jeudi 29 mars 2018

Ce n'est pas toi que j'attendais


C'est l'histoire d'une rencontre. La rencontre d'un père et de sa petite fille pas comme les autres. Pour Fabien, l'annonce de la trisomie de Julia, c'est le monde qui s'écroule. Comment faire face au handicap de son enfant ? Comment apprendre à l'aimer ? Entre colère, doute, moments de tristesse et bonheurs inattendus, l'auteur raconte le difficile chemin d'acceptation qui le mènera vers sa fille. Une histoire d'amour, à la fois touchante et drôle, tendre et sincère, sur le thème universel de la différence.


Mon avis

Habituellement, pour mes avis bande dessinée, je regroupe quelques chroniques en un article. Mais celle-ci peut limite aller avec un article tranche de vie. Le sujet qu’aborde ici l’auteur, Fabien Toulmé, ne m’a pas juste touchée, il m’a percutée.

Fabien nous raconte dans ce roman graphique sa tranche de vie, le moment où il apprend qu’il va être papa pour la deuxième fois. Ne tenant jamais très longtemps à une place, la famille établie au Brésil décide de venir se réinstaller en France, le pays de Fabien. Les dossiers médicaux vont voyager avec eux, et avec la précipitation et les différences entre les deux pays, quelques examens vont être faits rapidement. Les médecins français ne sont pas inquiets, tout se passe très bien pour la maman et le bébé.

La naissance ne va pas très bien se passer. Une césarienne est inévitable et la petite Julia doit passer ses premiers jours en couveuse. Fabien est impatient de rencontrer sa fille, mais en la voyant, il doute. Est-elle vraiment normale ? Va-t-elle bien ? Quelque chose cloche non ? Selon les sages-femmes et les médecins, non, tout va pour le mieux. Sauf que quelques jours plus tard, le couperet tombe, Julia est atteinte de trisomie 21.

Si nous avons très peu le point de vue de la maman face à cette annonce, Fabien, lui, est très bavard. Cette BD, on le sent, c’est son témoignage, à lui. Il est en colère, contre les médecins, contre lui-même aussi. Des idées horribles lui traversent l’esprit. Julia pourrait ne pas s’en sortir et ils pourraient tout recommencer, faire comme si rien ne s’était passé. Il se dégoûte d’avoir ce genre de pensées, et en souffre beaucoup. Souffre aussi des témoignages d’autres parents. A peur. De ne pas l’aimer, de ne pas y arriver, de ne jamais pouvoir la considérer comme sa fille.

Sans tourner autour du pot et sans vouloir enjoliver une situation angoissante, Fabien Toulmé nous émeut grâce à sa sincérité. Les mots sont durs et peuvent choquer. On aurait tendance à prendre des pincettes pour parler de ce sujet, d’hésiter sur certains mots, ne pas oser les employer. Ce texte m’a touchée par son réalisme. Quand on attend un enfant, on y pense forcément à un moment ou à un autre. Que faire si on nous annonce que notre bébé n’est pas comme celui qu’on attend ? Doit-on s’en vouloir ? Est-ce égoïste ? Je pense que ce genre de témoignages peut faire déculpabiliser beaucoup de parents.

C’est pour moi une très belle découverte, sur un sujet qui me touche, et qui m’a beaucoup fait réfléchir durant ma grossesse.


Auteur : Fabien Toulmé
Éditeur : Delcourt
Collection : Encrages
Parution : 8 octobre 2014
Pages : 243

lundi 26 mars 2018

La mère des eaux


Avertissement (TW) : Des scènes de fausses-couches dès le premier chapitre. Personnes sensibles à ce sujet, vous êtes prévenues.

Après avoir subi une nouvelle fausse couche et appris qu'elle ne porterait plus jamais d'enfant, Emily est dévastée. Christopher, son mari, ne sait comment la consoler. C'est alors qu'ils sont appelés dans une communauté en Louisiane, au chevet de la mère d'Emily, que cette dernière n'a jamais rencontrée.
Mais rien ne va se passer comme ils l'imaginaient. Pour Christopher, la sollicitude des habitants devient vite pesante, et les relations du couple commencent à se distendre...
Que cache cette communauté coupée du reste du monde ? Pourquoi ses habitants ont-ils décidé de vivre reclus ? Et, surtout, que signifient ces rêves étranges qui troublent le sommeil d'Emily ?


Mon avis

Après avoir eu un  coup de cœur surprise pour Les enfants de Peakwood l’an dernier, quand Scrineo m’a proposé le nouveau roman de Rod Marty en service presse, je n’ai pas hésité longtemps. Encore une fois, je suis agréablement surprise par la facilité avec laquelle l’auteur arrive à nous rendre accro à son histoire. Les pages se tournent à une vitesse folle, et en deux jours il était terminé.

Bien sûr, il y aura une légère comparaison avec son précédent roman, je fonctionne comme ça pour tous les auteurs dont je lis plusieurs livres, au genre similaire.
Le rythme est donc encore une fois très bien soutenu. La tension monte petit à petit, et on sent le piège se refermer sur les protagonistes. Les indices de l’intrigue se mettent en place au bon moment, et arrivent à nous donner des parcelles de réponses au fur et à mesure.

Emily se remet péniblement de sa troisième fausse-couche. Quand on lui annonce qu’elle hérite de la maison de sa grand-mère dans une petite ville en Louisiane, le tout accompagné d’une petite somme d’argent, elle fonce sur cette occasion de mieux connaître ses origines pour se changer les idées. Son mari, moins emballé par l’aventure, va la suivre, mais lui aussi essaie vainement de se remettre de quelque chose…

Emily est un personnage touchant, de par son vécu. Que ce soient ses angoisses liées à ses fausses-couches, la crainte d’être stérile et de ne jamais porter son enfant ou encore de soudainement trouver ses racines, elle qui a été adoptée. Quand on creuse un peu, c’est aussi un personnage égoïste, mais ne le sommes-nous pas tous un peu ? Sans toujours s’inquiéter du ressenti de Chris, son mari, elle va prendre certaines décisions, qui vont fortement impacter la suite de leurs vies. Comme le fait de tenter le tout pour tout et participer à une cérémonie en l’honneur d’une déesse qui pourrait la faire tomber enceinte. Attention, j’entre dans un sujet difficile, que serions-nous prêts à faire pour enfin avoir l’enfant dont on rêve depuis toujours ? Sans entrer dans le personnel, je sais ce que c’est que l’attente. Se relever de plusieurs fausses-couches, c’est encore une épreuve supplémentaire. Une femme qui désire plus que tout porter la vie est certainement prête à beaucoup de choses. Même d’essayer des choses auxquelles elle ne croit pas. La façon dont est amenée la cérémonie est pour moi un peu grosse, et manque de sérieux. Même prête à tout, je me demande si je l’aurais fait en secret, sans en parler à mon conjoint. Les deux sont concernés, mais Emily prend toutes les décisions.
Chris a ses défauts, lui aussi. Et je pense que c’est ce qui fait qu’Emily agit ainsi. Elle est plus attirée par le fait de devenir mère, et avoir son enfant, que le fait que Chris soit là en tant que père. Les réflexions d’Emily à ce sujet sont d’ailleurs souvent contradictoires.
Chris est pour moi le personnage terre à terre. Il ne souhaite qu’une chose, vendre cette maison et retourner à San Francisco. Je ne peux pas l’en blâmer. La petite ville de Lamarre donne des frissons et je serais la première à vouloir en repartir. Il comprend que quelque chose ne tourne pas rond, et on va lui mettre des bâtons dans les roues, pour éviter qu’ils repartent.

L’intrigue change de son précédent roman, mais ce qui reste similaire est clairement l’ambiance. Une atmosphère pesante et suffocante, accentuée par la chaleur de la Louisiane. On sent que c’est mauvais, qu’il faut partir, mais les personnages sont embourbés dans cette histoire, et ne peuvent pas en partir. Comme une mouche dans une toile d’araignée.
Encore une fois, un roman qui secoue, et qui fait accélérer notre rythme cardiaque. Bravo !


Auteur : Rod Marty
Éditeur : Scrinéo
Collection : -
Parution : 4 mai 2017
Pages : 374

vendredi 23 mars 2018

Neshov, tome 3 : L'héritage impossible


Suite au terrible secret révélé au clan des Neshov, la fratrie se disloque dans de pesants non-dits. Jusqu'au jour, funeste, où ils doivent faire face, ensemble. Dans une chaleur suffocante, Torunn, héritière malgré elle de la ferme familiale et des guerres silencieuses du passé, dénouera leurs destins - traçant une vie nouvelle.


Mon avis

Peut contenir des spoils concernant Laterre des mensonges et La ferme des Neshov.

Me suis-je précipitée sur le troisième tome, dès la fin du deuxième ? Tout à fait ! Il me semble même que c’est la première fois que ça m’arrive. J’ai toujours ce besoin de créer une coupure dans un univers qui se suit sur plusieurs volumes. C’est un réflexe. Là, je n’avais qu’une envie, continuer à suivre ces personnages. Je ne pouvais pas les laisser sur cette demi-scène. Imaginer les lecteurs qui ont dû attendre que la suite soit écrite m’a déjà fait assez de peine comme ça.

Torunn est sur le seuil de la porcherie. Et le pire est bien sûr arrivé. Car il arrive toujours. Mais que faire maintenant ? Les porcs ne comprennent pas, on doit s’occuper d’eux de toute urgence. Et le reste du monde continue de tourner. Cette femme qui se croyait seule avec sa mère en plein divorce, s’était soudainement attachée à cette partie de sa famille, inconnue. Et voilà que du jour au lendemain, alors que le poids était déjà considérable depuis quelques semaines, tout repose sur ses épaules. Vraiment tout. Cette femme va se laisser ensevelir sous les responsabilités. Jusqu’à l’épuisement. Les différents paliers de vie qu’elle va traverser sont très intéressants à observer. Ses réactions peuvent paraître vides au départ, elle agit par automatisme en attendant que tout se règle un jour ou l’autre, sans qu’elle ait besoin d’en faire plus. Mais bien sûr, rien ne se produit et elle s’enlise dans une routine fade.
Margido prend encore un peu plus d’ampleur ici, alors qu’il était très discret au début. Pourtant, il est le personnage le plus linéaire de la série pour l’instant. Il évolue avec beaucoup de lenteur et de réalisme.
Erlend continue sa descente, pour remonter en flèche vers la fin. Sa condition et les changements dans sa vie lui imposent d’évoluer. Sa future paternité lui monte à la tête, et rien d’autre n’occupe son esprit. Plus rien ne passe avant ses projets. Il ne se rend pas compte que certains détails pour lui sont des montagnes insurmontables pour les autres.

J’ai trouvé ce tome très intéressant. On y voit différentes évolutions de la dépression et de la charge mentale qui s’accumule, et les façons dont les gens y réagissent. Il aurait fait une très bonne fin. Je suis tout de même heureuse de savoir qu’un quatrième volet existe, et que je vais pouvoir revoir ces personnages, et savoir ce qu’ils sont devenus.


Autrice : Anne B. Ragde
Editeur : 10X18
Collection : Domaine étranger
Parution : 19 janvier 2012
Pages : 332

mardi 20 mars 2018

Neshov, tome 2 : La ferme des Neshov


Après l'enterrement de leur mère, les frères Neshov pensaient reprendre le cours de leur vie. Mais tout a changé : Erlend est confronté au désir d'enfant de son compagnon, Margido à sa solitude et Tor, l'aîné, vit mal son quotidien à la ferme, auprès du «père»... À leur insu, le drame couve et, pour chacun d'eux, l'heure des choix a sonné.


Mon avis

Peut contenir des spoils concernant La terre des mensonges.

Idéal pour un Cold Winter challenge, la saga des Neshov d’Anne B. Ragde est glaciale et secrète. J’avais beaucoup aimé le premier tome, lu l’an dernier. Je ne voulais pas trop attendre avant de me lancer dans la suite. Une année de battement, pour moi, c’est tout à fait honorable.

La dernière, et première, réunion de famille des Neshov s’était terminée en apothéose ! Après cette révélation, on pouvait attendre beaucoup de la suite. Surtout d’un tome deux, qui est souvent le moins bon de tous, dans les séries/trilogies que j’ai pu lire. Ici, l’autrice se renouvelle et fouille un peu plus ses personnages. La vie essaie de reprendre son cours, presque trop rapidement, et les liens qui s’étaient créés à la ferme se dissolvent rapidement. Toujours aussi piquante, la plume de l’autrice croque tout ce joyeux petit monde, autant dans leurs bons que leurs mauvais moments.

Torunn essaie de reprendre sa routine quotidienne, à la clinique où elle est éducatrice canine. Mais la découverte de tout un pan de sa famille, inconnu jusqu’à il y a encore quelques jours, la marque fortement. La voilà précipitamment impliquée dans ces vies, alors qu’elle doit garder la sienne à flot. Elle va tomber amoureuse, et va être tiraillée entre ses envies et celles de sa famille. C’est un personnage, qui encore une fois, aura su me passionner.
Erlend devient de pire en pire. Alors qu’il faisait partie de mes personnages favoris, il baisse énormément dans mon estime. Toujours très matérialiste, au-dessus des autres, même snob, il n’aura plus su me charmer. Si dans le premier tome je le trouvais drôle, ici, il est devenu insupportable. Pourtant, au fond, il a de belles valeurs. C’est un personnage très fidèle, et qui sait ouvrir son esprit sur certaines choses, alors qu’il est totalement fermé et aveuglé pour d’autres.
Les personnages de la ferme sont toujours les mêmes personnages de la ferme. On sent un léger changement, dans leurs réflexions, suite à la révélation de la fin du précédent tome. Mais rien de flagrant. Ils essaient de garder ça pour eux, de faire comme si ça n’impactait pas leurs vies. Tor doit continuer à s’occuper des porcs, Margido de ses cercueils et le père… de sa télé.

Pourtant, un événement va venir tout bouleverser. Encore un. L’autrice arrive toujours à trouver quelque chose de nouveau. Et suite à ça, tout va aller très vite. Les mauvais moments vont s’enchaîner et prendre des proportions énormes !
L’ambiance froidement triste est moins présente. On découvre les univers de Torrun et Erlend, et chacun va nous faire voir un peu du pays. Ça change, et j’ai aimé ce changement.

Et la fin. Encore une fois, décapante !
J’étais tellement abasourdie par cette fin, que j’ai attaqué le troisième tome dans la foulée.


Autrice : Anne B. Ragde
Éditeur : 10X18
Collection : Domaine étranger
Parution : 1er septembre 2011
Pages : 349

vendredi 2 mars 2018

Expérience : Le défi des 100 jours

Au début de l’été, j’ai été contactée pour recevoir le nouveau cahier de Lilou Macé : Le défi des 100 jours pour changer d’alimentation. Curieuse de tester ce format de challenge, j’ai accepté.

Tout est expliqué au début du guide, mais en gros un défi sur 100 jours permet de créer de nouvelles habitudes, là en l'occurrence des habitudes alimentaires. On le commence à la date qu’on veut, il est par contre précisé de le commencer idéalement un dimanche. Pleine d’ambition, j’ai commencé à le feuilleter, à préparer les premières pages, et à suivre les indications. Rien ne me paraissait difficile, tout est faisable. Chacun inscrit ses buts personnels, ce qu’il aimerait que ce défi lui apporte. Déjà là, j’ai commencé à sécher. Quels changements, quelles nouvelles habitudes alimentaires aimerais-je créer ? Pour trouver un peu d’inspiration, j’ai été m’inscrire sur le groupe Facebook du défi, malheureusement, j’en suis ressortie après quelques jours, trop de photos, trop de membres, je ne m’y sentais pas à l’aise. J’avais envie de le faire tranquillement dans mon coin. Je suis partie avec un principe simple : découvrir. Cuisiner des choses différentes, oser de nouvelles recettes, de nouveaux aliments.

Le jour J est arrivé! Et j’ai tenu… 5 jours. Malheureusement, ce format de défi ne me convient pas. Revenir quotidiennement sur ce gros cahier, prendre des notes et réaliser des défis alors que j’ai deux autres personnes qui mangent la même chose que moi tous les jours, ça ne collait pas.

J’ai été beaucoup plus charmée par les cartes, qu’on m’a également envoyées. Rien à voir avec le cahier d’alimentation, elles s’utilisent seules ou accompagnées d’un cahier de notre choix. Elles sont pensées pour être tirées chaque jour durant 100 jours. Mais ça, je le fais à ma sauce. Une carte quand j’en ai envie. Ensuite, je la garde toute la journée à portée de vue pour me souvenir de garder ce message très présent dans ma journée. Des jours j’ai envie de tirer une carte, un autre jour non. C’est finalement tellement personnel.

Je pense aussi qu’un programme sur 100 jours m’a un peu impressionnée, voire effrayée. Revenir durant 100 jours sur ce carnet ne me venait pas naturellement. Mais sans ça, j’ai tout de même réussi mon challenge, finalement, vu que j’ai atteint le but fixé : découvrir. C’est le plus important finalement.


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