vendredi 27 juillet 2018

Un manoir en Cornouailles


Cornouailles, 1968. Pencraw, un grandiose manoir en ruine dans lequel les Alton élisent domicile l'été. Le temps semble s'y être arrêté et défile sans encombre. Jusqu'au drame qui vient bouleverser leurs vies et arrêter le temps à jamais.

Cinquante ans plus tard, avec son fiancé Jon, Lorna roule à la recherche du manoir des Lapins noirs, cette maison où elle a séjourné enfant. Elle rêve d'y célébrer son mariage. Tout dans cette vieille demeure l'appelle et l'attire. Mais faut-il vraiment déterrer les sombres mystères de ce manoir en Cornouailles ?

Eve Chase nous entraîne dans une passionnante spirale unissant deux femmes séparées par les années, mais que la force de l'amour et le poids des secrets réunissent en une seule voix, mélancolique et entêtante.


Mon avis

Il est des livres, comme ça, qui traînent pauvrement dans la bibliothèque à service de presse de la librairie, et qui m'appellent. Couverture, titre et résumé. Je suis partie à travers les lignes d’Eva Chase, me perdre en Cornouailles.

La famille Alton m'aura embarquée dans leurs tourments. L'autrice décrit avec beaucoup d'émotions la fin d'une bourgeoisie anglaise, qui peine à se retirer, et dont certains membres sont prêts à tout pour garder des manoirs qui tombent en ruines. Le dernier membre de la famille tente coûte que coûte de faire refleurir le nom des Lapins Noirs auprès des citadins, qui rêvent de verdure pour des mariages dignes du début du XXe siècle.

En deux temps nous rencontrons les Alton, surtout les jumeaux Amber et Toby. Puis, 30 ans plus tard, une potentielle cliente du manoir pour son mariage, Lorna.
Les sauts dans le temps ne me dérangent jamais dans une histoire, quand c'est bien mis en place. Aucun problème de style à ce niveau-là ici, mais ma préférence va aux jumeaux et moins à Lorna. Son histoire me semblait déjà écrite, finalement un peu prévisible, bien que l'autrice crée une belle confusion en milieu de roman pour semer le doute. En tant que tel, le personnage ne m'aura pas convaincue. Elle développe une obsession pour ce manoir en Cornouailles, ce qui met bien trop rapidement la puce à l'oreille. Ses réactions sont souvent démesurées, sans réelles explications.

Amber et Toby auront été mes personnages favoris. Leur complicité, mais aussi leurs différences, sont très bien traitées. Après l'accident, Amber prend du temps à accepter son nouveau statut, et quand elle s'y habitue enfin, on le lui retire. La famille tangue, et à côté d'elle Toby se désagrège. Son rôle de grand frère ne lui apporte rien, et l'attitude de son père envers lui le brise. Les jumeaux se perdent petit à petit et quand l'amour et la haine s'en mêlent, c'est encore pire.
Parmi les personnages qui gravitent autour d'eux, on retient bien sûr Lucius, l'objet de bien des soucis, qui aurait mérité un petit approfondissement, car son personnage est très intéressant. Il représente la 5e roue du carrosse, celle qu'on ne désire pas avoir, mais qui sera pourtant une excellente roue de secours quand le moment sera venu.

Le style de l'autrice est plaisant. Elle maîtrise son secret, lui apporte du relief et de l'intérêt pour le lecteur. Elle joue malheureusement trop la carte du cliffhanger sur les fins de chapitres, ce qui finalement m'aura embrouillée. Je relisais certains passages pour être sûre de ne pas avoir loupé un bout, mais non, la révélation arrivait quelques pages plus loin. C'était une façon de tenir son lecteur en haleine, mais peut-être mal utilisée selon les scènes.
J'ai aimé cette ambiance, et en effet, comme le recommande le bandeau, les lecteurs de Kate Morton pourront certainement aimer l'univers d’Eva Chase. Est-ce qu'elle détrône pour autant Kate Morton ? Pas pour moi.


Autrice : Eva Chase
Editions : Nil
Collection : -
Parution : 3 mai 2018
Pages :  443

mardi 24 juillet 2018

L'habitude des bêtes


C'est le jour sans doute où un vieil Indien lui a confié ce chiot, Dan. Lorsque Benoît Lévesque est rentré à Montréal ce jour-là, il a fermé pour de bon la porte de son grand appartement vide. Ce n'était pas un endroit pour Dan, alors Benoît est allé s'installer dans son chalet du Saguenay, au coeur du parc national.

Mais quand vient un nouvel automne, le fragile équilibre est rompu. Parce que Dan se fait vieux et qu'il est malade. Et parce qu'on a aperçu des loups sur le territoire des chasseurs. Leur présence menaçante réveille de vieilles querelles entre les clans, et la tension monte au village...

Au-delà des rivalités, c'est à la nature, aux cycles de la vie et de la mort, et à leur propre destinée que devront faire face les personnages tellement humains de ce roman au décor grandiose.


Mon avis

Au moment de la présentation du programme de la rentrée littéraire de 2018, le représentant me parle de son coup de cœur pour le dernier Lise Tremblay, déjà paru au Québec, qui arrive chez nous en août. Son avis me donne l’eau à la bouche, j’en commande pour la librairie, et découvre avec plaisir qu’il est déjà en SP sur les étagères. Ni une ni deux, je le prends, et le commence le soir même.

Tant pis, dommage, ça ne prend pas à tous les coups. Lise Tremblay partage pourtant avec sa plume talentueuse tout ce que j’aime : les grands espaces, la forêt et le besoin de solitude. Mais il y avait un des éléments du résumé que j’attendais de voir, les loups. Ces fameux loups, qui effraient et intriguent, mais qu’on ne voit pas. Si d’abord je me suis dit que ça allait dans le ton du roman, de donner cet aspect chimérique à la bête invisible, mais qui file des sueurs froides avant même d’être vue, j’ai vite été déçue de ne pas les voir finalement.
Le titre m’a peut-être trompé également, alors que finalement il est totalement juste. Ce ne sont pas des habitudes des loups dont on va parler, mais de celles des hommes. Le monstre qui se tapit en lui, et qui n’attend qu’un signal de son alpha pour surgir et bondir sur sa proie. Le message passe facilement une fois le roman terminé. Mais je voulais voir des loups. Je reste là-dessus.

Benoit s’est acheté une jolie petite maison, perdue dans les forêts. Bien sûr, au village, tout le monde le traite comme un étranger, ce qu’il est, vu qu’il n’est pas issu du village, comme eux. Son argent lui permet de se payer la maison, mais pas leurs cœurs. Il arrive pourtant à se lier vaguement avec quelques personnes. À côté de ça, il essaie d’adopter la bonne attitude envers sa fille Carole, qui souffre d’un mal qu’il ne comprend pas.
Il est le personnage miroir, celui qui n’appartient pas à ce monde, mais qui y est tout de même, sans trop en comprendre les mœurs et coutumes. À travers lui, le lecteur va pouvoir participer à l’intrigue. J’aurais, je crois, préféré vivre l’histoire à travers un autre personnage. Un de ceux présents dans ces forêts depuis toujours. Quelqu’un directement concerné par cette chasse aux loups.
Les bêtes ne sont qu’une excuse pour réveiller d’anciennes rancunes, des plaies encore vives qui ne se referment plus.

Les décors sont somptueux. Comme ça m’a donné envie de retourner au Canada. De voir encore d’autres endroits de ce merveilleux pays. J’aime lire des romans qui s’y passent, juste pour rêver, et Lise Tremblay partage parfaitement son univers. Ses messages derrière son histoire de chasse sont très bien amenés. Ce n’est donc pas un avis totalement négatif, mais j’ai refermé ce livre avec la sensation de « c’est tout ? ». L’impression qu’il me manquait quelque chose.

J’ai également beaucoup aimé l’approche de la relation entre Benoit et Carole. Les problèmes de sa fille lui sont totalement inconnus, même quand on essaie de lui expliquer, pour lui ça reste étrange et impossible. Mais il fait de son mieux pour rester un père présent sans trop en faire. C’était très beau à lire, et innovant.


Autrice : Lise Tremblay
Editions : Delcourt
Collection : Fiction
Parution : 22 août 2018
Pages : 124

samedi 21 juillet 2018

Le café de l'Excelsior


Viens donc Jules, disait au bout d'un moment un buveur raisonnable, ne réveille pas les morts, ils ont bien trop de choses à faire, sers-nous donc une tournée...

Et Grand-père quittait son piédestal, un peu tremblant, emporté sans doute par le souvenir de cette femme qu'il avait si peu connue, si peu étreinte, et dont la photographie jaunissait au-dessus d'un globe de verre enfermant une natte de cheveux tressés qui avaient été les siens, et quelques pétales de roses à demi tombés en poussière. Il saisissait une bouteille, prenait son vieux torchon à carreaux écossais et, lent comme une peine jamais surmontée, allait remplir les verres des clients.


Mon avis

Lu en lecture commune avec Honorine, je me réjouissais de retrouver la plume de Claudel. C'est malheureusement bien tout ce que j'ai trouvé. Sa plume, que je trouve encore et toujours très juste et belle, mais l'histoire m'est complètement passée à côté.

Nous allons suivre une suite de souvenirs, ceux du narrateur, face à la perte de ses parents et sa nouvelle vie chez son grand-père, propriétaire de l'Excelsior, un café. La trame aurait permis beaucoup de choses. L'auteur n'exploite malheureusement presque rien. Le livre fait 84 pages, écrit assez large, autant vous dire que l'histoire se lit vite. À côté de ces souvenirs un peu flous, il ne reste pas grand-chose.
Il n'y a pas de fil rouge, ce qui a rendu ma lecture un peu bizarre. Je me suis perdue dans une chronologie inexistante, avec des descriptions de souvenirs d'enfant, racontés par un adulte, qui ne se souvient lui-même plus de tout.

J'aurais pu y prendre beaucoup de plaisir, peut-être, si le roman avait été un peu plus long. Un peu plus fouillé et moins vague. Je ne suis pas rentrée dans le truc. Tant pis.


Auteur : Philippe Claudel,
Editions : Le livre de poche
Collection : Le livre de poche
Parution : 1er octobre 2007
Pages : 83

mercredi 18 juillet 2018

Il est grand temps de rallumer les étoiles


Anna, 37 ans, croule sous le travail et les relances des huissiers. Ses filles, elle ne fait que les croiser au petit déjeuner. Sa vie défile, et elle l'observe depuis la bulle dans laquelle elle s'est enfermée.
À 17 ans, Chloé a renoncé à ses rêves pour aider sa mère. Elle cherche de l'affection auprès des garçons, mais cela ne dure jamais. Comme le carrosse de Cendrillon, ils se transforment après l'amour.
Lily, du haut de ses 12 ans, n'aime pas trop les gens. Elle préfère son rat, à qui elle a donné le nom de son père, parce qu'il a quitté le navire.
Le jour où elle apprend que ses filles vont mal, Anna prend une décision folle : elle les embarque pour un périple en camping-car, direction la Scandinavie. Si on ne peut revenir en arrière, on peut choisir un autre chemin.


Mon avis

Il existe des rencontres idéales entre un livre et un lecteur, j'en suis persuadée. Parfois, un livre n'entre pas dans notre vie au bon moment, ça ne fonctionne pas. Et puis des fois oui. Ce n'est pas forcément toujours une question de style, juste de moment.
C'est ce qui m'est arrivé avec le dernier roman de Virginie Grimaldi, reçu des éditions Fayard, merci à eux, et signé par l'autrice, merci à elle.

Virginie Grimaldi, c'est le rayon de soleil littéraire qui brille depuis quelques années sur les bonnes ventes des librairies. D'entrée, je suis moyennement tentée par les livres qui se trouvent dans les meilleures ventes. C'est plus fort que moi. Mais là, je voulais lire de la nouveauté (pour une libraire c'est bien, ça aide), je voulais découvrir ce qui se cachait derrière ce titre poétique.

J'ai ri, j'ai été émue, bref j'ai succombé à la plume et aux personnages. C'est simple et efficace, sans tomber dans les gros clichés ni dans le pathos. Il y a une juste dose de tout. Et c'est merveilleux. J'avais envie et besoin d'une lecture dans ce genre, à cet instant précis, et cette histoire aura été un pur régal.

Anna est au bord du gouffre. Endettée et au chômage, elle tente de faire face et de garder la tête haute, tout en élevant ses deux filles, Lily 12 ans et Chloé 17 ans. Pas simple, car en plus de ses secrets, elle doit jongler avec ceux de ses filles. Sur un coup de tête, et fortement encouragée par sa grand-mère, Anna décide d'emprunter le camping-car de ses parents et de partir plusieurs semaines faire le tour de la Scandinavie. Lily et Chloé pensent que maman est folle. Mais finalement, cette aventure est une véritable bouée de sauvetage pour ce trio.

Comme je le dis plus haut, l'autrice met les justes doses de tout dans son histoire. Lily est une préadolescente très drôle et pleine d'humour, ses mélanges de proverbes m'auront beaucoup amusé. Elle a aussi ce cœur gigantesque, sans filtre, qui lui permet de voir beaucoup de choses au-delà de ce que les gens veulent laisser paraître.
Chloé est une hypersensible. Je me suis rapidement sentie proche d'elle. Sa vision d'elle-même est tronquée par la pression qu'elle se met. Sa plus grande peur est de ne pas être aimée, ce qui lui fait faire des choses contre sa volonté. Elle est très justement décrite, sans tomber dans le cliché de l'ado à problème. C'est une ado perdue, qui utilise son blog comme défouloir, qui parlera parfois trop vite, trop fort, et qui comprendra plus tard que ses paroles ont blessé.
Anna se retrouve à un moment charnière de sa vie. Ses petites filles grandissent, ce qui n'est pas toujours facile à accepter, et sa vie professionnelle prend l'eau. Elle continue pourtant à se battre, et à aller de l'avant. Le bonheur de ses filles passe avant tout, ce qui est parfois difficile à vivre pour elle, qui fait passer sa propre vie bien loin derrière. Elle saura pourtant se confronter au passé, et oser prendre des risques pour que cette famille se ressoude.

L'autrice va axer son roman sur le voyage. Le but est de changer ses personnages d'environnement, pour qu'elles se recentrent et se retrouvent. Un lieu inconnu est donc idéal. J'ai été très heureuse de ce voyage. Les paysages et les sensations sont beaux, donnent envie et permettent de voyager à notre tour.
L'atmosphère est souvent tendue entre Chloé et Anna, et pourtant Virginie Grimaldi n'en fait pas trop, elle décrit parfaitement ce qui arrive parfois, ou souvent, entre parents et enfants, quand les deux ne se voient plus de la même façon, ou ont peur de se lâcher l'un en face de l'autre. Ce sont des instants de la vie. Des enchaînements de choix, parfois évidents, parfois difficiles, qui font que Chloé, Lily et Anna nous parlent. Elles incarnent plusieurs générations, qui peinent à se comprendre, mais qui sont criantes de sincérité.

J'ai passé un excellent moment. C'était une lecture à la fois douce et rafraîchissante, avec une pointe de philosophie.


Autrice : Virginie Grimaldi
Editions : Fayard
Collection : Littérature française
Parution : 2 mai 2018
Pages : 393

dimanche 15 juillet 2018

Ten tiny breaths, tome 1 : Respire


La vie de Kacey a explosé. Ses parents, sa meilleure amie et son petit ami sont morts dans un accident de voiture dont elle est la seule rescapée.
Souhaitant échapper à son passé, à une tante et un oncle peu scrupuleux, Kacey achète deux tickets de bus et part à l'aventure pour Miami avec Livie, sa soeur de 15 ans. Elles s'installent dans un petit immeuble et font connaissance de leurs voisins. En particulier, la pimpante Storm et le beau et mystérieux Trent...
Nouvelle vie, nouveau job, nouveaux amis, Kacey parviendra-t-elle à chasser tous les démons qui la rongent ?


Mon avis

Nos faces cachées m'avait tellement emballé que j'étais prête à refaire confiance à un roman dans le genre New Adult. Moody m'avait offert le premier tome de la série Ten Tiny Breaths de K. A. Tucker pour l'un de mes anniversaires, et je me suis dit que c'était le moment.

Ça ne peut pas marcher à tous les coups, comme on dit. Dommage, car ça avait pourtant très bien commencé. Kacey est un personnage détruit, qui va devoir passer par tous les stades de reconstruction. Si le physique a suivi rapidement, il n'en est rien pour l'esprit. Elle n'est que méfiance, tristesse et colère. Partir de chez son oncle et sa tante avec sa petite sœur de 15 ans lui semblait la seule solution pour essayer d'aller de l'avant.

J'ai aimé bien des aspects de Kacey. Je la trouvais franche et directe, et un certain humour pointait sous sa carapace. Il y avait quelque chose. Malheureusement, les scènes clichées et les séquences prévues 50 pages à l'avance commençaient à être trop nombreuses pour que j'accroche.
C'est que le roman tourne autour de certaines facilités. Quelques-unes passent crème, parce que mon cœur a fondu sans problème, mais pour d'autres c'était de trop. Tant pis, ça ne prend pas à chaque fois. Et des fois, c'est une question de moment, là ce n'était visiblement pas le bon.

Kacey partait gagnante pour finalement être elle aussi, un parfait cliché. Celui de la femme forte, tellement forte qu'elle a enfermé tous ses sentiments et émotions à double tour. Et même si ça peut refléter une part de réalité, il y avait des passages beaucoup trop courus d'avance pour que ça semble réaliste. Je ne préfère même pas revenir sur les scènes de sexe, qui tombent dans le double orgasme dès la première fois. Ce genre de facilités et de fantasmes ne m'intéressent plus. Je les trouve trop éloignés de la réalité pour qu'ils me plaisent.

Et pourtant, il y a avait des scènes drôles et tendres. Le mélange des deux était donc très particulier, car les styles viraient de l'un à l'autre, soudainement. J'aime les émotions et partager les peines des personnages. Mais ici, on passait trop rapidement de l'un à l'autre. Soudainement, les personnages se font confiance, alors qu'ils se sont vus deux fois. Des problèmes se règlent en un claquement de doigts, alors que d’autres, parfois tout aussi difficiles, traînent sur des pages et des pages.

Une lecture très mitigée. Tant pis.


Autrice : K. A. Tucker
Edition : Hugo Roman
Collection : New Romance
Parution : 5 février 2015
Pages : 358

jeudi 12 juillet 2018

Vers le zéro déchet : et ses difficultés ?


Changer des habitudes dans nos vies n'est pas toujours simple. Quand j'ai décidé d'aller vers le zéro déchet, nombreuses ont dû gicler pour faire place à des nouvelles. Effacer pour recommencer. Aujourd'hui encore, il y a des choses que je fais par facilité. Je trouvais ça intéressant de vous en parler. Vous montrer ce qui est encore difficile pour moi, ne pas vous parler uniquement des changements évidents et que j'ai réussi à faire du jour au lendemain. Les plus tenaces, ceux qui collent au fond de notre panier de courses.

Je rappelle bien sûr qu'on ne parle pas de nos habitudes alimentaires, mais uniquement d'emballages.



Viande, charcuterie et poisson.
Je vous disais dans cet article, que ça y est, j'avais franchi le cap. Mes tup et moi allions tout contents chez le boucher. Oui, c'est vrai, une partie du temps. Mais il y a des jours où malheureusement, le bac de promotions du supermarché est attirant. Où on se dit « super, on va pouvoir faire des réserves », ou tout simplement « pffff, pas envie d'aller jusque chez le boucher ». Et oui, c'est aussi vrai que le supermarché reste encore notre principale source de courses. C'est facile. Et surtout, mon conjoint ne soupire pas. Pour ça, je vous renvoie à cet article. On n'a pas vraiment bougé de stade en une année.

Oui, je trouve les fruits et légumes du marché plus chers. Et c'est normal. Quand on voit les provenances, quand on calcule un peu tout ce qui tourne autour de ceux du supermarché, ça coule de source. Et oui, ça m'agace de payer plus cher pour consommer mieux. Enfin, ça m'agace plus, quand le cher et tendre m'en fait la remarque dès que je rentre des courses, fière d'avoir participé à la vie des producteurs locaux. Fière de mettre dans mon frigo des produits de bonne qualité, mais oui un peu plus onéreux. Alors souvent, je craque. Je ne mets pas dans un sachet plastique, et je regarde du mieux que je peux la provenance, mais j'achète au supermarché.

Le comfort food.
Vous savez, ces biscuits et gâteaux qui font qu'une fin de journée est tout de suite plus belle ? C'est ma bête noire. J'ai beau me dire que faire moi-même c'est facile et meilleur (d’ailleurs au moment où j’écris cet article, je grignote un muffin fait maison, comme quoi), dans le terme comfort food, il y a le mot confort. Et le confort va aussi avec le fait de ne pas toujours faire soi-même. D'acheter sa paix et aller vers la facilité d'un paquet. D'aller vers cette juste dose de crème, chocolat ou beurre de cacahuètes. D'avoir le confort immédiat, simplement en déchirant un sachet, tout en étant consciente du pas bon qu’il renferme, et des déchets qu’il provoque.



Et des fois le temps.
C'est l'excuse par excellence, le temps. Personne n'a le temps. Mais oui, je vais la sortir quand même. Le temps, d'aller jusqu'au magasin en vrac, avec une poussette ou un bébé accroché dans le dos, plus un chariot qu'il faut ensuite remonter, plein, jusqu'à la maison. Le temps d'aller au marché, qui n'a lieu que le mercredi ou samedi, jours où je travaille, dès 8h. Mais le marché du mercredi est à côté du boulot, je pourrais donc profiter de ma pause de 15 min du matin pour aller acheter quelques petites choses, ou simplement des fois profiter de ces 15 min pour prendre un thé et bouquiner en paix. Le temps de préparer les produits finis, comme les biscuits ou les gâteaux, le grignotage pas terrible pour la santé, mais terriblement réconfortant pour mon esprit. Mais au moins, dans celui-ci, je sais ce que j'y ai mis. Le temps d'aller jusque chez le boucher, qui n'est pas du tout dans ma zone, pas loin, mais si j'y vais c'est uniquement pour ses produits, ce qui me fait tout de suite réfléchir à ma journée autrement. Le temps de calculer ce qui est le plus accessible. Oui, le zéro déchet fait faire des économies à bien des niveaux, mais des fois, ça m'agace de me trimbaler les bouteilles d'un litre de lait en verre, pour ensuite les ramener vide, pour en reprendre. Les bouteilles en plastique sont moins lourdes, plus grandes et moins chères. « Mais vous êtes deux non ? » parfaitement. Sauf que comme rappelé plus haut, je suis souvent seule à vouloir tendre vers ce mode de vie. Difficile de faire participer quelqu'un qui n'a pas envie de vivre de cette manière. Je reste sur le même schéma que dans l'article de 2017, je ne veux forcer personne.

Et pour finir, le découragement.
Celui qui afflue quand j'ouvre le frigo ou le placard et que je vois pleins de barquettes et de sachets du supermarché que je n'ai pas achetés, et que je n'aurais pas achetés. Alors des fois, je vais moi aussi vers cette facilité. Parce que de toute façon, ces paquets sont déjà là. À quoi bon ? Le combat reprendra demain. Comme d'autres.


lundi 9 juillet 2018

Mémé dans les orties


Ferdinand Brun, 83 ans, solitaire, bougon, acariâtre - certains diraient : seul, aigri, méchant -, s'ennuie à ne pas mourir. Son unique passe-temps ? Éviter une armada de voisines aux cheveux couleur pêche, lavande ou abricot. Son plus grand plaisir ? Rendre chèvre la concierge, Mme Suarez, qui joue les petits chefs dans la résidence. Mais lorsque sa chienne prend la poudre d'escampette, le vieil homme perd définitivement goût à la vie... jusqu'au jour où une fillette précoce et une mamie geek de 92 ans forcent littéralement sa porte, et son coeur.

Mon avis

Anaïs m’avait offert ce roman bien avant toute l’effervescence autour de l’autrice. Aurélie Valognes est aujourd’hui une source sûre dans la lecture feel-good (terme qui remplace aisément la lecture légère, qui pouvait être vu avec dédain par certains). Le feel-good a la cote en ce moment, et je trouve ça plutôt positif. J’aime les romans aux personnages torturés, ou remplis de secrets sombres, ou encore de tragiques destinées, mais j’aime aussi les moments plus communs de la vie, ceux qui arrivent dans la vie de tous les jours. Avec des personnages qui donnent des fois la sensation de sortir d’une série télé. Pas besoin d’ajouter une romance, les petites aventures quotidiennes suffisent.

Aurélie Valognes maîtrise l’histoire courte, tout en donnant à son intrigue et ses personnages suffisamment de consistance pour qu’on n’ait pas l’impression du récit bâclé. D’une intrigue basique, elle va faire évoluer différents caractères, souvent caricaturés, pour que tout rentre presque dans l’ordre à la fin.

Monsieur Brun est un homme de 80 ans plutôt acariâtre, rabougri et carrément malpoli. Il vit seul dans son appartement, et cohabite mal avec ses différentes voisines. La pire étant la concierge qui fourre toujours son nez partout, surtout dans ses affaires.
Dès la lecture du résumé, les clichés pullulent, mais comme l’autrice en joue habilement et à juste dose sur chacun des personnages, ça passe. Ce qui m’agace avec le cliché, c’est quand l’un des personnages en est la seule victime. Si tout le roman est logé à la même enseigne, je trouve ça souvent très drôle, au contraire. Ici, ils collent tous parfaitement à leur personnage.

Les descriptions autour des différentes frasques de Brun m’auront beaucoup amusée. Et les différents rebondissements viennent très justement s’y ajouter. On rit bien sûr, mais j’ai également été émue par bien des passages. Il y a toute une prise de conscience sur la solitude, mais aussi sur la vieillesse. Celle qui fait croire aux proches que la personne n’est plus capable de rien, et qu’on ne croit pas quand elle affirme le contraire. C’est un sujet important, trop souvent tabou dans les romans, que l’autrice aborde avec légèreté et sérieux.

Une excellente lecture de vacances, ou lors d’un week-end pluvieux.


Autrice : Aurélie Valognes
Editions : Le livre de poche
Collection : Le livre de poche
Parution : 9 mars 2016
Pages : 269

vendredi 6 juillet 2018

Et à la fois je savais que je n'étais pas magnifique


Coska, jeune homme discret et romanesque, se retrouve dans une école d'art dont les codes lui échappent. Il choisit de tout quitter pour s'adonner à sa véritable passion, l'écriture.
Il participe alors à un concours organisé par une célèbre marque de vêtements, Martha Kahl. Cette dernière engage le jeune homme pour inspirer leur prochaine collection. Le voilà à nouveau propulsé dans un monde de faux-semblants aussi envoûtant que pernicieux.
Trop sensible pour pouvoir résister à la promesse de reconnaissance qui s'offre à lui, il devient victime des règles d'un jeu qui auparavant le répugnait. Dans ce rêve éveillé, la chute se profile inévitablement.
Un roman d'apprentissage qui décortique le monde du paraître avec une sincérité et une sagacité troublante.


Mon avis

Lire le livre d’un ami est une sensation spéciale, on le lit de toute façon d’une manière particulière. En prêtant attention à des détails, ou peut-être en étant plus clémente. Le livre de Jon m’a fait sortir de ma zone de confort. L’univers est celui de la mode, quelque chose qui me parle assez peu.

Je ne savais pas à quoi m’attendre et j’ai été ravie de ma lecture. Il faut passer le cap des 50 premières pages, qui introduisent le personnage de Coska, ainsi que sa participation à ce concours d’écriture. À travers ce premier chapitre, on découvre également le style de l’auteur, les métaphores pleuvent et la plume est soutenue. C’est un livre qu’on prendra le temps de lire. Difficile de lire quelques lignes par-ci par-là, quand on s’y met on aime pouvoir y rester durant plusieurs pages. De quoi s’imprégner de la plume de Jon Monnard.

Coska est un jeune homme un peu perdu. Dans ses études et sa vie. Il va participer à un concours, proposé par la maison de couture Martha Kahl. Son texte sera retenu et sera l’ébauche d’une nouvelle collection haute couture. À partir de ce moment-là, Coska va entrer dans un monde qu’on ne peut qu’inventer et imaginer, celui des défilés, des strass et autres mondanités. Le titre va prendre tout son sens, car l’auteur nous rappelle plus d’une fois que ce que vit son personnage est quelque chose d’éphémère, finalement, tout le monde aurait pu être à sa place, il n’est personne et ne le sera probablement jamais. C’est une litanie qui résonne aux oreilles de Coska, il n’en tiendra pas toujours compte, et se laissera prendre au jeu. Celui de l’amour et celui de la reconnaissance. Les masques changent chaque jour, chaque heure ! Et aucun personnage ne se fait de cadeau. Ils ne sont pas là pour ça. Petit à petit, toute cette frénésie va venir grignoter l’esprit du jeune homme, jusqu’au moment où tout sera trop tard. Comment deviner que tout est sur le point de basculer, quand tout est si facile ? Coska m’aura énormément émue. Son histoire peut se confondre avec celle de tant d’autres personnes. Qu’importe le milieu, on s’est peut-être déjà retrouvé à sa place. Justement, en ne trouvant pas sa place.

L’univers de la mode rencontre celui de la littérature. Ils pourraient former un superbe couple. Malheureusement, Martha Kahl fait de la littérature tout ce que je n’aime pas. Elle la rend froide et élitiste. Son idée est pourtant honorable, au début. Mettre en avant les lecteurs, les livres. Mais finalement, l’appât du gain et du prestige l’emporte, et les lecteurs ne seront pas présents, ni le livre d’ailleurs.

À travers son roman, Jon Monnard aborde l’aspect de la folie, de la recherche et de l’amour. D’abord physique, cet amour verra plusieurs transformations avant de se poser et d’adoucir notre héros.
J’ai été embarquée par cette histoire, par ces mots, et sachant que Jon est sur l’écriture de son nouveau roman, je suis une lectrice très impatiente de retrouver sa plume.



Auteur : Jon Monnard
Editions : L’Âge d’homme
Collection : Contemporains
Parutions : 30 mars 2017
Pages : 165

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