samedi 8 juin 2019

Kit moins de déchet pour vadrouiller

Il fait beau, et tu crèves d'envie de te prélasser en terrasse, à siroter une boisson bien fraîche, manger une glace et j'en passe. Moi aussi. J'ai beau ne pas aimer l'été, je sais apprécier les choses quand elles se présentent. Mais ce n’est pas parce qu'on est dehors qu'on relâche les petits gestes zéro déchet. Je te montre ce que j'ai toujours dans mon sac, pour être prête à savourer un moment détente, tout en participant le moins possible à la chaîne du déchet. 

Dernièrement j'ai acheté les fameuses pailles en inox. Et à chaque fois que j'en parle j'ai la même discussion : Oui mais chez moi je ne bois pas avec une paille, donc achat inutile. Je suis parfaitement d'accord avec toi. Moi aussi, à la maison la paille ne me sert à rien. C'est pour ça que j'ai toujours deux pailles sur moi, dans mon sac. Car quand tu commandes ton cocktail, ou ton thé froid maison dans ton bar préféré, souvent tu as droit à une belle paille en plastique, voir même deux, des fois que t’aurais deux bouches, on ne sait jamais. Certains établissements commencent à ne plus mettre de paille, ou des pailles compostables, mais c'est pas encore partout comme ça. Alors la paille qui se trouve dans mon sac devient utile, je chope le coup de demander mes boissons sans paille, et je sors la mienne. Un cocktail plein de glaçons avec une paille, c'est quand même plus agréable qu'à même les lèvres. 
Je t'avais déjà parlé du petit geste facile à adopter pour les glaces ici, mais je t'en reparle aujourd'hui. Depuis quelques étés maintenant j'ai abandonné les glaces dans les gobelets en carton avec la petite cuillère en plastique. Une glace possède un contenant mangeable à la base, et le cornet biscuit est quand même meilleur que le gobelet en carton. Depuis l'été passé je garde aussi une petite cuillère de la maison dans mon sac, pour que notre fille puisse en profiter, sans déchet. 

C'est bien chouette d'avoir toujours ces petites choses sur soi, mais au début je les oubliais toujours dans le sac que je ne prenais pas, et BIM tu peux être sûr que c'est ce jour-là que j'en aurais eu besoin. Alors j'ai trouvé l'astuce, toutes les petites choses qui se baladent dans les différentes poches de mes sacs (baume à lèvres, couteau Suisse, baume du tigre, lunettes de soleil, pailles, cuillère, mouchoirs…) je les mets maintenant dans une pochette. Et quand je prends un autre sac le matin je n'ai qu'à prendre toute la pochette et la mettre dans le sac de la journée. Comme ça je ne me retrouve jamais à court, et c'est vachement plus pratique pour embarquer tout ce petit monde sans devoir tout sortir et remettre dans ces fameuses poches. 
Et c'est encore plus pratique quand tu as un enfant. Un enfant c'est toujours rempli d'imprévu, déjà que moi toute seule je me retrouve toujours à faire autre chose que ce que je comptais faire à la base, une fois dehors. Mais alors avec un enfant ! Dans ma pochette magique je mets d'office une patte, et une cuillère. La glace qui se retrouve plus autour que dans la bouche, un nez qui coule ? Hop tu dégaines. J'ai aussi toujours un pansement et une lingette désinfectante dans mon portemonnaie, ces petits genoux s'égratignent si facilement… Et bien sûr, jamais sans notre gourde en inox, on ne sait jamais. On a opté pour celle-ci, car le bouchon est vraiment pratique pour les petits, et ça évite les fuites dans le sac, en plus l'inox garde bien au frais.



Et voilà, avec ça je suis parée pour pas mal de choses. On peut toujours faire mieux, et quelquefois certaines sorties provoquent des déchets que j'aurais pu éviter. Mais comparé à ceux que j'arrête de faire depuis l'adoption de ces gestes, c'est franchement pas mal. 
Par exemple, et c'est juste pour que tu puisses comparer, pas pour critiquer, l'autre jour j'étais chez le grand méchant Starbucks (personne n'est parfait) et j'ai commandé mon iced latte dans mon gobelet en verre (j'avais prévu d'aller m'en prendre un à ma pause, du coup j'avais pris ce qu'il fallait). En attendant ma commande, j'entends deux jeunes femmes discuter juste après moi, chacune avait commandé un frappuccino dans des gobelets en plastique de là-bas, prenait donc avec ceci une paille en plastique chacune, et l'une d'entre elle voulait encore une petite cuillère en plastique pour la crème chantilly. Cinq déchets pour deux boissons. Il y a 3 ans en arrière j'aurais eu les mêmes gestes qu'elles, et je ne me serais même pas poser la question de la cuillère ou de la paille, etc. J'aurais consommé ma boisson, et c'est tout. Aujourd'hui, rien que de les entendre ça m'a fait tiquer. Rien que la paille, je me dis, ça aurait toujours pu être ça. Pas de gobelet réutilisable cette fois ? Tant pis, ça arrive. Des petites choses peuvent si vite être adoptées. Et souvent quand on en a une, les suivantes suivent beaucoup plus facilement. 
En fait la clé c'est de faire ça avec facilité. Du moment que tu trouves ça contraignant, baisses tes objectifs. Un geste après l'autre. J'ai d'abord eu que la cuillère dans mon sac. Puis les pailles. Puis la bouteille, etc. Tu peux pas devenir le.la pro du zéro déchet en une nuit (ça se saurait), mais du moment que tu mets en place un truc qui te semble simple, les autres deviennent moins compliqués, crois-moi, testé et approuvé.

jeudi 30 mai 2019

Adapter son rythme de lecture

Comment tu fais pour lire encore autant maintenant que ta fille est là ? On me pose tellement souvent cette question, directement ainsi, ou sous différentes formes. Du coup je me suis dit que vous parler de mes deux rythmes de lecture pourrait être sympa. En effet je ne lis pas toujours de la même façon, ni pour les mêmes raisons. Je vais détailler ça en deux genres de lectures, et dans ces deux genres il peut y avoir des sortes de sous-catégories. Pour mon travail c'est devenu nécessaire que je fonctionne un peu comme ça. Je vous explique ça : 

Lecture personnelle 
Le genre commun on va dire. Celui que beaucoup de lecteurs ont. Ce sont des livres qui 99 % du temps ont été acheté par envie. Ceux que j'ai décidé de me procurer car sûre de mes choix. Ça peut être neuf en librairie, ou gratuitement par la boite à livre, ou encore d'occasion à Emmaüs. Ceux-ci seront lu à un rythme normal, je vais prendre mon temps, ou les dévoré mais je lirais le roman de façon très consciente et personnelle. Je me permets de faire dormir un livre parfois des années dans ma pile des non-lus et parfois je le lirais dès son achat. C'est ici aussi que je vais mettre mes relectures. Avoir envie de relire un texte lu il y a des années, ou le parcourir sans aucun but précis, juste revoir certaines scènes. Pour les essais je fonctionne autrement, vu qu'ils sont souvent surlignés. Je reviendrais donc généralement vers ces passages mit en couleur. 

Ces lectures sont généralement faites dans des cadres particuliers aussi, je suis très saisonnière dans mes livres, et prendre le soin de choisir un livre qui va avec le temps ou mon humeur, fait partie de ces petits plaisirs de lecteurs. On réunit plusieurs éléments pour que ça nous parle à l'instant T. 



Lecture professionnelle 
Le genre que j'ai dû dissocier des lectures personnelles, pour pouvoir m'en sortir. Voilà plus d'une année qu'avec ma collègue nous avons repris le rayon littérature, soit la fiction dites adultes dans son ensemble. C'est un gros morceau de la librairie. Les nouveautés arrivent chaque jour, avec des piques importants fin août et début septembre jusqu'à Noël, puis un petit en janvier, mais ensuite les nouveautés continuent, à une fréquence moins dense, mais elles sont quand même présentes jusqu'à fin juin. Et si on ne sait pas de quoi parle ces livres, c'est plus difficile à conseiller. Il faut donc les lire. Pas tous bien sûr, car impossible, mais parmi tous ces titres il faut piocher ceux qu'on a envie de défendre. Ce sont souvent des services de presse, envoyés par le fournisseur, car la lecture de ces romans pour de futures ventes fait partie de notre métier, et donc le livre en lui-même devient notre outil de travail. On ne le payera pas toujours. 

Une nouveauté, selon les piques d'importances, aura 2 ou 3 mois de vie. Si on lit un livre trop tard après sa parution, il ne sera peut-être même plus en présentation. J'essaye donc de lire ceux qui me parlent le plus assez rapidement. Et pour faire vite, il faut lire vite. Sauf qu'en lisant chaque virgule, ça sera parfois difficile d'avoir un rythme rapide. J'ai donc décidé, pour ces lectures-là, d'effectuer des lectures plus ou moins rapides. Il m'arrive donc de sauter régulièrement des paragraphes, de lire surtout les dialogues, etc. Je n'hésite pas à lire plusieurs pages d'affilées pour m'imprégner du style de l'auteur. Ça me semblait un peu barbare au début, mais finalement ça me permet d'étendre mes conseils en librairie. Et puis aucun livre lus, dans n'importe quel cadre, n'est perdu. Lire un livre de mon côté pour moi, fera un très bon conseil plus tard. Pas en nouveauté, certes, mais on ne peut pas lire que ça. Et il arrive souvent qu'un livre soit lu pour une lecture pro et passe finalement dans les lectures perso, car je commence à avoir un coup de coeur, et donc j'ai envie de me consacrer complètement à ce texte, et vice-versa. 

J'alterne entre les deux rythmes, sans me mettre de pression. On a beau devoir lire, que ce soit pour les études, le travail ou que sais-je, mais si ça peut rester un bon moment tant mieux. Les lectures professionnelles, sont des lectures plaisir également, ce sont simplement des livres que je n'aurais pas achetés tout de suite, des livres que je ne me serais pas empressé de lire… En fait j'aime bien lire comme ça. Il y a ce côté avidité dans le rythme pro et l’oisiveté dans le rythme perso. Les deux se complètent. Certains ont tendance à me répéter que je prends ça trop au sérieux, qu'il y a trop d'objectifs, mais lire fait partie de mon métier. Si je lis 2 livres par mois de temps en temps ce n'est pas grave, mais c'est problématique pour conseiller de nouvelles choses à nos clients. On ne peut pas éternellement rester sur nos coups de coeur passés, il faut découvrir de nouvelles choses. Le secret est de ne pas tomber dans le burn-out de la lecture, la fameuse panne. Elle ne me fait pas peur, et justement prendre certaines lectures avec plus de distance et de légerté me permet de ne pas craquer. Ne pas tomber de l'autre côté. Alterner, adapter, feuilleter, abandonner, dévorer, etc, tout ça fait partie du droit du lecteur. Que ce soit le lecteur de son côté, pour lui, ou le lecteur qui lit aussi pour ses études ou son travail. Et puis, quoi de mieux que de pouvoir lire à la fois pour son plaisir perso, que pro ? 

J’avais envie de revenir là-dessus avec vous, pour répondre à cette question de comment fais-tu ? J’adapte et je ne compte pas. En fait, si je ne travaillais pas dans le monde du livre je ferais probablement autrement, mais toujours réadapter des choses dans son quotidien pour que ça soit plus facile et agréable est une solution pour moi. Aujourd’hui je fonctionne comme ça, et peut-être que dans un an je ferais autrement. S’écouter avant tout.

lundi 20 mai 2019

Les réseaux sociaux sont-ils des Licornes ?

Il est des romans qui nous poursuivent. Ceux qu'on décide d'ouvrir grâce à un titre, à cause d'une couverture ou encore d'un résumé. C'est comme ça que Licorne m'est tombé dessus. D'abord à cause de son titre un peu trop facile, les licornes sont devenues pour moi les égéries d'un mouvement un peu étrange, mélange entre quelque chose de mignon et niais, de mystique et de commun. La licorne est devenue banale. Quel titre parfait pour ce roman. 
MissMaëla98 aimerait être influenceuse. On suit son parcours chaotique pour y arriver, mettre tout en œuvre pour atteindre ce rêve plein de paillettes. Elle finira par y perdre quelques crédits pour lesquels on s'endette, de l'amour propre aussi, et pas mal de sommeil. Mais tant pis, quand on a un objectif, on est capable de tout pour y arriver. Après la lecture de ce roman j'ai eu pleins de sensations. J'étais en colère, reconnaissante, et dubitative. Que penser d'un texte comme celui-ci ? Le plus simple est de donner toutes les facettes de mes interrogations. Parfois l'une répond à l'autre, et des fois non. 



Une publication chez Gallimard Blanche pour une caricature des réseaux sociaux ? 
J'étais très étonnée de voir ce titre, avec ce sujet, chez Gallimard. La maison d'édition est réputée pour être très blanche (comme le nom de sa collection), contemporaine et « littéraire ». Au départ j'avais envie de croire que c'était une bonne chose. Le publique de la collection (en général et dans son ensemble, il me sera impossible de faire des exceptions pour tout le monde, comme le texte de l'autrice finalement), est plutôt étranger des réseaux sociaux, une occasion peut-être de leur parler de ce sujet. Sauf que, si le sujet ne les intéresse pas, ils ne risquent pas d'ouvrir le livre. Et si toute fois ils l'ouvrent, ils découvriront finalement, exactement ce qu'ils pensent déjà cet univers méconnu : faux-semblants et superficialité. Ou alors serait-ce un moyen de faire découvrir cette collection à une génération plus jeune, qui n'ose pas se tourner vers ces livres ? De peur de ne pas être la cible ? Les deux réponses sont peut-être les bonnes, ou aucune des deux. 
L'image des réseaux sociaux sera la même que celle qu'on voit dans de nombreux reportages. Ce même effet miroir est d'ailleurs présent dans le roman quand des chaînes de télévisions interviewent l'héroïne. On retrouve alors le portrait d'une génération obnubilée par son image, par son ascension virtuelle, par les cadeaux et les attentions des marques. Mais aussi des chutes. Des corps qui s'amaigrissent pour rentrer dans une robe. Des attaques verbales violentes. Des abus. Le roman est presque une mise en garde. Mais une mise en garde à l'usage de qui ? De la génération qui ne connaît pas ce monde, et qui a déjà cette image en tête ? Pourquoi la mettre en garde ? Pour lui donner une raison de plus de lever les yeux au ciel devant les gens qui parlent à leur téléphone et prennent des photos de leur petit déjeuner ? 

Et pourquoi pas un aspect plus réaliste de la sphère réseaux sociaux ? 
Car si le modèle du dessus existe vraiment, il n'est pas unique. Comme dans chaque univers il y a son contraire, et même des nuances. Si, si. La preuve en est, nous sommes des milliers à avoir des comptes Instagram, des chaînes Youtube, des réseaux où nous nous activons chaque semaine dans le but et l'envie de partager. C'est peut-être trop utopiste pour certains, mais nous existons. Nous avons besoin d'un peu de reconnaissance, ne le nions pas, mais nous avons aussi su ne pas tomber dans l'extrême. Et ceci s'applique à n'importe quelle communauté. Le réseau comme moyen de ne pas sentir seul avec sa passion. D'avoir le loisir de partager et d'échanger avec des gens du monde entier, en plus des gens que l'on côtoie tous les jours. Nous ne sommes pas des exceptions qui auraient été un grain de sable dans un roman traitant d'une majorité. Peut-être que je m'avance un peu, mais je pense que nous sommes nombreux à juste aimer ce petit moment d'échange, sans forcément y voir les strass et les paillettes. Est-ce réservé aux lecteurs ? Est-ce que ça veut dire que toutes les influenceuses beauté sont dans le même panier ? Aurait-ce été trop difficile de nuancer cet univers, en lui apportant aussi une facette positive ? Une autre héroïne, qui, en parallèle de Maëla arrive à faire la part des choses, à aimer ce qu'elle fait sur la toile, tout en faisant autre chose, ou juste une réussite qui ne nécessite pas de vendre son âme. 

Une fin imparfaite ? 
Je vais devoir parler de la fin pour terminer de me poser des questions. Si vous voulez lire ce roman sans connaître la fin, arrêtez-vous là, si être spoilé ne vous dérange pas, on continue. Le personnage de Nora Sandor commence à un moment donné à se poser des questions. Et des questions importantes. En effet lors d'une soirée, elle se fait approcher par BodyMax un vidéaste fitness, ce dernier lui propose même de faire une vidéo avec elle. Elle saisit cette chance de se faire connaître un peu plus. Dragueur l'homme n'hésite pas à lui tenir la main dans les rues de Paris, et à la montrer dans son vlog. Ses abonnés affluent sur la chaîne de Maëla. Pourtant le soir avant de repartir en Bretagne il va plus loin. Au départ c'est un acte sexuel, on ne sait pas si Maëla dit oui ou non, on ne voit que le début et le départ. Mais plus elle y pense, plus elle est immergée dans cet univers qu'elle rêvait tant d'atteindre, plus elle comprend que cet acte sexuel n'était pas raccord avec ce qu'elle voulait. Avait-elle vraiment dit non ? Une chose est sûre, elle se sent souillée, violée. Elle va alors faire le choix d'en parler publiquement. Une photo suffit. Maëla pense d'abord être soutenue, comme une victime aimerait l'être, mais bien sûr c'est tout le contraire. BodyMax l'a traite de menteuse et de profiteuse, tout le monde pense qu'elle a volontairement abusé de la notoriété du vidéaste. Et du jour au lendemain elle n'a plus rien. Le néant. Elle se sent sale, doit quatre crédits différents, et n'est plus personne. Certains banalisent même son viol, en appuyant le fait qu’elle n’avait pas dit non à ce qu'il paraît, et que des victimes souffrent vraiment de cet acte. Au plus bas, elle décide même de mettre en ligne son suicide, en direct sur Snapchat. Elle pense à bien mettre le bon filtre, la couronne de fleur lui va si bien. C'est à ce moment-là que j'ai cru être complètement perdue, et de ne pas reconnaître ce que moi je connais de mon petit milieu faisant parti de cet univers. 
Ce dernier étant tellement vaste que je conçois bien que des cas comme ça arrive, que des gens s'endettent, et même perdent la vie, comme dans d'autres milieux. Déroutée et apeurée j'avais envie de me voiler la face. De me dire que c'était trop. Mais non. Il faut bien se rendre compte que des cas comme ça existe, et peuvent même être nombreux. Comme toujours, ce qu'on ne voit pas, existent souvent bel et bien. C'est pourquoi je suis super partagée sur ce texte, autant il dénonce et met en avant des drames et des actes qui peuvent aller trop loin, ce qui me plait aussi, car le monde n'est pas rose et pleins de licornes, comme on veut nous le faire croire grâce aux bons filtres. Mais est-ce que dans ce genre d'exemples ça aurait été compliqué d'avoir un autre point de vue ? Un autre vécu ? Est-ce que ça aurait fait trop ? 

L'happy end vient peut-être dans l'épilogue ? 
On y retrouve Maëla, dans une grande maison au bord de la mer, le temps a passé entre maintenant et sa tentative de suicide, qui a ratée grâce à des marshmallow qui ont absorbé pas mal des substances avalées. Elle a peut-être réussi à créer le bonheur tant convoité, mais rien n'est moins sûr. Son succès elle le doit à son malheur. Après les gros titres qui mettent en avant le côté dangereux de la course aux abonnés et aux likes, sa popularité remonte. Elle commence alors à prôner un mode de vie sans addiction aux réseaux sociaux. Une vidéo en entraîne des tas d'autres, et des coachings, et des séminaires, etc. La question que je me pose est : est-ce une meilleure réussite ? De gagner sa vie grâce aux réseaux, dont elle désintox les gens ? Est-ce que ce n'est pas complètement contradictoire ? C'est pour ça que je suis partagée sur ce roman. Il m'aura apporté tout ce que j'ai cité plus haut. Si on peut souvent être d'accord pour dire que c'est horrible, mais réaliste, on peut aussi lui reprocher de cacher le bon côté des réseaux. De diaboliser quelque chose, qui comme beaucoup, peuvent être bénéfique selon notre façon de l'utiliser. 

Bon ou mauvais ? 
Il restera entre les deux. Si j'ai affirmé qu'il était bon il y a quelques heures, je pense maintenant nuancer mon avis, et rester indécise. C'est un roman qui fait réfléchir, et parler. On a envie d'échanger autour des vastes questions qu'il soulève.

mardi 26 mars 2019

Trouver sa voix


Parler de sexisme ordinaire a été fait des milliers de fois. J’en entends parler de près ou de loin. Parfois lors de moments entre amies, ou en famille. Et même en le vivant à une petite échelle, c’est l’échelon de trop. Sentir que ce que je dis a moins de valeur que le discours d’un homme, je ne le vis peut-être pas tous les jours, mais les quelques fois où ça m’est arrivé, je m’en souviens, car la sensation au fond des entrailles est marquante. Et quand ça se passe dans le milieu professionnel j’aimerais pouvoir taper du poing sur le comptoir, comme je le ferais en dehors. Mais non. Je garde mon visage de façade, et j’attends de voir ce client se diriger vers mon collègue. Encore.

C’est rageant. C’est humiliant. C’est un automatisme qui fait mal. Not all men comme ils disent, mais souvent un seul suffit. Le ressentir tous les jours, une fois par semaine, une fois par mois, une fois par année, suffit. Suffit à te faire croire que tu vaux moins, que ton savoir est plus faible, que ton conseil de femme sera forcément niais ou trop féminin pour un homme. Juste parce que ton sexe n’est pas le même que le sien. Et même quand tu sais au fond de toi que tu es compétente, le doute n’a pas besoin de ça pour s’installer. Ni la haine.



Et j’ai lu Vox de Christina Dalcher. J’ai senti mon corps être parcouru de frissons à chaque page. J’ai regardé mon poignet, là où se trouve ma montre actuellement, et j’ai imaginé ce compte-mot qui défile et t’empêche d’utiliser plus de 100 mots par jour. 10 de plus et c’est une décharge, toujours plus forte, jusqu’à la mort parfois. J’ai frissonné devant la facilité du basculement de l’État. Comment des passeports peuvent facilement disparaître. Comment des gens peuvent se faire enfermer dans des camps car leur orientation sexuelle n’est « pas la bonne ». J’ai eu peur en voyant ma fille parler sans y penser, sans se rendre compte qu’en quelques minutes son compte-mot serait épuisé et lui ferait alors très mal. Et qu’aucun bisou magique ne pourrait l’a réconforté. Je l’ai imaginé ne pas comprendre, et pleurer de ne pouvoir s’exprimer. Tout ça, parce qu'on est de sexe féminin. 

Si la fin de ce roman dystopique est un peu bâclée et précipitée, le tout n’en reste pas moins important. Comme toujours ce genre de roman nous paraît bien loin de notre vie, et pourtant… le pas est si facile à franchir. A force d’être attentive, je me rends toujours plus compte de la façon dont on muselle les voix qui dérangent. On peut choisir de fermer les yeux, comme les femmes du roman qui décident d’avancer le dos voûté, les lèvres scellées. Ou on peut décider de crier. Murmurer lors des histoires du soir que se taire on le fait que quand on le décide, nous.  

samedi 16 mars 2019

10 ans

Depuis l'année passée, je réfléchis à cet article. Je m'étais dit que m'y prendre à l'avance ne serait pas une mauvaise chose… et voilà que je suis en retard. 10 ans les amis. Je tiens un blog «littéraire» depuis 10 ans ! 

Capture d'écran de mon premier blog littéraire : Liseuse-en-book

Pour cet article, petite rétrospective de ces dernières années… A la base je suis de la génération Skyblog, avec des montages photo plutôt effrayants (souviens-toi des images en noir et blanc, et le sujet en couleur. Les GIF paillettes et étoiles qu'on avait réussi à animer sur nos photos, etc.) et que des blogs j'en commençais un nouveau tous les trimestres. Il m'en fallait un pour raconter ma vie, mais que je pouvais partager avec des gens que je connaissais. Un autre pour partager mes pensées intimes, que les gens ne devaient surtout pas trouver. Et un autre pour écrire des poèmes. Des pépites d’adolescence qui n'existent plus. Heureusement. Ou malheureusement, selon les jours. 
Un jour, j'ai découvert le monde des blogs littéraires. Je trouvais ça fascinant. Tous ces gens qui partagent leurs avis, et les émotions que certains livres leur avaient fait vivre. J'avais très envie de rentrer dans la brèche moi aussi. De donner mon avis, et que peut-être, quelque part, quelqu'un me lirait. Et nous voilà. 10 ans après. Et durant ces années j'ai : 

  • Obtenue mon papier de libraire. 
  • Ouvert une chaîne Youtube. 
  • Lié des amitiés très fortes. 
  • Hésité à tout fermer, tout arrêter. 
  • Apprit de mes erreurs dans ce domaine, mais aussi dans d'autres. 
  • Fait des interviews d'auteurs. 
  •  Monté une scène complète pour un salon littéraire. 
  • Osé mettre sur mon CV et ma lettre de motivation que j'étais bloggeuse et vidéaste littéraire. 
  • Eu ma propre émission de radio sur Radio Fribourg. 
  • Répondu à beaucoup de questions autour de booktube, le métier de libraire, etc. pour des mémoires. 
  • Chroniqué 800 ouvrages. 
  • Arrêté de baisser les bras dès que quelque chose n'allait pas. 
  • Adapté mes formats, pour qu'ils me correspondent toujours, et ne me lassent pas. 
  • Osé aborder des sujets que je gardais pour moi. 
  • Lu des centaines et des centaines de commentaires. Certains adorables, d'autres plus durs.
  • Comprit que j'avais trouvé l'endroit où je me sentais le mieux. Dans un domaine qui me plait et dans lequel j'aime m'épanouir. 
  • Arrêté d'avoir honte de certaines de mes lectures. 
  • Et tant d'autres choses encore… 

Ce qui est sûr, c'est que depuis le début de cette aventure, je n'ai jamais lu autant. Je n'ai jamais échangé autant d'informations sur les livres. Je n'ai jamais autant appris par moi-même. Je suis reconnaissante de pouvoir vivre tout ça, en étant parfaitement à l'aise dans ce que je fais. J'ai gagné en confiance en moi et parfois aussi en les autres. J'ai appris à être moi-même, et vous m'avez accepté ainsi. C'est si précieux de se sentir bien, en étant vrai. C'est si important de ne pas avoir peur. Ma confiance je vous la dois énormément, car à travers 10 ans de blog et tout ce qui s'en est suivi, vous avez peut-être envie de me remercier vous aussi pour les conseils et les avis, mais sans vos mots encourageants et bienveillants, les conseils se seraient arrêtés. On dit souvent que laissé un mot c'est pas grand-chose, mais pour le faire très peu moi-même, je sais à quel point c'est difficile des fois de laisser sa trace chez les autres. On a peur de tomber dans la masse de commentaires. Ou de ne pas être lu. Ou de simplement « embêter » la personne avec notre avis. Mais non. Vos commentaires sont précieux. Et j'adore vous lire, même si je n'arrive pas toujours à vous répondre et à échanger vraiment avec vous. Je vous lis. Tous. 


Merci pour ces 10 ans, qui ont été déterminantes dans ma vie. Merci d'être fidèles, ou nouveaux, ou juste de passage.

dimanche 24 février 2019

Se voir dans les yeux des autres

C'était le temps des vacances la semaine dernière. Et même si on ne fait rien de spécial, avoir juste des journées sans planning et sans horaires, c'est comme un petit coin de paradis. C'est le moment de terminer une lecture qui devient de plus en plus prenante au fil des pages (La scène des souvenirs de Kate Morton). C'est aussi l'occasion de commencer plusieurs lectures en même temps, parce que c'est ainsi qu'elles nous viennent (Ces instants-là de Herbjorg Wassmo et Pourquoi pas ? De David Nicholls). 

C'était aussi ce genre de semaine, où je ne fais pas spécialement d'effort. J'ai eu ma période make-up quand il y a eu le gros boom des youtubeuse beauté. Je voyais ces tutos de dingues, et je voulais des dégradés sur mes paupières. Avec le temps, et la prise de conscience écologique aussi, je termine mes produits sans les racheter. J'ai appris à comprendre ma peau. 
Et des semaines comme la semaine dernière, c'est le moment idéal pour faire une pause, et ne rien mettre. Pas de mascara. Pas de rouge à lèvres. Pas de fard. Pas d'anticernes. Même pas de poudre. Vous pouvez me dire que de votre côté c'est quelque chose qui ne vous prend plus la tête depuis longtemps, voire même que vous n'avez jamais été une adepte du maquillage. De mon côté, je n'ai aucune gêne à avouer que ça ne fait pas si longtemps que ça que j'ai arrêté de me lisser les cheveux tous les matins, parce que les ondulations naturelles n'allaient jamais dans mon sens. Ça ne fait pas si longtemps que j'ose sortir sans aucune trace de maquillage sur le visage. Des jours je n'en ai pas envie, ni besoin, car le visage dans le miroir me va ainsi. D'autres matins, c'est l'hécatombe, et je ne rêve que d'une chose, une grosse gomme pour tout effacer et recommencer. Et d'autres encore, j'ai juste envie. Envie de vert et de doré sur mes yeux. Envie de lèvres foncées et pétantes. Envie d'un trait de liner. Etc. 

Le samedi de cette fameuse semaine, je me suis rendue à l'anniversaire d'un membre de ma famille. En mode pratique, bonne chaussure (courir après une enfant de 2 ans toute une soirée est un sport olympique), et pull confort. Une fois sur place je salue beaucoup de gens de mon âge, qui me sont totalement inconnus. Des jeunes femmes d'une trentaine d'années à peine, parfois jeune maman, comme moi. Alors qu'à mes yeux elles ressemblent à des dames (celles dont tu as souvenir quand tu étais enfant, qui avaient un peu plus de la vingtaine et te semblaient si graaaandes), je me reflète dans les leurs comme une ado. C'est le genre d'instant, assez banal finalement, qui me remet totalement en question, où je me dis que je ne fais pas assez « mon âge ». Un de mes traits de caractère est celui du caméléon. Il peut être très pratique et très embêtant. Adolescente déjà j'aimais me calquer énormément sur les autres. Pratique, car je m'adaptais aux personnalités des autres rapidement. Moins cool, il m'a été très difficile pour moi de me trouver, ayant toujours cette sensation de « copier » les autres. Ça faisait longtemps que je n'avais pas eu ce ressenti, et ce sont parfois les situations les plus anodines qui font remonter de drôles de souvenirs. Une personne populaire à l'école, alors qu'on était invisible. Des groupes d'amis, alors qu'on est seule. 

(margaudliseuse sur Instagram)

En rentrant j'ai repensé à tout ça. Je me suis regardée dans le miroir, j'ai essayé de m'imaginer dans les yeux de ma fille, dans les yeux de l'homme que j'aime, dans ceux des gens autour de moi que j'apprécie, et finalement j'ai relativisé. Un style n'est qu'un style. On se rattache beaucoup à nos vêtements. On aime ou non accorder les pièces, et des fois moins on fait d'effort plus l’image en retour est meilleur. Car on l'aura fait sans se préoccuper du regard des autres sur nous. On aura donc encore plus d'assurance. Des fois c'est l'inverse. Mais l'effort mit dans une tenue va forcément nous faire regarder ce que les autres peuvent bien voir de nous. Un vêtement, un maquillage ou une coiffure peuvent agir comme une carapace, un mode de protection, ou comme une parure, un mode de séduction. Le lendemain de cette soirée, j'ai repris confiance, j'ai mis les mêmes vêtements et plutôt que de me voir comme une éternelle ado mal dans sa peau, je me suis trouvée bien, à l'aise et confiante. 

Difficile de toujours se sentir soit. Le personnage de Dorothy dans La scène des souvenirs de Kate Morton, justement, est un peu comme ça. Elle veut absolument être amie avec Vivien, qui représente tout ce qu'elle admire. Vivien est une femme belle, riche, au grand coeur et mariée à un auteur célèbre. Dorothy est une jeune femme orpheline à cause de la guerre, qui masse les pieds d'une vieille aristocrate chaque jour. Elle aime rêver à une vie différente, et compte bien s'enfuir avec Jimmy, l'amour de sa vie. Des années plus tard elle a fondé une famille, et vit heureuse, à la campagne. Le jour des 2 ans de son fils, elle va pourtant commettre l'impensable, sous les yeux de sa fille aînée Laurel. Cette dernière fera comme si cette scène n'avait jamais existé, jusqu'au jour de ses 70 ans, où sa mère mourante, laisse glisser une photo d'elle et une autre femme, d'un livre. C'est le début d'une véritable chasse au trésor, la chasse du passé de sa mère. Qui était Dorothy avant de marier leur père ? Et surtout qui était vraiment Vivien Jenkins ?

Il me restait plus que celui-ci avant La prisonnière du temps, qui sort le 4 avril. C'était mon dernier Kate Morton, et j'avais même quelques préjugés. J'ai avancé doucement, arpentant les salles de bibliothèque avec Laurel, et évitant les bombes avec Dorothy. Au départ je ne m'attachais à personne, et surtout pas aux personnages principaux. Dorothy me donnait la sensation d'une femme avare et vénale, prête à tout pour gagner assez d'argent et partir de Londres, tout même le pire. J'étais tellement préoccupée par ce personnage distant, que je n'ai pas vu venir la révélation finale. Elle m'a sauté à la figure, sans que je ne comprenne rien, et m'a laissé sur le… tu vois quoi. C'était pas super original, mais c'était surtout bien amené. L'autrice te fait penser à tout autre chose pendant 400 pages, et quand les 76 dernières arrivent, tu t'arrêtes de respirer. Je ne fais que vous recommander cette autrice si vous aimez les secrets de famille, La scène des souvenirs, fait partie de ses meilleurs pour moi. 

Et comme ça tombe bien, ces personnages vont plutôt bien avec le thème abordé plus haut. La vie est bien faite non ? Je vous aime, aimez-vous.
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