Fut une époque où chacun de mes gouts étaient remis en
question avant d’être posé sur la table durant une conversation. Je voyais les
avis de chacun concernant des musiques, des films, des séries, etc. Et souvent
on parlait de quelque chose que j’aimais en négatif. L’envie d’en parler et de
défendre mes gouts me lâchait complètement parce que je ne me sentais pas assez
forte pour m’affirmer. L’affirmation. C’est quelque chose qui parfois me pose
encore problème. « Oui j’aime mais je ne vais pas le dire, c’est la
honte » - « Les autres n’aiment pas, je ne veux pas qu’on rit de
moi ».
Puis j’ai commencé mon apprentissage de libraire. Bien
que les mentalités fussent déjà un peu différentes, ce n’était pas encore ça.
Est arrivée ma première relation (17 ans, ne riez pas, c’était du sérieux), il
était réfléchit, intelligent et aimait des choses bien spécifiques. Moi, je
sortais de l’adolescence tout juste, ou ma personne avait souvent été ignorée,
je me calquais du coup beaucoup aux autres. A lui par exemple. Petit à petit
j’ai commencé à dire ce que j’aimais, à défendre mes passions. « Ah bon tu
aimes la littérature jeunesse ? » - « Non sérieux tu regardes
encore ça ? » au départ timide j’acquiesçais à peine, changeant de
sujet.
Aujourd’hui je vis mes passions et mes gouts pleinement.
J’ai la réponse à chacune des remarques que l’on pourrait me faire.
Et finalement les gens trouvent ça « mignon » ou ne comprennent pas. Étrangement
mes amis (les vrais ceux qui sont sur les doigts d’une main) n’ont jamais rient
de moi à cause de ça. Ils comprennent et s’en moque bien que j’aime regarder
les Winx à la télé, que les petits Poneys je trouve ça mimi, que j’ai bien trop
de peluches pour une fille de mon âge, que je surkiff Indochine et Kyo, que moi
les Comédies Musicales j’aime bien ça, que la littérature jeunesse me fait
rêver. Et dans un exact contraire je suis fascinée par la mélancolie et la nostalgie, que souvent j’aime me perdre à regarder par la fenêtre le temps
qui passe, que les musiques tristes ne me rendent pas forcément triste, mais juste bien, que mes secrets sont gardés dans des carnets,
que j'aime le vert mais aussi le bleu et le violet et le bordeaux, que j'aime le froid et non le chaud, que la pluie ne me déprime pas, au contraire. Parce que finalement ce sont mes gouts, pas les leurs.
Demandez-moi ce que j’aime aujourd’hui et je vous répondrais sincèrement. Parce que la honte d’aimer quelque chose que les autres n’aiment pas m’a bien dépassée. Quelqu’un qui me parlera de ses gouts, même si je ne les partages pas, je les respecte, car tous les gouts sont dans la nature, et heureusement.