintenant, 18 ans après, fait vraiment tache sur cette île. Il y a bien sur le meilleur ami d'enfance de Fin sur l'île, Artair, qui n'ayant pas réussit dans les études se retrouve ouvrier dans une usine, et prévoit le même sort pour son propre fils. Un personnage que l'île aura rendu au fil des ans, aigris et mal dans sa peau, ramassant toujours les restes des autres. D'ailleurs le plus gros reste qu'il ait réussit à se procurer n'est autres que Marsailli, l'amour de jeunesse de Fin. Une fille qui tombe de haut et qui ne trouve du réconfort, malgré elle, plus que dans les bras du meilleur ami de l'homme qu'elle a toujours aimé. Effacée et faible, alors que tout la projeté vers un avenir brillant, Marsailli est certainement l'un des personnages qui nous touchent le plus de part son destin brisé et les poids qui la retiennent sur cette île ou tout futur est forcément gris et terne. Ravagée par les années, elle n'est plus que l'ombre d'elle-même quand Fin la revoit enfin, après tant d'années.
Quant à Fin, malheureusement, on le trouve très vite transparent, alors qu'il est le personnages centrale, celui à travers qui tout se déroule, qui nous raconte son passé et nous entraîne dans son présent. Sur les traces de ses souvenirs, sa mémoire et de ce meurtre. Un personnage, qui une fois le livre terminé, ne laisse pas sa trace dans notre esprit, il disparaît dans les vagues déchaînées et se laisse couler.

On notera par contre une atmosphère frissonnante et glaçante, qui nous emprisonne dans un univers gris, froid et anciens. Comme une impression d'être au moyen âge, uniquement sur cette île. Dès qu'on parle de téléphones portables ou d'ordinateur, on se demande ce qu'ils peuvent bien faire là, car cette technologie ne va pas avec cette île, rien ne colle. Comme si l'auteur s'était trompé d'époque. Comme si cette île était sous une cloche, et complètement hors de ce monde.  

En conclusion, on peut avouer sans détour que Peter May nous offre ici un portrait d'un monde à part, avec des personnages déchirée par les traditions et leur culture. Une plume parfois lourde, mais terriblement entraînante.

Pour aller plus loin
Peter May : Le site

7 commentaires:

  1. OH ! le livre dont tu parles, "trois petits pas sur le sable mouillé" est dans ma wishlist depuis peu...Je l'ai découvert par hasard sur le net et il a l'air tellement touchant oui.

    Sinon pour Alyson noël, l'écriture est assez nulle soyons sincères :D. Je ne suis même pas satisfaite de ma chronique tellement je n'avais rien à dire sur ce livre...Enfin bon, je n'avais jamais lu cette auteure, c'est chose faite, et à ne pas refaire :D !

    Bonne fin de journée margaud

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  2. Je viens de voir ton commentaire chez moi alors je suis allée voir ton article. Ta lecture est assez ancienne finalement, alors peut-être que si tu le relisais maintenant ça changerait quelque chose. Ou pas, parce que tes arguments se tiennent bien. Je valide beaucoup ce que tu dis, même si ce n'est pas ce que le roman m'a inspiré. J'ai aimé cette atmosphère de bout du monde, coupée de tout; j'ai bien apprécié Fin, qui a traversé de nombreuses épreuves (mais qui reste, effectivement, quand même assez passif face à ses réactions paradoxales, comme quand suite à son accident il se met à ne rien ressentir pour Marsaili ou quand il oublie les sévices du père de son ami).
    J'ai beaucoup aimé la structure du roman, qui est plus une enquête sur son passé qu'une enquête policière (ce qui déroute au début). Je pense aussi que, n'ayant pas entendu d'éloges sur ce roman à part ceux de ma mère et la bonne note babelio, je n'avais d'attente que de passer un bon moment de lecture et d'être accrochée par l'histoire, ce qui s'est passé.
    Je serai curieuse d'avoir ton avis sur mon article; je l'écrirai bientôt je pense.
    A très vite !

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  3. Coucou Margaud,

    Pense-tu que ce polar serait bien pour le Cold Winter Challenge ? J'ai un doute, il me fait très envie et je voudrais juste être certaine qu'il colle avec le challenge.

    Merci de ta réponse.

    Bisous sucrés au pain d'épice ^^

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    1. Hello :) je le verrais plutôt pour un challenge d'automne perso ^^

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    2. Merci beaucoup de ta réponse Margaud.
      Je peux peut-être le remplacer par La rivière noire de Arnaldur Indridason ?

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    3. Je ne peux pas te le dire, ne l'ayant pas lu.

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