Les Stagiaires

Auteur : Samantha Bailly

Editeur : Milady

Collection : -

Parution : 21 mars 2014

Pages : 288

EAN-13 : 9782811211820

Ophélie, Arthur, Hugues et Alix viennent tous d'horizon différents. Leur seul point commun : ils rêvent de travailler chez Pyxis, entreprise spécialisée dans l'édition de mangas et de jeux vidéos, pilier dans le secteur de l'industrie créative.

Une réalité s'impose rapidement : beaucoup de candidats, peu d'élus. Désormais, le stage est devenu une étape obligatoire pour ces jeunes qui sont à la croisée des chemins dans leurs vies professionnelles et affectives.

Provinciale tout juste débarquée, Ophélie a laissé derrière elle petit ami et logement, et doit faire face aux difficulté de la vie parisienne. Etudiant en école de commerce, Arthur est tiraillé entre les grands projets qu'on a pour lui et son envie de mettre la finance entre parenthèses. A leurs côtés, Alix, passionnée de mangas, ne jure que pas ses sagas favorites, et Hugues, graphiste, teste ses limites dans les soirées électro...

Dans une atmosphère conviviale, travail et vie privée s'entremêlent. Pourtant, une question demeure en fond sonore : qui restera ?

Quand la "génération Y" entre en collision avec le monde du travail : un récit marquant dans lequel beaucoup de jeunes adultes se reconnaîtront. 

Mon avis

Encore une fois, je remercie la très gentille Samantha Bailly, et les éditions Milady pour l’envoi de ce livre. Je vous l’ai répété en long en large et en travers ; Ce qui nous lie a été LA révélation 2013, présent également dans mes Livres Lumières. Depuis, les parutions de Samantha je les suis à la trace, alors quel plaisir de retrouver sa plume à travers ce nouveau roman.

Mi-avril c’est Gwen de Heroysa Monster qui  me propose qu'on le lise en lecture commune. Sans tarder, une fois Dewey terminé, je saute dessus !

Le style profond m’avait un peu manqué dans A pile ou face, qui faisait très jeunesse, mais je le retrouve entièrement dans Les stagiaires. Je ne vais pas vous faire attendre plus longtemps, c’est un coup de cœur que j’ai presque dévoré d’une traite (il m’a fallu dormir entre deux).

Comme me le faisait remarquer Samantha dans sa petite dédicace, les stages ne se déroulent pas de la même manière en France qu’en Suisse. Mais qu’importe, on comprend assez vite comment fonctionne la machine. Le stagiaire. Le bas de l’échelle. Et pourtant certains sont prêts à tout pour en obtenir un. Le petit poste sous payé qui ouvre peut être la porte sur un CDD, qui propulse ces jeunes dans le système de la vie active, celle du travail.

C’est au moment de l’entretient que l’on rencontre Ophélie, jeune femme vivant à Rennes avec son petit ami et son chat, et qui chercher désespérément quelque chose dans la communication. Pyxis est exactement ce dont elle rêve, une boîte jeune et branchée. Mais elle se situe à Paris. Le gros hic de l’histoire, car on comprend rapidement que le niveau de vie entre les deux villes n’est pas comparable, première claque ! Ophélie m’a par moment rappelé ma propre période d’apprentissage. Travailler dur, pour un salaire en dessous du minimum, mais tout donner pour sortir du lot, être celle dont on a besoin, celle qu’on veut absolument garder ! Et à part le travail chez Pyxis il y a tout le reste. Sa vie restée à Rennes, sa nouvelle vie à Paris et surtout les autres stagiaires. C’est un personnage caméléon, qui se calque assez bien aux personnalités qui l’entoure. Elle s’habitue et pardonne, mais n’en oublie pas pour autant ses valeurs. Je me suis sentie proche d’elle, à beaucoup de niveaux, à commencer par les rapports qu’elle entretient avec les autres. C’est une personne très douce, et on sent une certaine fragilité en elle. Ce nouveau mode de vie la met à rude épreuve, et la limite de tout planter n’est parfois pas loin. Mais malgré cela elle met en avant sa force et son professionnalisme. Si elle baisse les bras, elle les remonte aussitôt ! Elle n’est pourtant pas parfaite, mais terriblement humaine, certains de ses défauts et de ses faiblesses refont surface. J’ai réellement vécu cette période avec elle, je me sentais en phase et totalement sur la même longueur d’ondes qu’elle.

Arthur est l’autre personnage que l’on suit un chapitre sur deux. Sa vie est totalement différente de celle d’Ophélie et les autres stagiaires. Petit bourgeois qui veut sortir des sentiers battues par maman et beau-papa, entrer chez Pyxis c’est comme un acte de rébellion. Arthur est typiquement le genre de personnage qui m’énerve immédiatement.  J’ai rencontré des Arthur, (qui me fait d’ailleurs penser au personnage de Raphaël dans Ce qui nous lie, et quand on y pense Ophélie a parfois des petits airs d’Alice) qui vous en font voir des vertes et des pas mûres, alors forcément j’ai eu un peu de peine. C’est un jeune homme qui possède tout, une copine belle et intelligente, une maison et une maman dévouée. Mais comme par hasard ça ne l’intéresse pas, et veut toujours ce qu’il n’a pas. Des aventures par ci par là, des doses beaucoup trop fortes d’alcool et de drogue, voilà un savent mélange pour foutre sa vie en l’air. Plus on apprend à le connaître, plus il m’a touché, son histoire explique pas mal de chose sur ses réactions d’aujourd’hui. Mais ne le pardonne pas pour autant.

Et tous les autres personnages sont attachants. On retrouve véritablement cette trace d’humanité en eux, qui nous permet de parfaitement les visualiser. Chacun réagit différemment aux situations, ils viennent tous d’un autre milieu, d’un autre mode de vie et pourtant ils se soutiennent les uns les autres. Personnes n’est parfait, mais dans leurs imperfections ils sont tous touchant. Que ce soit les stagiaires ou les responsables.

Une nouvelle fois, Samantha Bailly aura su me toucher, avec ses personnages qui me ressemblent, en qui je me reconnais, en qui je reconnais des personnes que j’ai connues que je connais encore aujourd’hui. Le coup de cœur réside dans le tout car la plume est talentueuse et poétique. Les personnages sont attachants et authentiques. Et le cadre est comparable à ce que l’on vit peut être tous dans nos vies professionnelles. 

"J'ai juste envie de danser. De me sentir entourée, mais d'être seule à l'intérieur." 

p. 306

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