Rien ne va plus chez les Cartwright. Alors qu'Emily s'apprête à donner
naissance à son huitième enfant, Megan, fille unique de la fratrie et mère de
substitution de chacun, décide de voler de ses propres ailes. À 21 ans, l'heure
est venue pour la jeune fille de se libérer des siens. Adieu le Grand Nord
canadien, bonjour le swinging London ! Mais pendant que Megan
se cherche dans la Vieille Europe, les Cartwright, eux, tentent des survivre.
Qui pour s'occuper du foyer, désormais ? Pour remplir le frigo ? Pour protéger
Adam, 4 ans, et ses frères de la folie douce d'Emily ?
Des hivers immaculés du Canada au Londres frémissant des sixties,
la destinée de trois membres d'une famille malmenée par les drames. Après Le
Choix des Morrison, Mary Lawson signe un roman tout en finesse, plein de
tendresse, de colère et d'amour.
Mon avis
Prévu pour mon Cold Winter
Challenge, j’ai finalement attendu que Lilybullerose soit prête à le lire avec
moi, en lecture commune.
Une fois n’est pas coutume,
j’ai choisi ce titre pour une question de look. Certes, ce n’est pas la
meilleure des raisons. Et en plus, ça m’a déjà valu de bien mauvaises
surprises. Mais celui-ci, j’y croyais. Tout était là. Couverture. Titre.
Résumé. Bref, je m’y voyais déjà. Et ? BINGO ! Excellente lecture.
Nous allons suivre une famille
nombreuse, soit deux parents et huit enfants. Trois points de vue vont nous
être offerts, celui de Megan, la seule fille, Tom l’aîné et Edward le père.
Chacun va se succéder pour nous raconter son quotidien sur deux ans. Le rythme
prend son temps pour se poser. Il faut bien quelques chapitres pour vraiment
s’ancrer dans l’histoire, et s’attacher aux personnages. Une fois que c’est
fait, ça a été un pur régal. J’ai trouvé le schéma intéressant et l’idée des
narrations différentes permet de naviguer entre les années et les personnages
facilement.
Megan, 21 ans, décide de
quitter la maison. Enfin. Elle décide de partir du nord du Canada pour l’Angleterre.
Oui, quand même. Sans grande surprise, c’est le personnage que j’ai le plus
apprécié. Déjà pour une facilité d’identification, bien qu’elle soit loin de la
fille unique, mais surtout pour son combat et ses idées. Elle veut changer de
vie, et va avoir le courage de le faire. Depuis qu’elle sait aider, Megan a été
le double de sa mère. Avant ou après l’école, c’est elle qui gérait la maison.
Alors quand elle annonce son départ, peu de membres de la famille la prennent
au sérieux. Et surtout Emily, sa mère. Quand Megan prend enfin ses valises,
c’est pour arriver à Londres. Et rien ne va se passer comme prévu. Mais grâce à
son indépendance, c’est une nouvelle vie qui s’offre à elle. On découvre une
Megan changée, à l’aise dans son travail et sa vie. Jusqu’au bout, ce
personnage ne peut que nous toucher et nous faire vibrer. Que ce soit par ses
choix ou son sens des priorités.
Tom est un jeune homme
complexe. Une grande carrière l’attendait, et pourtant, quelque chose va venir
tout bousculer. Il se retrouve à la maison, dans une vie de famille qui
commence à prendre l’eau. En effet, à travers son regard, nous allons découvrir
la maladie qui va commencer à ronger sa mère. Emily n’est heureuse que quand
elle enfante. Après huit enfants (dont un mort-né), le médecin déconseille
d’agrandir encore la famille. Mais quand Tom revient, son petit frère Dominic
est là, nourrisson de quelques jours. À partir de ce moment, rien ne compte
plus pour Emily que ce petit être dont elle doit prendre soin. Adam, alors âgé
d’à peine quatre ans, doit du jour au lendemain se débrouiller seul. Bon gré
mal gré, Tom va prendre son jeune frère sous son aile, alors qu’il recherche
plutôt la paix et la solitude. Son caractère d’ours mal léché va pourtant lui
attirer une nouvelle amitié, et lui qui rêvait de rester seul, va découvrir
qu’on peut s’attacher à nouveau.
Edward est un personnage
ruminant. J’étais au départ très hermétique face à lui. Il ne cherche que son
petit confort après le travail, et ne voit pas que sa maison n’a plus aucun
sens. Edward est un personnage hanté. Les souvenirs de son père, violent, et de
sa mère, courageuse, mais passive, ne cessent de lui revenir. Il craint de
devenir le même individu que son père, et préfère s’isoler et ne pas intervenir
dans l’éducation de ses enfants. Pourtant, ce n’est pas son passé qui va lui
revenir en pleine figure, mais bien le présent. C’est un personnage qui
n’avance pas, et qui ressasse toujours les mêmes douleurs et regrets. Ce sont
ces souffrances qui m’auront permis de percer sa carapace, et enfin apprendre à
l’apprécier.
Ce roman met en lumière
plusieurs choses ; l’émancipation, avec Megan. Bien qu’elle souhaite partir, elle
ne cesse de penser à sa famille, et culpabilise régulièrement de les avoir laissés
seuls. Seuls. À dix. Dont trois adultes. On ressent tout le poids de la famille
sur ses épaules. Poids qu’elle ne veut pas lâcher en Angleterre, vu qu’elle va
s’ajouter de nouvelles charges, encore et encore. Le deuil, avec Tom. Avec son
retour au bercail, il s’enlise dans une routine muette. Ne fait aucun effort
pour s’en sortir. C’est finalement grâce à son petit frère qu’il va sortir la
tête de l’eau et commencer à repenser à vivre. Et enfin le poids du passé, avec
Edward. Comme ses enfants, il peine à se détacher. Il regrette certains choix
et plutôt que d’avancer, ne fait que regarder en arrière.
On découvre aussi que même à
vivre tous sous le même toit, on peut très bien s’éviter et ignorer les
problèmes des autres. La douce descente vers la folie d’Emily en est la preuve.
Tout le monde est d’accord pour dire que quelque chose cloche, mais personne ne
bouge.
Le roman se déroule lors de
grands hivers canadiens, où la neige n’est pas juste belle, elle handicape
toute une ville. Des gens sont retrouvés morts de froid, et chaque sortie est
une aventure. On découvre également l’hiver londonien à travers les yeux de
Megan. Un hiver presque plus rude, malgré les degrés en plus.
Autrice : Mary Lawson
Éditeur : 10X18
Collection : Littérature étrangère
Parution : 21 janvier 2016
Pages : 380
Je viens de découvrir votre blogue, et j'ai très envie d'y revenir souvent. J'aime beaucoup comment vous analysez les personnages de ce roman, Un hiver long et rude ; on s'attache déjà à eux. Vous me donnez le goût de lire ce livre. Et vous écrivez très bien. C'est un plaisir de vous lire. Merci pour ce beau billet, et à bientôt ! :-)
RépondreSupprimerComme toi, j'aime les romans avec des secrets de famille, et ta chronique donne vraiment de découvrir ce roman :) De plus, avec une couverture enneigée comme celle-ci, c'est la lecture idéale pour le CWC ou lors des longues soirées hivernales ! ^^
RépondreSupprimerBelle soirée Margaud, bisous ♥
Sue-Ricette
Celui-ci, je le note sans hésiter !! bonne semaine, Margaud!
RépondreSupprimerCoucou,
RépondreSupprimerJe ne connaissais ni l'auteure ni le livre mais, l'histoire traitant de secrets de familles, cette histoire ne peut être que prometteuse!
Bisous
L'écureuil
Une belle découverte touchante et humaine!
RépondreSupprimerJ ai vraiment aimé découvrir ses personnages qui au premier abord sont si"ordinaires" et pourtant cachent un passé douloureux dont ils n arrivent pas à se détacher.
On voudrait parfois détester leurs faiblesses de caractere mais au fond je n' ai ressenti que de la compassion face à ses épreuves de la vie ( décès, sacrifice, orgueil, maladie..).
L autrice apporte toutefois avec justesse des éléments plus positifs qui offre une idée " d espoir" à ces personnages.
Je ne connaissais pas cette autrice mais je pense lire davantage de ses œuvres.