Dans les années 1870, persuadé que
seule la nature peut donner un sens à sa vie, le jeune Will décide de quitter
le confort de Harvard pour tenter la grande aventure dans l'Ouest sauvage.
Parvenu à Butcher's Crossing, une bourgade du Kansas, il se lie d'amitié avec
un chasseur qui lui confie son secret : il est le seul à savoir où se trouve
l'un des derniers troupeaux de bisons, caché dans une vallée inexplorée des
montagnes du Colorado. Will accepte de participer à l'expédition, convaincu de
toucher au but de sa quête. Le lent voyage, semé d'embûches, est éprouvant mais
la vallée ressemble effectivement à un paradis. Jusqu'à ce que les deux hommes
se retrouvent piégés par l'hiver...
Mon avis
Avertissement :
Les scènes de chasse et d’écorchages sont détaillées.
Vous
vous souvenez de ces histoires de couvertures, trop attirantes, qui font que je
ne lis pratiquement pas le résumé du bouquin ? Il en fait partie. Et ce
fut une bonne surprise.
John
Williams plante son décor dans le Colorado en 1870. Le jeune Will Andrews
cherche à vivre une expérience unique, celle de l’homme dans la nature, au cœur
de la chasse et de la vente de peaux de bisons.
Le
style est très contemplatif, l’auteur décrit avec précision les paysages qui se
succèdent devant les yeux de Will. Puis la plume devient soudainement rythmée
et vive, et les actions s’enchaînent. C’est donc un style assez inégal, qui
colle pourtant parfaitement au récit.
Will
sera notre personnage miroir. Celui qui ne connaît rien à la vie de chasseur,
et qui découvre un nouveau monde. Il incarne le personnage naïf, tendre et
sage. Celui qui suit les ordres et qui n’ira jamais à l’encontre de ce qu’on
lui dit. Il sait que ce n’est pas son terrain, il va donc suivre le mouvement.
Cette expérience va le changer. Il reste cependant un personnage assez plat, il
ne fait pas de vague, ce qui le rend parfois un peu terne. Mine de rien, il
reste le personnage auquel je me serai le plus attachée.
Hodge
est également un suiveur. Il fait confiance au chef de troupe : Miller.
Son but est de revenir vivant de cette expédition, qui l’effraie et fait
remonter de vilains souvenirs. Mais lui aussi reste assez passif. Celui qui va
vraiment oser tenir tête aux autres est Fred, l’écorcheur. Il veut simplement
effectuer son travail, sur la période demandée et prendre sa part. Quand le
voyage commence à changer de mouvement, il fait entendre son mécontentement. Je
l’ai beaucoup aimé, car il sait ce qu’il fait, et ose affronter Miller. Il
connaît très bien le terrain, et sait que les fantasmes de Miller peuvent les
mener à leur perte.
Miller
est le personnage le plus élaboré. Depuis 10 ans, il rêve d’une chasse au bison
dans les grandes et vastes plaines du Colorado. Des bisons par milliers, comme
on n’en a jamais vu. Il n’a aucune preuve que ces troupeaux soient toujours là,
mais il le sent, et il a enfin l’opportunité de réaliser son rêve. Tant pis
pour le reste, ou les autres. L’auteur l’utilise pour donner corps à
l’ambition, celle qui peut nous coûter beaucoup et nous mettre en danger.
Miller n’a aucune conscience, et suit simplement son instinct, jusqu’à a limite
du raisonnable.
Ce
n’est pas un roman qui offre une grande aventure de chasseur. Il est plutôt là
pour illustrer les différentes étapes d’un esprit rongé par un rêve, une
chimère. L’auteur pousse ses personnages dans certains de leurs retranchements.
Il n’y a que très peu de violence physique entre les quatre hommes, c’est amené
de façon beaucoup plus subtile que simplement quelques coups de poing. La folie
les guette tous, et elle est finalement bien plus dangereuse que des coups.
J’ai
été surprise par cette lecture. Elle m’a montré quelque chose que je ne
m’attendais pas à voir.
Auteur : John Edward Williams
Éditeur : 10X18
Collection : Littérature étrangère
Parution : 1er mars 2018
Pages : 336
je me laisserais bien tenter... pour le côté sauvage ! mais ton avertissement me refroidit un brin...
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