samedi 28 octobre 2017

L'enchanteur

Qui ne connaît Merlin ? Il se joue du temps qui passe, reste jeune et beau, vif et moqueur, tendre, pour tout dire Enchanteur. Et Viviane, la seule femme qui ne l'ait pas jugé inaccessible, et l'aime ? Galaad, dit Lancelot du Lac ? Guenièvre, son amour mais sa reine, la femme du roi Arthur ? Elween, sa mère, qui le conduit au Graal voilé ? Perceval et Bénie ? Les chevaliers de la Table Ronde ? Personne comme Barjavel, qui fait le récit de leurs amours, des exploits chevaleresques et des quêtes impossibles, à la frontière du rêve, de la légende et de l'Histoire.
Dans une Bretagne mythique, il y a plus de mille ans, vivait un Enchanteur. Quand il quitta le royaume des hommes, il laissa un regret qui n'a jamais guéri. Le voici revenu.


Mon avis

J’en entends de tous les sons de cloche sur Barjavel. Ceux qui adorent, ceux qui trouvent ça vieux jeu ou encore sexiste. Alors bon, j’ai mis tout ça de côté, et j’ai foncé dans « L’enchanteur » tête baissée, légendes arthuriennes, Merlin, etc.

Résultat, je suis assez déçue de ma lecture. Je n’y revenais pas avec entrain et envie. Ce n’était pas une corvée (j’aurais abandonné dans ce cas), mais disons que je voulais simplement connaître la fin. L’écriture est stagnante, les personnages bourrés de clichés et l’aventure avance mollement. Je remets toujours une œuvre dans son siècle quand je la lis. Barjavel a certes des circonstances atténuantes, mais il y a des choses qui ne sont quand même pas passées.

Notamment la romance entre Viviane et Merlin qui est très puérile. Au début, je mettais la facilité de leurs dialogues et pensées sur le compte de l’âge de Viviane. Mais même en grandissant, c’est un personnage qui reste niais. Et pour la Dame du Lac, ça ne va pas. De même pour la rivalité entre Guenièvre et Morgane. La haine de cette dernière contre la reine est le résultat d’un regard sans prétention, et voilà que le personnage de Morgane devient méchant, sans réelles raisons. Niveau sexisme, on est pas mal. Même si je re-souligne encore une fois, oui, Barjavel a le vocabulaire de son époque.
Les hommes ne sont finalement pas mieux lotis. Ils sont beaux, bien sûr, vu que ce sont des chevaliers, mais pas forcément très malins. Perceval et Lancelot arrivent en tête, avec une capacité de raisonnement proche de zéro.

Alors peut-être que la quête du Graal sauve toute cette ribambelle de personnages mollassons ? Même pas ! C’est lent et ça traîne.
Au final, le véritable intérêt que j’ai eu pour cette histoire se trouve dans les premières pages, avec les origines et la création de Merlin. Le reste est assez barbant.
Mes lectures de romans, interprétations, et autres histoires sur les légendes arthuriennes ne s’arrêteront pas là. Mais la version de Barjavel ne restera pas gravée dans ma mémoire.

Auteur : René Barjavel
Éditeur : Gallimard
Collection : Folio
Parution : 1987
Pages : 480
EAN-13 : 9782070378418

mercredi 25 octobre 2017

Terrienne

Tout commence sur une route de campagne... Après avoir reçu un message de sa soeur, disparue depuis un an, Anne se lance à sa recherche et... passe de « l'autre côté ». Elle se retrouve dans un monde parallèle, un ailleurs dépourvu d'humanité, mais où elle rencontrera cependant des alliés inoubliables.


Mon avis

Beaucoup de bons avis autour de ce Mourlevat. C’est TheDreamCatcher qui m’a proposé une lecture commune sur ce titre que nous avions en commun dans nos PAL. Ni une ni deux, j’ai sauté sur l’occasion pour l’en sortir.

Globalement, j’ai aimé ma lecture. La plume de Mourlevat est très agréable. Son univers est intéressant, ses personnages attachants, et il ose prendre des risques et surprendre son lecteur. Malheureusement, je trouve qu’il manquait quelques pages pour que l’univers soit suffisamment fouillé. L’idée de ce monde parallèle qui nous ressemble, mais qui fonctionne sur des bases différentes, était très intéressant. La saleté, la respiration, les pleurs, les maladies sont rayés de ce monde. Leurs émotions sont également bien plus faibles que les nôtres. Tout ça me semblait novateur, et si le livre avait été un peu plus long, on aurait certainement pu aborder ce monde sous différents angles.

Parmi les personnages, notre héroïne est Anne. Elle passe dans ce monde parallèle pour sauver sa sœur Gabrielle, qui s’est fait enlever il y a une année, après son mariage. Avant de trouver le passage, elle va faire la rencontre de monsieur Virgil, un écrivain qui n’aime pas son dernier roman. Sa vie est terne et l’aventure d’Anne le titille.
Anne est courageuse. Et peut-être trop. C’est un reproche que je fais souvent aux personnages qui prennent tous les risques. Le courage est un aspect de la personnalité que je trouve à double tranchant : trop, le personnage en devient irréaliste. Pas assez et l’aventure stagne. C’est difficile de trouver le juste milieu. Ici, Anne est à la limite je dirais. On la sent à fleur de peau avec cette histoire, peu à l’aise dans ce monde, mais elle n’hésite pas à se mettre en danger pour sauver sa sœur.
Sur place, on rencontre Bran, un jeune homme « hybride » qui se sent très à l’aise avec les habitudes terriennes. Il est un personnage très intéressant, car justement ni totalement l’un, ni totalement l’autre.

Il y a deux points qui m’ont particulièrement dérangé dans ce roman. Le premier : la romance. Elle arrive comme un cheveu sur la soupe. Elle se fait assez naturellement, et ce n’est pas mal du tout comme approche. Sauf qu’on est de nouveau dans un schéma « je te rencontre (presque) pour la première fois, et je t’aime ». Je n’ai pas cru au conte de fées pour cette fois. La deuxième : la fin. Elle est très précipitée, alors que j’avais cette sensation de non-commencement avec le reste du roman. C’est comme avoir une intro et une conclusion. Sans la partie du milieu. Les choses se règlent vite. Trop vite.

Pour conclure, je mets l’accent sur le fait que j’ai aimé l’univers, et sa construction, même si j’aurais voulu en avoir 200 pages de plus histoire de bien ancrer le truc. Mais la romance et la fin m’auront laissé de marbre.

Auteur : Jean-Claude Mourlevat
Éditeur : Gallimard
Collection : Pôle-fiction
Parution : 12 septembre 2013
Pages : 406
EAN-13 : 9782070654994

dimanche 22 octobre 2017

Minimalisme et collectionner les livres ?

Voilà une association que je me devais d’aborder avec vous. Depuis quelques mois, je me suis dirigée vers un mode de vie plus minimaliste, j’ai fait beaucoup de tri, jeté et donné beaucoup de choses qui ne m’étaient plus utiles. Mais il y a une chose que je continue d’acheter régulièrement, sans pouvoir me résoudre à baisser ma consommation : les livres.

Alors que je continue d’acheter des livres, je n’achète pourtant aucune nouvelle bibliothèque. Je vous en parlais dans cet article. Cet aspect n’a pas changé. Souvent, quand des livres entrent, des livres sortent. C’est un cycle. Mais justement, en voulant être plus minimaliste, ne devrais-je pas réduire mes achats ? Non. Cette réponse est pour l’instant celle qui me convient. Car mon rythme d’achat est régulier, et surtout, m’acheter des livres me fait plaisir. C’est mon moment bien-être quand une journée a été difficile. Et ces livres me procurent beaucoup de plaisir et de bonheur. Alors que je ne les ai même pas encore lus. Pour ce sujet, je vous renvoie vers cette vidéo, où je vous parle de pile à lire et de son effet sur différents types de lecteur. Et les livres que j’ai déjà lus et qui stagnent sur mes étagères, bien souvent j’aime les feuilleter. Les prêter. Les échanger. Les donner. Il en reste toujours beaucoup quand on jette un coup d’œil à mes bibliothèques. Mais les voir ne m’oppresse pas du tout, contrairement à d’autres objets. Au contraire, accumuler ces livres me procure un certain réconfort.

Devenir minimaliste ne veut pas dire vivre dans un appartement totalement épuré, avec une déco sommaire voire inexistante et peu d’objets. Ce n’est pas ma vision, mais une vision extrême. C’est peut-être le besoin de certains, mais pour moi, être minimaliste, c’est avant tout se rendre compte de ce dont on a besoin ou non. Et surtout ne pas avoir peur de garder les choses qui nous font du bien. Pour l’instant chez moi, on trouve encore trop de livres, de plaids et de tasses. Mais ce sont des objets ou accessoires qui me sont essentiels, en quantité plus ou moins importante. Pourtant, je n’ai qu’une seule moi à mettre sous un plaid. Et qu’une seule bouche pour boire mon thé.

Quand ce mode de vie nous fait envie, il ne faut pas être trop sévère avec soi-même. Oser garder ces objets qui vous réconfortent. Ça ne fait pas de vous quelqu’un de matérialiste. Au contraire, vous savez reconnaître ce qui vous rend heureux.


jeudi 19 octobre 2017

Apostasie

Anthelme croit en la magie des livres qu'il dévore. Étudiant désabusé et sans attaches, il décide de vivre en ermite et de s'offrir un destin à la mesure de ses rêves. Sur son chemin, il découvre une étrange forêt d'arbres écarlates, qu'il ne quitte plus que pour se ravitailler en romans dans la bibliothèque la plus proche.
Un jour, au hasard des étagères, il tombe sur un ouvrage qui semble décrire les particularités du lieu où il s'est installé. Il comprend alors que le moment est venu pour lui de percer les secrets de son refuge. Mais lorsque le maître de la Sylve Rouge, beau comme la mort et avide de sang, l'invite dans son donjon pour lui conter l'ensorcelante légende de la princesse Apostasie, comment différencier le rêve du cauchemar ?


Mon avis

Vincent Tassy m’avait offert son livre lors d’un salon du livre de Paris. Univers sombre et poétique, il avait su me le vendre. Et la période de l’automne me semblait être idéale pour cette lecture.

Difficile de vous résumer ce roman. On navigue à la fois entre un conte et un récit. Ce qui est sûr, c’est que l’auteur ose quelque chose de nouveau. On y retrouve bien une quête, et un héros pour la mener, mais ça s’arrête là. Sa plume accompagne parfaitement cette histoire très sombre, à la limite de l’horreur, qui baigne allègrement dans la philosophie. La construction du roman se fait par plusieurs mises en abyme, entre l’histoire d’Apostasie, celle d’Anthelme et celle des Vermines.

Difficile, encore, de vous dire quels ont été mes personnages favoris. Ils ont tous su me charmer. Leurs différentes aventures les rendent tous à la fois touchants et inquiétants. Anthelme est peut-être le « principal », celui qui réunit toutes les histoires. Il est nos yeux et nos oreilles, car c’est lui que le lecteur va principalement suivre. Tous les personnages apportent quelque chose. Mais finalement, je dirais que ce qui ressort beaucoup de ce roman, c’est son ambiance. La forêt rouge, les ronces et les châteaux délabrés, il y a une atmosphère gothique qui englobe ce roman, et qui en fait une histoire incroyable.
Souvent, je souligne la difficulté de faire quelque chose de nouveau dans le roman de fiction. Qu’importe le genre, ils possèdent tous leurs codes et peu d’auteurs dévient de ces codes. Vincent Tassy prend sa propre direction, tord les codes du conte et du fantastique pour écrire une histoire inédite.

Âmes sensibles s’abstenir. En effet, je vous disais plus haut qu’on est à la limite du roman d’horreur. Certaines scènes sont assez gores, et bien décrites. L’univers est propice pour intégrer ce genre de moments, mais vous voilà prévenus, le sang coule parfois à flots.
J’aimerais vous en dire encore plus sur ce roman. Mais comme il est assez peu commun, la construction d’un avis n’est pas évidente. Je terminerai par vous dire de tenter l’expérience, si les schémas habituels vous barbent, si vous cherchez un conte sombre et gothique, de belles métaphores et des réflexions sur la vie et la mort.
Passez votre chemin si la lenteur d’un texte peut vous freiner, ici je trouve que ce pas calme et lent accompagne parfaitement l’ambiance du récit, mais ça peut ne pas plaire à tout le monde.


Auteur : Vincent Tassy
Éditeur : Chat Noir
Collection : -
Parution : 5 avril 2016
Pages : 333
EAN-13 : 9782375680025
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