dimanche 24 février 2019

Se voir dans les yeux des autres

C'était le temps des vacances la semaine dernière. Et même si on ne fait rien de spécial, avoir juste des journées sans planning et sans horaires, c'est comme un petit coin de paradis. C'est le moment de terminer une lecture qui devient de plus en plus prenante au fil des pages (La scène des souvenirs de Kate Morton). C'est aussi l'occasion de commencer plusieurs lectures en même temps, parce que c'est ainsi qu'elles nous viennent (Ces instants-là de Herbjorg Wassmo et Pourquoi pas ? De David Nicholls). 

C'était aussi ce genre de semaine, où je ne fais pas spécialement d'effort. J'ai eu ma période make-up quand il y a eu le gros boom des youtubeuse beauté. Je voyais ces tutos de dingues, et je voulais des dégradés sur mes paupières. Avec le temps, et la prise de conscience écologique aussi, je termine mes produits sans les racheter. J'ai appris à comprendre ma peau. 
Et des semaines comme la semaine dernière, c'est le moment idéal pour faire une pause, et ne rien mettre. Pas de mascara. Pas de rouge à lèvres. Pas de fard. Pas d'anticernes. Même pas de poudre. Vous pouvez me dire que de votre côté c'est quelque chose qui ne vous prend plus la tête depuis longtemps, voire même que vous n'avez jamais été une adepte du maquillage. De mon côté, je n'ai aucune gêne à avouer que ça ne fait pas si longtemps que ça que j'ai arrêté de me lisser les cheveux tous les matins, parce que les ondulations naturelles n'allaient jamais dans mon sens. Ça ne fait pas si longtemps que j'ose sortir sans aucune trace de maquillage sur le visage. Des jours je n'en ai pas envie, ni besoin, car le visage dans le miroir me va ainsi. D'autres matins, c'est l'hécatombe, et je ne rêve que d'une chose, une grosse gomme pour tout effacer et recommencer. Et d'autres encore, j'ai juste envie. Envie de vert et de doré sur mes yeux. Envie de lèvres foncées et pétantes. Envie d'un trait de liner. Etc. 

Le samedi de cette fameuse semaine, je me suis rendue à l'anniversaire d'un membre de ma famille. En mode pratique, bonne chaussure (courir après une enfant de 2 ans toute une soirée est un sport olympique), et pull confort. Une fois sur place je salue beaucoup de gens de mon âge, qui me sont totalement inconnus. Des jeunes femmes d'une trentaine d'années à peine, parfois jeune maman, comme moi. Alors qu'à mes yeux elles ressemblent à des dames (celles dont tu as souvenir quand tu étais enfant, qui avaient un peu plus de la vingtaine et te semblaient si graaaandes), je me reflète dans les leurs comme une ado. C'est le genre d'instant, assez banal finalement, qui me remet totalement en question, où je me dis que je ne fais pas assez « mon âge ». Un de mes traits de caractère est celui du caméléon. Il peut être très pratique et très embêtant. Adolescente déjà j'aimais me calquer énormément sur les autres. Pratique, car je m'adaptais aux personnalités des autres rapidement. Moins cool, il m'a été très difficile pour moi de me trouver, ayant toujours cette sensation de « copier » les autres. Ça faisait longtemps que je n'avais pas eu ce ressenti, et ce sont parfois les situations les plus anodines qui font remonter de drôles de souvenirs. Une personne populaire à l'école, alors qu'on était invisible. Des groupes d'amis, alors qu'on est seule. 

(margaudliseuse sur Instagram)

En rentrant j'ai repensé à tout ça. Je me suis regardée dans le miroir, j'ai essayé de m'imaginer dans les yeux de ma fille, dans les yeux de l'homme que j'aime, dans ceux des gens autour de moi que j'apprécie, et finalement j'ai relativisé. Un style n'est qu'un style. On se rattache beaucoup à nos vêtements. On aime ou non accorder les pièces, et des fois moins on fait d'effort plus l’image en retour est meilleur. Car on l'aura fait sans se préoccuper du regard des autres sur nous. On aura donc encore plus d'assurance. Des fois c'est l'inverse. Mais l'effort mit dans une tenue va forcément nous faire regarder ce que les autres peuvent bien voir de nous. Un vêtement, un maquillage ou une coiffure peuvent agir comme une carapace, un mode de protection, ou comme une parure, un mode de séduction. Le lendemain de cette soirée, j'ai repris confiance, j'ai mis les mêmes vêtements et plutôt que de me voir comme une éternelle ado mal dans sa peau, je me suis trouvée bien, à l'aise et confiante. 

Difficile de toujours se sentir soit. Le personnage de Dorothy dans La scène des souvenirs de Kate Morton, justement, est un peu comme ça. Elle veut absolument être amie avec Vivien, qui représente tout ce qu'elle admire. Vivien est une femme belle, riche, au grand coeur et mariée à un auteur célèbre. Dorothy est une jeune femme orpheline à cause de la guerre, qui masse les pieds d'une vieille aristocrate chaque jour. Elle aime rêver à une vie différente, et compte bien s'enfuir avec Jimmy, l'amour de sa vie. Des années plus tard elle a fondé une famille, et vit heureuse, à la campagne. Le jour des 2 ans de son fils, elle va pourtant commettre l'impensable, sous les yeux de sa fille aînée Laurel. Cette dernière fera comme si cette scène n'avait jamais existé, jusqu'au jour de ses 70 ans, où sa mère mourante, laisse glisser une photo d'elle et une autre femme, d'un livre. C'est le début d'une véritable chasse au trésor, la chasse du passé de sa mère. Qui était Dorothy avant de marier leur père ? Et surtout qui était vraiment Vivien Jenkins ?

Il me restait plus que celui-ci avant La prisonnière du temps, qui sort le 4 avril. C'était mon dernier Kate Morton, et j'avais même quelques préjugés. J'ai avancé doucement, arpentant les salles de bibliothèque avec Laurel, et évitant les bombes avec Dorothy. Au départ je ne m'attachais à personne, et surtout pas aux personnages principaux. Dorothy me donnait la sensation d'une femme avare et vénale, prête à tout pour gagner assez d'argent et partir de Londres, tout même le pire. J'étais tellement préoccupée par ce personnage distant, que je n'ai pas vu venir la révélation finale. Elle m'a sauté à la figure, sans que je ne comprenne rien, et m'a laissé sur le… tu vois quoi. C'était pas super original, mais c'était surtout bien amené. L'autrice te fait penser à tout autre chose pendant 400 pages, et quand les 76 dernières arrivent, tu t'arrêtes de respirer. Je ne fais que vous recommander cette autrice si vous aimez les secrets de famille, La scène des souvenirs, fait partie de ses meilleurs pour moi. 

Et comme ça tombe bien, ces personnages vont plutôt bien avec le thème abordé plus haut. La vie est bien faite non ? Je vous aime, aimez-vous.

14 commentaires:

  1. Je me retrouve beaucoup dans ce que tu décris. Je n'ai pas eu une adolescence "facile" surtout en matière de regard des autres, du coup même 10 ans plus tard un petit détail peut vite me ramener à mes incertitudes et mes angoisses. Je l'ai aussi pas mal ressenti à travers mes différents jobs, où mon apparence plutôt jeune et mon style très décontracté/confortable ne m'aident pas à m'imposer et trouver ma place tout de suite. Alors j'essaye de trouver mon juste milieu, porter des tenues dans lesquelles je me sens bien mais qui m'aideront aussi à ne pas me remettre en question face aux autres à la moindre occasion. Et je crois que c'est tout ce qu'on peut faire : essayer, jusqu'à trouver ce qui nous convient et nous fait nous sentir le mieux possible, seul ou entouré :)

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    1. C'est ça, et c'est vraiment top quand on arrive gentiment. Les rechutes peuvent revenir bien sûr, mais on a la certitude que le lendemain, les doutes seront moins nombreux.

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  2. J'ai tout lu de cette auteure et suis heureuse de savoir qu'elle sort un prochain roman en avril prochain.

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  3. Un article qui fait plaisir à lire ! J'aime de plus en plus avoir l'air d'une ado au milieu des autres adultes. Plus ça va, et plus je me dis que c'est un luxe d'avoir juste l'air de toi dans un monde de diktats. Etre tout bien cosy dans un bon gros pull te rajeunît peut-être, mais en attendant t'es à l'aise et c'est ce qui compte :)
    Et petite parenthèse: tu parlais il y a quelques semaines du magazine Flow. J'en ai acheté un pour voir je dois reconnaître que c'est vraiment un bonheur que de se coller dans la canapé une petite demi heure avec mon numéro ! Mon chéri m'a acheté celui qui vient de sortir, alors j'ai lu un peu le sommaire et j'ai déjà hâte de m'y mettre. Je pense avoir enfin trouvé un magazine tranquille et qui me parle. Youpi et merci Margaud ! (pour l'article et la recommandation de Flow ;) )

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  4. Je crois que plus ça va, plus je suis touchée par tes articles et ta façon de t'exprimer. Je me suis beaucoup retrouvée dans tes mots, moi qui ait tendance à toujours vouloir me fondre parmi les autres, à faire comme tout le monde pour être certaine que l'on m'apprécie. Mon cher et tendre est tout le contraire de moi sur ce point, il se fiche complètement de ce que l'on peut penser de lui. Il vit sa vie comme il le souhaite et avec les gens qu'il aime sans se soucier des autres. Il est un vrai modèle de vie pour moi mais j'ai encore beaucoup de travail à faire sur moi-même.

    Merci beaucoup pour ce bel article de vie et cette critique littéraire bien sûr :)

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    1. Merci pour ton commentaire. Je vis aussi avec quelqu'un qui se moque pas mal du regard des autres, ça aide à forger son propre regard sur soi-même ^^

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  5. C'est un article et un sujet très intéressant à lire !

    J'avoue que je n'ai pas de style vestimentaire particulier, je met un peu ce qui me plaît sur le moment et qui reste pratique/confortable - que ce soit pour la maison ou pour le travail -. Je ne cherche pas à être parfaite ou à suivre une quelconque mode, ni même une cohérence avec les couleurs, et j'ai mis du temps à ne plus penser aux autres, leur regard, leurs avis ; le principal est que ça me plaise, que je m'apprécie.

    Pareil pour le maquillage : j'en met très peu et c'est selon mon humeur. Parfois j'ai envie d'un bon rouge à lèvre foncé, parfois un peu de couleurs sur les paupières, et quand j'ai la flemme le matin je ne met rien du tout, ce n'est pas si grave. Et ça repose la peau comme tu l'as précisé, ce qui n'est pas plus mal.

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  6. Je ne pense pas avoir de style vestimentaire particulier. Je mets et j'achète ce qui me plaît et qui, à mes yeux, est pratique et confortable. Et je pense que cela a toujours été plus ou moins le cas pour ma part. Ma famille n'avait pas beaucoup d'argent donc on mettait que des vêtements d'occasion (récupération de la part des cousines plus âgées, récupération du Resto du Coeur, ...). Ceci en est peut-être l'explication.
    Quant au maquillage, comme toute jeune fille, je pense, j'ai eu ma période où je me maquillais trop. A mes yeux, étant donné que j'étais une fille, je "devais" me maquiller. Je sais, c'est un peu triste. hhh Mais tel était mon cas. Mais cela fait des années maintenant que je sors tous les jours de chez moi avec seulement un coup d'eau et de savon passé sur le visage. Je ne porte plus du tout de maquillage. Est-ce que cela va durer ? Je ne sais pas. En tout cas, en ce moment, et depuis quelques mois maintenant, le maquillage n'est vraiment plus mon truc.

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  7. Coucou Margaud,

    C'est ce livre qui m'a emmené à Kate Morton. La couverture avec cette femme dont on ne voit pas le visage, le résumé qui donne envie de lire les premières pages...

    J'ai beaucoup aimé ton article car je m'y suis beaucoup reconnue. Cela fait quelques semaines que je ne me maquille plus du tout, sauf pour une occasion ou parce que j'en ai envie. Hier soir, alors qu'exceptionnellement j'avais mis du mascara et un trait de liner, je suis allée me coucher et c'est mon mari qui m'a fait remarquer que je ne m'étais pas démaquillée. J'avais complètement oublié, on perd vite les habitudes... Et franchement, j'ai ronchonné... En fait, quelle liberté de laisser son visage respirer !

    Bravo pour tes nouveaux articles, tu me donnes envie de reprendre mon blog. Cette façon de ne pas proposer des avis lecture conventionnels est beaucoup plus fluide et attractive. Je prends plaisir à te lire !

    Bon week-end, Eloo

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    1. Coucou Eloo, et merci beaucoup. C'est aussi très motivant d'écrire comme ça en fait ^^ c'était trop scolaire et carré avant je pense. Enfin, c'est un genre d'article qui a fait son temps je dirais.
      Haha, ces jours j'étais malade, donc 0 make up bien sûr. Et j'ai prit goût à ne pas calculer la façon dont je vais me coucher XD c'était pas mal du tout.

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  8. J'aime beaucoup ton blog. Un plaisir de venir flâner sur tes pages. Une belle découverte et un blog très intéressant. Je reviendrai m'y poser. N'hésite pas à visiter mon univers. A bientôt.

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    1. Merci beaucoup Shana, c'est très gentil d'être passé et d'avoir laissé un petit mot.

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  9. Le regard des autres... Ne pourrait on pas en parler indéfiniment. Là, j'ai 32 ans et je viens de commencer un métier où l'apparence est importante. Mais comme toi, je suis sortie de cette phase où il faut absolument être maquillée pour se sentir bien. Alors, j'essaie de me faire confiance. Je mets les vêtements dans lequel je me sens bien (je vis aussi dans un pays où il fait rarement moins de 20 degrés) et je fais des choses pour vraiment prendre soin de moi(et pas pour correspondre aux diktats de la société). Par exemple, je ne m'épile pas les jambes. Par contre, je tente de faire du sport tous les jours... Je ne me maquille pas toujours mais je vais au théâtre et je me prépare mon thé froid pour chaque matin. Du coup, il m'arrive parfois de me sentir décalée, ne pas être à ma place. Mais souvent ça va. Et c'est ça qui compte après tout

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    1. Oui ! Et bravo à toi. En plus avoir un nouveau boulot met déjà pas mal la pression, si en plus on doit encore penser à tout, et surtout aux regards des autres... on survit moyen à la première semaine ^^

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