Noël 1932, près du Iac Saint-Jean, au coeur de la forêt québécoise. Hermine,
dont on a fait la connaissance dans L'Orpheline des neiges, coule
des jours heureux avec Toshan, son mari métis, et Mukki, leur enfant, un bébé
de deux mois. Élevée comme une orpheline par des religieuses, celle que les
habitants de Val-Jalbert surnomment le «rossignol des neiges», en raison de sa
voix exceptionnelle, a renoncé à sa passion pour le chant. Elle s'est résolue à
devenir une épouse et une mère de famille fidèle aux traditions québécoises.
Mais peut-on empêcher un rossignol de chanter ? En cédant à l'appel de sa
vocation, Hermine va réveiller les fantômes du passé...
Une magnifique saga,
tumultueuse et romantique, autour d'une jeune femme déchirée entre la promesse
d'une brillante carrière et ses attachements familiaux.
Mon avis
Quel plaisir d’avoir enfin lu
la suite de Val-Jalbert. Retrouver
Hermine, Toshan et les autres. J’avais très peur de ne plus avoir beaucoup de
souvenirs du premier tome, et finalement tout est très rapidement revenu. Les
personnages, mais aussi leurs évolutions. Marie-Bernadette Dupuy a su parsemer
le début de cette suite avec suffisamment de rappels sur les événements du
premier, pour ne pas perdre son lecteur.
Elle a osé utiliser plus de
vocabulaire du Québec, ce qui malheureusement n’allait pas toujours avec le
rythme du récit. Quand un auteur québécois utilise ses expressions pour écrire,
ça passe tout seul, quand un auteur français utilise des expressions qu’il ne
maîtrise pas, ça se ressent. Sans que cela soit gênant, ça cassait parfois la
dynamique du roman.
Hermine est maintenant jeune
maman, et a laissé ses rêves de scènes et de chant derrière elle. Enfin
presque. Sa mère, Laura, désespère de voir sa fille gaspiller son talent, en
chantonnant à la maison. Toshan, le mari d’Hermine, est lui bien content que sa
femme ne parcoure pas le monde pour chanter. Une femme se doit d’être à la
maison, pour son mari et ses enfants. Ce sujet va entraîner plusieurs disputes
et mensonges dans le foyer d’Hermine. Elle est à la fois touchante et agaçante.
Qui ne serait pas assailli de doutes à sa place ? Comment faire pour concilier
ses deux vies ? Être mère et chanteuse, est-ce possible ? Elle hésite souvent
et longtemps, ce qui la rend réaliste à mon sens, mais également un peu
énervante. Je la sentais aussi tiraillée par son époque. Dans les années 30,
on pense aux suffragettes, et à l’indépendance que défendent de plus en plus
les femmes. Hermine est encore très hermétique à tout ça, et pense avec le cœur.
Mais elle comprend vite qu’elle ne peut pas être au four et au moulin. Ni faire
plaisir à tout le monde. Entre les rêves de sa mère et ceux de son mari, où
sont les siens ?
Laura m’aura beaucoup plus agacée
que sa fille. Heureusement, elle finit par se rappeler que tous les reproches
qu’elle lui fait sont égoïstes. Hermine aura été orpheline durant de nombreuses
années, alors que ses parents l’avaient abandonné sur les marches du
couvent-école de Val-Jalbert. Pour son bien, au départ, mais ça reste un
abandon. Laura l’oublie assez régulièrement, et veut combler cette absence
beaucoup trop rapidement, en ne pensant pas à Hermine, mais au talent que sa
fille gâche. C’est un personnage en dents de scie pour moi. Qui agit trop vite,
et ne pense pas assez à la portée de ses paroles.
Tout comme Toshan, qui nous
avait vendu l’image du mari idéal. Et pourtant, maintenant qu’il est père,
l’homme change radicalement. Hermine est sa femme, elle doit donc rester à la
maison, et le suivre, qu’importe où il décide de vivre. Ses réactions énervent
bien sûr ! On a envie de lui dire que des choix de vie se font à deux. Mais son
époque rappelle encore une fois que les hommes choisissaient (et choisissent
encore parfois, souvent) pour toute la famille, sans consulter les membres
qu’elle contient, avant.
Rajoutez à ça des personnages
hauts en couleur, qui refont surface ou disparaissent. Des secrets de famille
bien enfouis, pas trop d’accord de rester sous silence. Des moments de partages
et d’amour uniques et beaux.
C’était encore une fois un
plaisir de se perdre dans ces gros pavés. On s’y sent bien, prêt à vivre des
aventures, des moments de la vie de tous les jours et d’oublier son quotidien
en plongeant dans celui de cette famille plutôt originale.
Ce que j’aime avant tout dans
cette série, ce sont les paysages et les endroits. La neige est très présente,
et apporte cette touche de rêve. L’histoire avance, et l’avancée de la
technologie aussi. On voit arriver le téléphone et les voitures. Pourtant,
Val-Jalbert semble encore très protégé de tout ça et avance doucement dans ce
XXe siècle.
Le troisième tome m’attend.
Et je ne compte pas le faire trop tarder.
Autrice : Marie-Bernadette Dupuy
Éditeur : Le livre de poche
Collection : -
Parution : 10 septembre 2014
Pages : 853