lundi 27 février 2012

Les marécages

Auteur : Joe R. Lansdale
Editeur : Gallimard
Collection : Folio Policier
Parutions : 23 mars 2006
Pages : 387

Début des années trente, Texas. Rien ne semble avoir bougé depuis la guerre de Sécession. Le Klan domine. Les lynchages demeurent. Harry, treize ans, fils du représentant local de la loi, s'émancipe de ce monde qui le choque en s'isolant dans les marais. Il y croise, dans les méandres endormis, celui que tout le monde dit être un monstre insaisissable, un esprit de la nuit. Harry est fasciné. Il a trouvé, près des traces de cet Homme-Chèvre, le cadavre d'une femme noire bâillonnée avec des barbelés. On parle d'un «ambulant», serial killer d'une époque démunie devant ce type de crimes imputés au Mal sans qu'il y ait de véritable enquête. La population blanche ne s'inquiète pas. N'importe quel Noir fera l'affaire. Jusqu'à ce que les cadavres changent de couleur de peau...


Mon avis

Un livre qui est arrivé un peu par hasard dans ma PAL, car ces derniers temps je sature niveau lecture Young Adult, du coup je me suis fait prêter ce bouquin policier par ma mère qui l’avait beaucoup aimé. 


Bien que ce soit un policier, l’intrigue avance plutôt lentement contrairement à la plupart du genre. On aurait tendance à oublier dans quelle collection ce titre est paru. L’enquête passe parfois au second plan, d’autres histoires se croisent (pour nous perdre ?), certains personnages apparaissent pour mieux disparaitre.

Nous sommes en pleine période de la Grande Dépression, et le terme Serial Killer n’existe pas encore. Lansdale possède une écriture dense qui nous entraîne dès les premières lignes dans les marécages spongieux et sinistres du Texas des années 30. Les portes ne sont jamais fermées à clé et les gens font confiance à tout le monde, sauf aux Noirs. Alors quand des femmes, d’abord, noires sont retrouvées, nues, torturées et attachées dans les marécages, les habitants Blancs de la ville n’en n’ont rien à faire. Sauf Jacob, le constable, un homme qui aura grandit avec l’idée que les hommes sont des hommes, qu’importe leur couleur. Harry, son fils découvre le premier corps, et va rester hanter par cette vision. Mais une femme noire a forcément été tuée par un Noir, ceci ne sont pas des histoires de Blancs. Un monde ou tout semble déjà dit : les Blancs ne se préoccupent pas des histoires des Noirs. Mais et si une femme blanche était visée ? Alors tout bascule, les Blancs veulent un coupable, et pourquoi pas un Noir ? Ou l’Homme-Chèvre ? Cette légende urbaine qui se balade dans les forêts alentours pour manger les enfants.
La chaleur monte, et les eaux bouillonnent, comme le sang des habitants. Les esprits s’échauffent, le Klan ne croit plus qu’à un seul coupable. Lequel verront-ils à travers leur masque ?
Dans ce monde en deux tintes, les personnages sont caricaturaux, mais on n’en demande pas plus. Les marécages sont secrets et les corps qui en surgissent, sordides. Un suspens potable, mais pas intenable, on devine le coupable vers la moitié du livre. Mais Harry, quand le découvrira-t-il, lui ? Et s’il était trop tard ? Et si les Blancs n’étaient pas en sécurité, entre eux ? Et si les Noirs étaient plus intelligents qu’eux ? 

mardi 21 février 2012

Top Ten Tuesday 22


Le Top Ten Tuesday est un rendez-vous hebdomadaire dans lequel on liste notre top 10 selon le thème littéraire défini. Ce rendez-vous a initialement été créé parThe Broke and the Bookish et repris en français par Iani.


LES 10 LIVRES QUE VOUS ÊTES PRESQUE LE/LA SEUL(E) A AVOIR LU

Sujet assez sympa, et qui fait travailler. Parmi cette sélection je pense bien ne pas être la seule à les avoir lu, mais ce sont des livres que l'ont retrouve peu ou pas sur les blogs littéraires. La plupart sont des bons livres, mais très peu connus, ou peu médiatisé. 











Les aimants

Auteur : Jean-Marc Parisis
Edition : J'ai Lu
Collection : Littérature générale. Roman
Parution : 11 janvier 2012
Pages : 93

« Ava était-elle si exceptionnelle ? N'ai-je pas croisé pendant toutes ces années d'autres femmes comme elle, essentiellement disposées à la beauté, à la vérité ? Je ne le pense pas. Ava était vraiment incomparable. Toute vie est soumise aux lois de l'attraction. Ava aura polarisé la mienne très tôt, à un âge où certains corps sont très sensibles à la lumière. Ma vie avec elle, en sa présence, fut ma jeunesse, puis ma vie d'homme, jusqu'à maintenant. Aujourd'hui, le ciel est vide. J'aurais aimé raconter une autre histoire, mais c'est tout ce qu'il m'en reste, et je n'en reste, et je n'en reviens pas. »


Mon avis


Tout a commencé avec le titre. « Les aimants » m’a bel et bien aimanté à lui, et je vais rester accrochée un moment encore. A peine 100 pages qui se bousculent dans votre tête, et vous font prendre conscience de pas mal de choses. Une lecture qui vous chamboule parce quelle vous ressemble énormément.
Une histoire d’amour ? Certainement. Une histoire tragique ? Peut être plus. Mais « Les aimants » va au-delà de tout ça ! On va nous parler de deux personnes qui ne peuvent pas vivre l’une sans l’autre. Tantôt amants, tantôt amis. Proche et distant. Ils se quittent toujours pour mieux se retrouver.
100 pages dynamiques. Rien ne bouge, mais les scènes immobiles que nous suivons sont vivantes. Les deux personnages font vibrer les pages par leur magnétisme. Danse ininterrompue sur fond littéraire, l’amour qu’ils portent chacun aux mots, aux langues, aux œuvres vont les faire se rencontrer. Chacun de son côté comprendra qu’il ne rencontrera plus jamais une personne saisissant la manière dont tourne ce monde. Une personne qui porte le même regard qu’elle.  Ils font ressentir que le reste pourrait bien s’effondrer autour d’eux, ils sauront toujours ou se retrouver.

L’auteur ne donnera jamais la possibilité aux lecteurs d’entendre la voix d’Ava, car les dialogues sont inexistants. Pourtant il est simple de deviner le ton qu’elle emploi pour chacune des situations ou elle se trouve. Elle fait partie de ces personnes qui ne parlent pas fort, mais quand elle dit quelque chose tout le monde se tait pour l’écouter, car ce qu’elle dit est toujours sensé, brillant et intelligent.
On découvre un nouvel univers, à travers les mots de l’auteur, celui de cet homme et d’Ava, quelque chose de très intime, dans lequel le lecteur est convié, mais ce sent peut être un peu gêné de participer à cet étalage, à cette relation. Mais le narrateur invite, sans retenu. Un homme dont on ne connaitra jamais le nom, ce qui laisse penser qu’Ava a existée, en lui, pour lui.

Il est parfois difficile de mettre des visages sur certains personnages littéraires, et pourtant ici, les traits ce sont imposés avec facilité. D’un point de vue très personnel, je n’avais jamais ressentie ceci durant une lecture. Comme si j’avais pu être Ava, et le narrateur à la fois. Plus j’avançais dans cette lecture, plus je faisais des liens avec une relation que j’ai avec quelqu’un. Comme quoi, nous possédons tous un « aimant ». Qu’importe ce qui pourra arriver, qu’importe les désaccords ou les séparations, vous savez que ce ne sera jamais terminé.   

Ava est la femme que nous voudrions pouvoir être, et certainement que nous l’avons quelque part en nous. Nous sommes la Ava de quelqu’un, connu ou encore inconnu. 


dimanche 19 février 2012

Bleu Saphir

Auteur : Kerstin Gier
Edition : Milan
Collection : Macadam
Parution : 28 septembre 2011
Pages : 416

Spoiler, attention si vous n'avez pas lu le premier volume.

Gwendolyne, rendant visite à son grand-père dans le passé, en apprend plus sur ses deux cousins Paul et Lucy, deux gardiens qui l'ont précédée et qui doivent se cacher dans le passé pour de mystérieuses raisons. Second tome de la trilogie débutée avec Rouge rubis.


Mon avis


Suite tant attendue de « RougeRubis », le premier volume qui avait eu droit à un coup de cœur. 


Une traduction impeccable. Les dialogues sont pertinents, apportent toujours les informations nécessaires pour l’avancement de l’histoire. Le roman est crée à la perfection, souvenez-vous dans le premier volume Gwendolyn découvre qu’elle est une voyageuse du temps. Quand nous plongeons dans le deuxième tome, il ne s’est passé que quelques jours. Ce qui fait penser aux tragédies grecs qui se construisent en temps réel. La plupart des romans, surtout les trilogies ou saga, se déroulent sur plusieurs mois, voir plusieurs années. Ici l’innovation repose sur la rapidité des actions, ce qui apporte un dynamisme prodigieux.

L’auteur n’oublie jamais dans quelle époque elle envoie ses personnages, heureusement. Ce qui apporte une fluidité au récit, très importante. N’oublions pas que nous sommes dans un roman qui se base sur les sauts dans le temps. Aucune erreur n’est permise. Si les faits s’emmêlent ou ne se tiennent pas, cela brouille le lecteur, et rend la lecture pénible, le défaut que je reprochais à « Time Riders » d’Alex Scarrow dans l’une de mes chroniques en vidéos. 


Nous n’obtenons que très peu de réponses dans ce volume, Gwendolyn fait face à ce gêne qu’elle découvre par hasard, de voyageuse dans le temps, et va faire certaines rencontres plus qu’inattendues. La grosse part de mystère reste entière, et nous sera donc révéler dans le dernier tome « Vert Emeraude ». Les secrets sont bien gardés, et nous pousse toujours à vouloir en savoir plus. Pourquoi le Chronographe a été volé par Lucy et Paul ? Quel sens a la prophétie du Rubis, Gwendolyn ? Quel rôle joue le Comte de Saint-Germain ? Une ribambelle de questions qui auront, nous l’espérons tous, des réponses concrètes et surprenantes dans le dernier volume.


Les personnages sont toujours autant attachants, les gentils comme les méchants, car ils sont bien construits. Que ce soit les esprits que peut voir notre héroïne, qui ont un humour fantastique dans n’import quelles situations, et qui apporte toujours de la bonne humeur durant la lecture. Ainsi que Gideon le voyageur des De Villiers, qui se découvre enfin de plus en plus face à Gwendolyn. Et bien sur le Rubis elle-même qui est un personnage féminin très fort, malgré la situation dans la quelle elle se retrouve. Elle cherche forcément des réponses, mais personne ne souhaite les lui donner. Ses envies vont donc la pousser à certains actes, tout à fait réalistes dans le contexte, mais parfois irréfléchis.

Les décors sont décrit avec précisions et nous transporte littéralement dans l’univers de nos deux voyageurs. Ils sautent chaque jour dans le passé, les attitudes et les différents univers doivent donc être cohérants, avec l’époque ou ils se font transporter.
Une histoire toujours aussi originale, qui mérite d’être connue. Un troisième tome, dont j’attends beaucoup, et qui j’espère ne me décevra pas. 

vendredi 17 février 2012

In my Mailbox 10 et 11


Deux IMM pour un seul article. C'est en voulant mettre la 11ème, que je me suis rendue compte que la 10ème n'était pas présente sur le blog. Pour éviter de faire trop d'articles dans le vide, je condense le tout, ça sera plus simple.

In My Mailbox a été mis en place par Kristi du blog The Story Siren et inspiré par Alea du blog Pop Culture Junkie. C'est un moyen de partager les livres reçus chaque semaine dans notre boîte aux lettres ainsi que les livres achetés ou empruntés à la bibliothèque.




La page blanche

Auteur : Pénélope Bagieu / Boulet
Edition : Delcourt
Collection : Mirage
Parution : 18 janvier 2012
Pages : 176

Une jeune femme reprend ses esprits sur un banc sans se rappeler ni son nom ni ce qu'elle fait. Menant l'enquête tant bien que mal, elle tente de recouvrer la mémoire et de retrouver son identité.


Mon avis


Pénélope, ça va faire quelques années que je la suis à travers son blog, maintenant bien connu. Puis est arrivé Boulet, avec ses longues notes, toutes plus drôles les unes que les autres, mais un dessin pas top top. Le lien entre ces deux bloggeurs/illustrateurs/artistes? « La page blanche » une bande dessinée. Leur collaboration était déjà connue, alors on attendait le résultat. Et TADAM ! Coup de cœur. Pourquoi ? Explications :


Elle au dessin, lui au scénario. Un bon compromis. Des dessins pleins de sens, et des dialogues soit hilarants, tristes ou révélateurs. On va découvrir une jeune femme, assise sur un banc, jusque là, pas de quoi en faire un coup de cœur. Et pourtant. Elle ne se souvient de rien. La page blanche. C’est avec appréhension qu’elle rentre chez elle, avec un coup de chance elle retrouve son adresse dans son sac à main. Et à partir de là c’est la recherche, la quête d’identité. Ok, elle est libraire. Ok elle à un chat nommé Chester. Ok elle a couchée avec un de ses collègues informaticiens. Ok elle n’a plus de famille. Ok. Mais ça ne revient toujours pas !

Page après page, on est dans l’attente du « est-ce qu’elle va se souvenir de quelque chose ? » On découvre sa vie en même temps qu’elle, on est en plein suspense, tout le temps. Une trame qui tient la route, sans être barbante.

C’est avant tout ma collègue du rayon bande dessinée que je dois remercier pour cette découverte. C’est par une matinée banale en rayon librairie qu’elle arrive vers moi.
« Tu savais qu’on t’avais prise comme modèle pour la nouvelle BD de Bagieu et Boulet ? » ne l’ayant pas encore lu, je ne voyais vraiment pas de quoi elle voulait parler. « Mais si regarde ; un peu la même coupe de cheveux, même couleur. Libraire dans une grande chaîne de magasin, mais surtout ça ! » Son doigt s’arrête sur la planche ou notre héroïne découvre sa page Facebook, sa photo de profil n’est autre que celle-ci :


Et maintenant rigolons un peu, voici ce que l’on trouve sur mon profil Facebook. Ok la photo date un peu, elle doit avoir trois ans, et pourtant je fais toujours ce même gag débile de me dessiner une moustache sur le doigt (ça fera rire ceux qui comprenne).



Alors certes, après tout ça, j’avais envie d’en savoir un peu plus. Je m’y plonge un samedi soir ou je n’avais rien de prévu. Et là, impossible de la lâcher. Une chute simple, d’accord, mais qui m’a laissée sans voix. C’est une prise de conscience. Et finalement, on aimerait peut être bien, tous, pouvoir faire peau neuve, comme ça ! Recommencer à écrire son histoire en effaçant tout ce qui s’est produit avant. Comme un ordinateur remit à zéro. Comme un écrivain face à une page blanche.

Mon passage coup de cœur ? La double page sur les questions futiles et assommantes que l’on peut nous poser en librairie. Car c’est tellement ça. Page 104 et 105 « C’est un livre grand comme ça, oh et il est rouge » - « Je cherche le Bossu de notre Dame de César Hugo » - « C’est un gamin, y lit pas beaucoup, mais l’avait aimé le truc de magiciens au cinéma, mais pas le livre. L’aime les ordinateurs, vous voyez ? Qu’est-ce que vous me conseillez ? » … Bref, hilarant ! 

Et bien sur... La chronique en vidéo

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