Auteur : Anne B. Ragde
Editeur : 10X18
Collection : Littérature étrangère
Parution : 2 octobre 2014
Pages : 282
EAN-13 : 9782264055446
Peut-être n'est-ce rien d'autre que lui, ce
meneur de chiens rustre et glaçant, qu'elle
est venue chercher dans ce chalet perdu au
milieu du Grand Nord. Cet homme aux mains
violentes et au désir brut, presque bestial,
qui la fait trembler sous sa fièvre en fendant
son corps de plaisir. Mais à force de passion
et de soumission, le rapport de force s'intensifie
entre les deux amants. Jusqu'au jour où
l'un d'eux doit sauver sa peau...
Mon avis
Je m’étais offert ce livre sur un coup de tête. Voulant découvrir
l’auteure, et trouvant la couverture parfaite, j’avais craqué sans trop savoir
dans quoi je me lançais. Au final, je ressors amoureuse de la plume d’Anne
Ragde, je suis très heureuse d’avoir déjà en ma possession le premier tome de
« La ferme de Neshov ».
Le plus perturbant dans ce roman, c’est certainement l’absence
d’identité des personnages. On a souvent l’habitude de lire des romans où l’on
connaît au moins leur prénom et leur physique. Ici, tout reste très flou, c’est
voulu, et ça avantage l’histoire durant un bon moment. Jusqu’au moment où ça
craque légèrement, mais j’y reviendrai. Mon coup de cœur va à la plume de l’auteure,
elle adopte son style à l’environnement de son roman. Sèche, cassante et
froide. Elle n’a pas peur d’être rude ou vulgaire, elle se mêle complètement à
ses personnages.
Elle, c’est une jeune femme, la trentaine je dirais. Je l’ai imaginée
blonde, le stéréotype nordique, mais suffisamment sportive pour résister au
train de vie qui l’attend. Elle est arrivée mystérieusement, je pense qu’il
devait faire nuit, dans la vie de cet homme qui l’a prise avec lui. Et depuis,
elle vit avec lui, lui rend service dans son chalet avec ses chiens de traîneau.
J’ai un avis mitigé, mais mitigé dans le bon sens du terme, c’est-à-dire que
pour moi elle possède plusieurs facettes, et sait s’en servir. Je n’ai pas aimé
toutes ses facettes, mais elle sait en jouer, et utiliser la bonne pour
toujours être gagnante. Elle veut faire la différence, montrer qu’elle n’est
pas comme les autres qu’il a pu avoir avant. Mais en même temps, elle se
retrouve vite dans une routine peu sûre, en compagnie d’un homme clairement
dominant.
Lui est un homme sûr de lui, qui vit pour ses chiens, et qui fait
vivre ses chiens pour lui. Sa vie se résume aux mots : courses et traîneau.
Je l’imaginais très grand et rustre, bourru, préférant le silence aux paroles
inutiles. Un peu plus âgé qu’elle. Peut-être dix ans de plus. Les douches et
les bains sont des choses dont il essaie de se passer le plus longtemps
possible. Il n’aime pas les faibles, et se moque allégrement des sentiments des
autres. Si j’aime les hommes bourrus habituellement, lui m’a clairement dégoûtée.
Ce n’est pas le genre de bourru que j’aime, il est bien trop inhumain pour être
appréciable. Mais il apporte beaucoup de challenge au personnage féminin, et
c’est ce que j’ai aimé.
Le roman est parcouru de scènes de sexe assez brutales, et peu
confortables. Si vous êtes sensibles à cela, et que pour vous l’acte sexuel
doit forcément être beau et romantique… passez votre chemin. C’est limite plus
glamour de regarder les chiens de traîneau se sauter dessus ! Pourtant,
cette brutalité dans l’acte ne m’a pas gênée, je dirais même qu’elle allait
parfaitement avec l’ambiance de l’histoire. C’est sale et intense. Mais rien ne
fait rêver dans ce roman, c’est juste difficile. Je ne m’attendais pas à autre
chose, je ne suis donc pas déçue de ma lecture.
Le petit bémol où je voulais en venir avec l’identité des personnages,
c’est qu’au bout de presque 300 pages, on ne lie aucun lien avec eux. On
se sent très en retrait, et c’est ce qui peut déranger car finalement on ne
sait pratiquement rien d’eux, on les suit d’un instant T à un autre, et c’est
tout. Il n’y a pas de réelle finalité.
La fin du roman est d’ailleurs une
espèce de boucle où l’on a l’impression que tout va recommencer. Mais malgré ce
petit moins, j’ai été complètement happée dans cet univers glacial.
Les
paysages m’ont vendu du rêve comme je m’y attendais, même si la neige n’est pas
belle à force, elle est aussi tranchante que des lames.