Toujours dans les romans de
cette rentrée, Le bruit du dégel
avait tout pour me plaire. Une couverture copiée/collée sur celle de Café Givré (idéal pour un Cold Winter
Challenge d’ailleurs), et des histoires dans une histoire.
"Jean, une vieille femme seule
dans sa grande maison, met Kate, une inconnue venue frapper à sa porte pour une
étude, au défi d’arrêter de boire du jour au lendemain. Si Kate reste sobre
durant cinq jours, Jean lui racontera son histoire. Un peu étonnée par
cette demande, Kate décide de jouer le jeu, car cette vieille femme en train de
couper du bois, seule dans sa maison, l’intrigue. Les jours vont se succéder et
les histoires aussi, sont-elles toutes vraies, ça… c’est une autre paire de
manches."
Ce livre est envoûtant. Le
titre est une belle métaphore sur le temps qu’il faut pour se remettre à vivre.
Le dégel est une mélodie lente qui enchante, qui libère les corps et les
esprits. Kate va succomber aux chants des sirènes, et aux histoires de Jean. De
jour en jour, sa sobriété va lui révéler la vie comme elle l’est vraiment. Les
réactions de Laurits, son colocataire/amant, et ses propres centres d’intérêt
qu’elle avait laissés de côté pour adhérer à ceux de Laurits. Kate est durant
une bonne partie du roman un personnage passif. Elle écoute, et constate les
effets de ces histoires sur elle. Sa passivité va évoluer jusqu’à s’effacer
complètement. Elle est comme une chenille dans sa chrysalide, et le papillon
qui en sort enfin. Le cheminement de ce personnage m’a beaucoup plu. Et son
avancée est très douce, rien de brusque. L’auteur la laisse aller à son rythme.
Jean est ambiguë. On sait
qu’elle ne raconte pas tout, qu’elle oublie volontairement certains détails.
Ses histoires sont celles de sa vie, de celles de ses proches et toutes les
conséquences qu’elles auront sur elle. Je vous disais dans la chronique sur Nous, les vivants, que je n’avais pas
accroché au message philosophique du roman. On retrouve, pour moi, un peu le
même genre de message, mais mis en avant de façon radicalement différente. Jean
interprète la sage, et Kate la disciple qui écoute et apprend. John Burnside s’y
prend mieux, avec beaucoup de délicatesse.
Sa plume est tendre, malgré
les scènes parfois difficiles et les prises de conscience de ses personnages.
Il arrive à dégager des atmosphères différentes selon les lieux du roman. La
maison de Jean était pour moi l'emblème même du cosy. J’y voyais des fauteuils
avec de gros coussins, des pâtisseries, et beaucoup de thé. J’avais envie de
voir une maison douillette, pour cette femme à la vie cabossée. Un endroit
accueillant, dans lequel Kate vient se réfugier avec plaisir. Vient apprendre
et désapprendre.
Au contraire de la chambre de
Kate qui est blanche, et froide. Là aussi, j’y voyais une ressemblance avec
l’esprit de son occupante. Une page vierge, sur laquelle les gens écrivent
leurs propres histoires, sans lui laisser le temps d’écrire la sienne.
C’est un beau roman, avec de
la sagesse et de la philosophie, enrobées dans des histoires de vies parfois
simples et parfois torturées.
Auteur : John Burnside
Éditeur : Métailié
Collection :
Bibliothèque Écossaise
Pages : 361
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