Craquage total pour cette
couverture sur un stand des Imaginales. Puis dans les allées du salon, je
croise Camille, une lectrice tatouée, et on commence à papoter de cette passion
commune, de dessins animés, etc. En rentrant chez moi, je parle rapidement des
petits achats effectués, et voilà que Camille m’écrit pour me dire qu’elle a
aussi acheté le roman d’Ielenna. Lecture commune ? En octobre ? Moment idéal et
merveilleux partage !
Diphtil est une Neltiade, un
peuple détesté des humains. Alors qu’elle n’est qu’une enfant, sa ville est
détruite et elle doit fuir. Dans sa course, elle perd son frère Naid. Arrivée
dans une ville humaine voisine, elle demande asile. Le prêtre et les sœurs la reconnaissent
comme étant la cinquième Déesse, celle que promet la prophétie. Ravis d’être
tombés sur elle, ils vont la protéger et la garder dans le monastère durant des
années. Mais aucun oiseau ne peut rester en cage éternellement, même le plus
docile…
Ielenna possède un sacré
univers ! C’est vraiment ce que je retiens. Pourtant, je ne partais pas
confiante, car dès les premières pages, je butais énormément sur le style. Ce
dernier est assez lourd, et l’autrice utilise régulièrement des mots oubliés.
Ce qui fait que mon élan était brisé plusieurs fois par page, m’achoppant à ces
mots, dont je devais déduire le sens (je n’avais clairement pas envie de
consulter le dico à chaque reprise.) Il m’aura fallu beaucoup de temps pour trouver
mon rythme, et ne pas perdre espoir. Quand on ne reprend pas sa lecture avec
plaisir, c’est quand même dommage. Mais Camille me motivait, elle m’assurait
des passages bien meilleurs, et donc, requinqués, je reprenais ma lecture.
Je ne sais pas si au bout
d’un moment je me suis faite au style, ou si simplement il s’allège au fil des
pages, mais passé la moitié, j’étais totalement embarquée !
Si l’autrice part sur un
schéma de fantasy basique (la quête épique), elle instaure ses propres codes.
Avec des peuples souvent absents des récits de fantasy. Pas de nains ou
d’elfes, mais des ondines et des neltiades. Inventer un peuple est à double
tranchant, soit il est bien travaillé, comme ici, et ça passe, soit c’est
brouillon et peu abouti et on ne s’y attache pas. Plutôt que de partir sur des
mages ou des sorciers, ce sont les Dieux qui sont à l’honneur, ainsi que leurs
héritiers. La magie a plusieurs facettes, et on n’a fait qu’entrevoir sa
puissance dans cette première partie.
L’intrigue est peut-être
basique, mais les retournements de situation le sont beaucoup moins. On a des
actions qui surprennent et qui ne laissent pas le lecteur indifférent. Trop
souvent, les personnages importants sont protégés par les auteurs, les rendant
presque invincibles. Ielenna n’est pas de cette trempe, elle s'apparente plus à
un Gabriel Katz (l’humour en moins) dans le traitement qu’elle leur réserve. Ce
qui fait qu’on est surpris, on tremble, et on retient sa respiration durant
certains passages.
Diphtil est un personnage
très passif au début de son histoire. Grandir enfermée dans un monastère la
rendue très candide et naïve. Quand sa quête commence, elle parle avec un
langage distingué, et a des manières fragiles. La vie sur les routes va la forger.
La compagnie de Naid va fortement la chambouler, le frère et la sœur ayant
grandi dans des univers radicalement différents. Si bien sûr j’ai eu envie de
secouer Diphtil plus d’une fois, elle m’a beaucoup impressionnée dans son
évolution. C’est un personnage qui grandit et change. Peut-être pas toujours
pour le mieux, mais j’aime cette dualité qui se propage en elle.
Naid m’intrigue. Quelques
révélations sont faites sur lui, mais j’en attends encore plus le concernant.
C’est l’un des personnages qui m’a plu tout du long. Avec Yasalyn, la
chasseresse. Son identité est très mystérieuse, et l’autrice tient le secret
jusqu’au bout. Et quel secret ! J’ai été tellement surprise et dans le bon
sens, que j’en voulais encore.
La fin est un peu précipitée
peut-être. L’autrice prend son temps durant les trois-quarts du roman, pour
accélérer le rythme dans les derniers chapitres, les plus intéressants et les
plus révélateurs. Mais c’est un détail. Et on sait qu’on aura envie de prendre
la partie 2 pour retrouver cet univers, ces personnages et cette quête.
J’avais peur, avant de
commencer. Peur d’un univers bâclé, pas assez bien décrit et mal amené. J’ai
été surprise et carrément emballée par cette histoire. Ielenna promet une aventure
épique ! Et elle est au rendez-vous !
Autrice : Ielenna
Pages : 464