Lorsque Myriam, mère de deux jeunes enfants, décide malgré les
réticences de son mari de reprendre son activité au sein d'un cabinet
d'avocats, le couple se met à la recherche d'une nounou. Après un
casting sévère, ils engagent Louise, qui conquiert très vite l'affection
des enfants et occupe progressivement une place centrale dans le foyer.
Peu à peu le piège de la dépendance mutuelle va se refermer, jusqu'au
drame.
À travers la description précise du jeune couple et celle du personnage fascinant et mystérieux de la nounou, c'est notre époque qui se révèle, avec sa conception de l'amour et de l'éducation, des rapports de domination et d'argent, des préjugés de classe ou de culture. Le style sec et tranchant de Leïla Slimani, où percent des éclats de poésie ténébreuse, instaure dès les premières pages un suspense envoûtant.
Mon avis
La vie est remplie de premières fois, celle d’aujourd’hui est d’avoir lu un prix littéraire. Et pas n’importe lequel, le Goncourt 2016. Je me souviens que ma première année d’apprentie libraire avait été marquée par Alabama Song de Gilles Leroy. C’était en 2007, et notre professeur nous avait fait apprendre par cœur tous les lauréats des prix littéraires de cette année. Même en étant « du métier », j’avais peur de lire un prix. Je m’attendais à du « compliqué », car les préjugés peuvent être tenaces.
À travers la description précise du jeune couple et celle du personnage fascinant et mystérieux de la nounou, c'est notre époque qui se révèle, avec sa conception de l'amour et de l'éducation, des rapports de domination et d'argent, des préjugés de classe ou de culture. Le style sec et tranchant de Leïla Slimani, où percent des éclats de poésie ténébreuse, instaure dès les premières pages un suspense envoûtant.
Mon avis
La vie est remplie de premières fois, celle d’aujourd’hui est d’avoir lu un prix littéraire. Et pas n’importe lequel, le Goncourt 2016. Je me souviens que ma première année d’apprentie libraire avait été marquée par Alabama Song de Gilles Leroy. C’était en 2007, et notre professeur nous avait fait apprendre par cœur tous les lauréats des prix littéraires de cette année. Même en étant « du métier », j’avais peur de lire un prix. Je m’attendais à du « compliqué », car les préjugés peuvent être tenaces.
Quand Chanson douce a
transité entre les mains de mes tantes, de ma mère et enfin les miennes, j’ai
sauté sur l’occasion ! J’avais lu le prologue le jour de l’annonce du
prix, et je m’étais arrêtée là. Déjà bien traumatisée (enceinte de 8 mois
à l’époque, ça n’aidait sûrement pas).
Leïla Slimani a pour moi une plume qui peut ressembler à celle d’Anne
B. Ragde. Quelque chose de tranchant, sec et cassant. Il n’y a pas beaucoup de
douceur dans son style. Elle colle à son histoire jusque dans sa plume. On
découvre cette famille, et d’emblée, on est mal à l’aise. J’avais cette
sensation d’être minuscule et de regarder les scènes bizarres de ce ménage,
sans que personne ne remarque ma présence. Mais toujours en me sentant à part.
Et heureusement…
Myriam veut reprendre le travail. Après deux enfants et quelques
années en tant que mère au foyer, elle est sur le point de craquer. La famille
engage une nounou, Louise, qui avait fait le bonheur de tant de familles avant
eux. Les débuts sont prometteurs, Louise est une personne sérieuse, de
confiance et bienveillante envers les enfants, mais aussi les parents. Elle
devient vite indispensable, et c’est là que l’horreur se met en place. Enfin, j’imagine.
Dès le départ, on sait que la fin est tragique. Mais comment est-ce arrivé ? Pourquoi ? L’autrice nous embarque dans la descente aux enfers de cette femme, et
dans sa chute, elle prendra bien soin d’emporter cette famille avec elle. Si on
soupçonne facilement pourquoi Louise a commis l’irréparable, il n’est pas écrit
noir sur blanc. Est-ce ce qui m’a dérangé ? Peut-être. Avais-je besoin que
l’autrice me prenne par la main et me montre le moment clé, celui qui ne
permettait plus de retour en arrière ? J’imagine. Mais finalement, sans
clairement le dire, elle nous montre plein de fois ces moments. La vie de
Louise s’écroule petit à petit, et nous, simples spectateurs, avons un avant-goût
du pire.
Les parents ne sont pas tout blanc dans l’histoire. Les signes de
malaise et de changements chez Louise sont apparents, et ils n’auraient qu’un
mot à dire pour la congédier. Mais j’ai ressenti cette sensation de malaise. La
garder pour faire bien. La garder, car elle est dans une mauvaise passe. La
garder parce que les enfants l’aiment beaucoup. Et nous aussi. Elle fait à
manger après tout. Louise enferme la famille sous son joug, sans que celle-ci ne
s’en rende vraiment compte. Au moment où Myriam et Paul sentent que la nounou
est indispensable, il est déjà trop tard.
Je pense qu’on peut ressortir un peu déçu de cette lecture. Mais plus
on va y réfléchir, et plus on va trouver des raisons, des explications. Oui, on
doit tirer certaines conclusions nous-mêmes, mais ce n’est pas un mal.
Finalement, on avait tout devant les yeux depuis de nombreuses pages.
Et puis, il y a cette manière de nous mettre mal à l’aise avec peu de
choses, comme les parties de cache-cache. La carcasse de poulet. Les douches.
La sortie au restaurant. Louise nous glace le sang si subtilement qu’on a à
peine le temps de réagir, et c’est déjà la fin.
Autrice : Leïla Slimani
Éditeur : Gallimard
Collection : Blanche
Parution : 18 août 2016
Pages : 226
EAN-13 : 9782070196678
Super Chronique, comme toujours j'ai envie de dire ...
RépondreSupprimerJ'ai été souvent tentée de lire ce livre et puis .... "oh mais tu n'aimeras certainement pas..." Comme tu dis, les préjugés ont la vie dure ^^
Du coup, ta petite chronique toute douce et toute sympa me donne envie de franchir le cap ! Merci !
Je crois que j'ai un peu les mêmes préjugés que toi, concernant les prix littéraires. Ta chronique est super, je ressens le malaise de ce livre que tu décris si bien à travers tes lignes... Pour ma part, je ne l'ai pas encore lu. Il faudra que j'essaie, mais je t'avoue ne pas être une grande fan des thrillers et de ce genre de romans qui te mettent la pression. Belle soirée à toi Margaud.
RépondreSupprimerSue-Ricette
J'ai encore des frissons en pensant à la scène du cache cache.. Tellement malsain et sous-jacent ce malaise ! Personnellement, je suis entrée complètement dans l'ambiance et l'histoire, et j'ai adoré cette lecture, elle m'a procuré tellement d'émotions. Et, bien que je me suis détestée pour ça, je me suis attachée à Louise à un moment donné. Je pense que c'était le but de l'autrice !
RépondreSupprimerEtant tout juste maman une deuxième fois j'ai fait le choix de ne pas acheter ce roman pour l'instant. Et pourtant j'ai envie de découvrir la plume de l'auteur.
RépondreSupprimerDe mon côté, je me mets à lire de plus en plus de romans ayant reçu des prix. D'ailleurs, je te conseille "Le Garçon" de Marcus Malte (Pris Femina 2016) et "Giboulées de soleil" de Lenka Hornakova-Civade (Prix Renaudeau des Lycéens) Se furent pour moi deux belles découvertes !
Hello Margaud :)
RépondreSupprimerTa chronique est très bien écrite, merci pour ton avis. Je ne sais pas encore si je vais un jour lire ce roman. Il me tente et me fait peur à la fois. Je ne suis pas sûre de pouvoir l'apprécier car il a, apparemment, un côté malsain très prononcé. Je verrais bien, peut-être qu'un jour je me lancerai... ;)
Belle journée.
Elodie