Il n'y a pas de raison particulière et dramatique à ça. C'est un
ressentie que j'ai de temps en temps. Bien sûr plusieurs facteurs doivent se rencontrer
pour que cette couleur bleuté, légèrement grise, vienne pleuvoir en moi. Des menstruations
plus présentes que celles des autres mois. La maladie d'un proche. Les
souvenirs d'amitiés brisées, quand on en voit d'autres se créer.
La mélancolie a toujours fait partie de moi. C'est un sentiment que
j'ai apprivoisé avec le temps, et que j'aime beaucoup. Elle me donne de
l'inspiration, et m'incite à m'écouter vraiment. Des fois elle est très forte,
comme ces jours, mais je sais qu'elle va se faire de plus en plus petite, pour
rester longtemps endormie au fond de mon ventre. J'ai grandi avec, et ça me va.
Chaque émotion fait partie de nous, vouloir les effacer demande souvent trop
d'énergie, alors qu'apprendre à les écouter et les apprivoiser sera bien plus
bénéfique par la suite.
Dans ce genre de moment, j'en profite, j'avance des projets qui vont
avec cette émotion. Je noirci plus de pages dans mon journal intime, je déverse
tout, même les petites choses qui me semble sans importance. Avec les années je
me suis rendu compte que j'aimais lire ces détails. Quand j'essaye de décrire
le plus justement possible comment je me sens, comment je vois ce qui
m'entoure. Ça donne des pages très étranges, mais terriblement libératrices.
Comme je suis en pleine période de mes lunes, je fais mes activités habituelles
beaucoup plus doucement, en pleine conscience pour m'imprégner de ces moments
de douceur. De quoi terminer sa journée calmement.
Je n'hésite pas à faire traîner ma lecture du Cri de Nicolas Beuglet.
Le suspens est bien là, l'histoire prenante aussi, mais mon état d'esprit est à
des km de ce genre de bouquin. Alors je pioche des lectures plus en adéquation
avec cette phase. Lune rouge de Miranda Gray par exemple. En fait il y a
quelques années je mettais un point d'honneur à ne pas lire plusieurs livres à
la fois. Ça me rappelait trop mes lectures obligatoires que je couplais avec
mes lectures plaisir. Alors que maintenant je peux avoir que des lectures
plaisir. J'y suis finalement revenu, parce que le traumatisme des lectures
obligatoires est loin derrière moi, et que lire de la fiction en même temps que
de la non-fiction m'évite de m'embrouiller l'esprit et de mélanger les
histoires. J'ai toujours un livre « table de chevet » qui sera
souvent un livre de non-fiction sur des sujets qui m'intéressent et que je peux
sans autre reposer plusieurs soirs d'affiler sans me sentir perdue. Mais j'ai
aussi besoin de lire ces ouvrages chez moi, car j'aime marquer des passages et
les souligner. J'aime réagir tout de suite, et en parler avec mon conjoint qui
potasse des livres de jeux de rôle juste à côté.
Depuis une année, découvrir ces ouvrages plus intimes, me fait voir
mon corps et mes cycles d'une façon différente. Des fois j'enrage dans mon
coin, car j'apprends des choses, basiques, que chacun et chacune devrait
savoir, et qu'on ne dit jamais, ou trop rarement. Je peste contre l'éducation
sexuelle nulle à l'école obligatoire, me souvenant de ces 50 et uniques
minutes en dernière année. 50 minutes, sur 10 ans d'école. Alors que 10 ans
plus tard, grâce à 2-3 lectures accessibles sur le sujet, j'en sais bien plus.
Les joies d'en bas de Nina Brochmann et Ellen Stokken Dahl, par exemple, est à
la fois très instructif, tout en ajoutant des petites touches humoristiques
de-ci delà. Les autrices y parlent d'orgasmes, les attentes et les craintes,
qui y sont liées, des premières fois, de contraception, etc.
Je reviens aussi très souvent à La puissance du féminin de Camille
Sfez, je vous en parlais en vidéo il y a peu de temps. Si un aspect spirituel
de votre intimité et de votre féminité vous intéresse, ce livre est idéal. En
pleine lecture de Lune Rouge, j'axe mon apprentissage sur les cycles féminins.
J'aime cette façon très mystique qu'a Miranda Grey de nous parler de ces
différents instants de nos mois. On comprend, on apprend et on écoute.
La tristesse passe, et laissera place à la joie. Comme à chaque fois.
On tombe un peu, on s’égratigne, mais on pense nos petites blessures, et on se
relève. Comme à chaque fois.