On a longtemps pris la parole de l'homme pour la vérité
universelle et la plus haute expression de l'intelligence, comme l'organe viril
constituait la plus noble expression de la sexualité.
Il faut que les femmes crient
aujourd'hui. Et que les autres femmes - et les hommes - aient envie
d'entendre ce cri. Qui n'est pas un cri de haine, à peine un cri de colère, car
alors il devrait se retourner contre elles-mêmes. Mais un cri de vie. Il faut
enfin guérir d'être femme. Non pas d'être née femme mais d'avoir été élevée
femme dans un univers d'hommes, d'avoir vécu chaque étape et chaque acte de
notre vie avec les yeux des hommes et les critères des hommes. Et ce n'est pas
en continuant à écouter ce qu'ils disent, eux, en notre nom ou pour notre bien,
que nous pourrons guérir.
B.G.
Mon avis
Il
existe quantité de livres sur le combat pour l’égalité homme-femme. Est-ce que
j’en ai lu beaucoup ? Non. Mais quand on commence, il faut bien commencer
avec l’un d’entre eux. Mon commencement a eu lieu il y a bientôt 10 ans, quand
j’ai écrit mon travail de diplôme autour du rôle du personnage féminin dans la
littérature adolescente. Forcément, il me fallait une base de féminisme. Et j’avais
lu le Que sais-je sur le sujet, chez PUF. Petit, mais costaud. Le
deuxième sexe de De Beauvoir y est passé aussi, mais à 17 ans et même à 27,
je le trouve très complexe et parfois indigeste. Du coup, je conseille une
lecture en plusieurs étapes, en plusieurs fois.
Je
sais qu’à la fin de cet article, vous serez plusieurs à me faire des
recommandations de lectures. Je lirai tous vos commentaires, mais certainement
pas tous vos conseils. Premièrement, car il me sera sûrement difficile de tout
lire. Et deuxièmement, parce que je ne suis pas intéressée par tout. Le sujet
est vaste, et ma liste d’envie déjà assez longue (vous la retrouvez en fin d’article).
Arrêtons là cette introduction bien trop longue.
C’est
en flânant un peu rapidement (quel joyeux oxymore que voilà) à la bibliothèque
que je suis tombée sur l’ouvrage de Benoîte Groult. J’emprunte, et je le
commence le soir même. En une soirée et quelques pages, elle me fait déjà
pleurer 3 fois. De colère. De déception. Pas envers son texte, bien sûr que
non, mais ce qu’il dénonce. Ce qu’il démontre, encore une fois, noir sur blanc,
avec preuves à l’appui. Et c’en est désolant.
Avec
un vocabulaire du quotidien, Benoîte Groult nous retrace bon nombre d’inégalités
homme-femme. À travers ces exemples, elle ne fait pas seulement que parler de
cette différence de traitement absurde d’un sexe à l’autre, elle réveille aussi
toutes les inégalités. Couleur de peau, sexe et croyances étant les
principales.
Ce
texte n’est pas là pour cracher sa haine. Il prouve que le monde des Hommes a
été mal construit. Beaucoup trop d’erreurs ont été excusées ou oubliées,
laissées sans conséquence, à part pour celles et ceux qui en souffrent.
Au
XXIe siècle, dans la plupart des pays d’Occident, nous ne sommes pas loin de
cette égalité. Il reste du travail à faire, bien sûr, mais quand on voit tout
ce qui a été accompli en 100 ans par rapportaux 20 siècles précédents (+
AJC), on peut continuer à se battre en y croyant vraiment. C’est ce que le
texte de Groult m’a rappelé. Oui, j’ai souffert, et je souffre encore certains
jours d’inégalités. Salaire plus bas que le libraire aux même taux horaire, et
mêmes papiers que moi. Clients misogynes, qui ne veulent parler qu’à mes
collègues masculins ou au gérant. Réflexions faites sur mon intelligence, ma
profession, mon physique, mes choix, uniquement parce que je suis une femme.
Comment le prouver me direz-vous ? Navrée, mais ça se ressent. Quelqu’un
qui fait ce genre de remarques, sans prendre en compte le sexe de la personne à
qui elle les fait, aura vraiment une autre attitude d’approche.
Je n’accepte pas qu’on discrimine publiquement et dans « les
règles » quelqu’un à cause de son sexe ou sa couleur de peau, qui ne sont
pas des choix. C’est ainsi. Ainsi soit-elle, ainsi sommes-nous tous.
Uniques, et humains.
Qu’on
ne vienne pas me faire des théories sur nos différences. Je sais. Oui, les
hommes ont un pénis, et les femmes un vagin, donc on n’est pas pareils ! D’ailleurs,
à ce propos, on ne mutile pas le sexe, du sexe opposé. Sous aucun prétexte.
Religieux ou autre, sans que le ou la principal.e concerné.e ne soit d’accord.
Faut vouloir, mais soit. Les différences biologiques sont multiples, mais je
vous rassure, les femmes font autant partie des êtres humains, que les hommes.
Du coup, on s’aide, plutôt que se faire du mal ?
Ce
livre est à transmettre. Fille ou fils. Mère ou père. Femme ou homme. On mérite
mieux. À nous d’y contribuer.
Pour
terminer petite liste, non définitive, des livres parlant du féminisme, de la
femme, des menstruations, de l’égalité que j’ai envie de lire, ou que j’ai déjà
lu, pour l’instant (23.03.18) :
- Lune rouge de Miranda Gray
- Puissance du féminin de Camille Sfez
- Le deuxième sexe de Simone de Beauvoir
- Libérées de Titou Lecoq
- Le nouveau féminin de Meghan Don
- La révolte d’Eve de Marcelle Tinayre
- Chère Ijeawele de Chimamanda Ngozi Adichie
Autrice : Benoîte Groult
Éditeur : Le livre de poche
Collection : -
Parution : 13 septembre 2006
Pages : 219