Dans le cadre du salon du livre de Paris, j'ai rencontré l'autrice Rainbow Rowell. Malheureusement la salle été bruyante, et mon micro pas assez bon. J'ai préféré ne pas vous proposer la version vidéo, car sa qualité est mauvaise. Voici donc mes questions et ses réponses, retranscrites.
Certains de mes abonnés écrivent également, comment avez-vous
commencé ?
Quand j’étais petite, tout le monde me complimentait sur mes écrits,
donc il était évident pour moi que je devais écrire pour vivre, une fois plus
grande. J’ai fait une école de journalisme, et j’ai été journaliste dans un
journal pendant 10 ans. Et pendant ce temps, j’ai écrit mon premier
roman : «
Attachement ».
Que ce soit dans « Attachement » ou dans « Eléanor
& Park », vos histoires se déroulent souvent dans les années 80/90. Êtes-vous
nostalgique ?
«
Eléanor & Park » représente clairement mon adolescence
en 1986, et je me suis dit que personne ne pourrait mieux écrire sur Omaha en
1986, que moi, car j’y étais, je l’ai vécu.
Je pense également que
l’adolescence est la partie de nos vies dont on se souvient le mieux, c’est une
étape importante et elle marque nos vies, plus que d’autres moments. J’avais
envie d’écrire sur cette époque.
Vous travaillez différents modes de communication entre vos
personnages (mails, téléphone, etc.), pourquoi ?
J’aime faire parler les gens, et les faire tomber amoureux grâce au
langage. Et je n’aime pas regarder une émission, ou lire un livre, où les
personnages tombent amoureux au premier regard sans même s’adresser la parole…
bon, c’est vrai que Eleanor et Park sont très silencieux (rire). Mais la magie
des mots raisonne un peu comme une chanson pour moi, et tous ces échanges rythment
une relation. Et du coup, j’adore écrire les dialogues. J’aime encore plus
faire parler plusieurs personnages en même temps, les conversations de groupe,
les réparties qu’ils peuvent s’envoyer, etc. C’est pour que ça que je suis
attirée par les conversations, ou les voyages en voiture (des espaces confinés
où les personnages n’ont pas d’autre choix que de se parler). Beaucoup moins
par les textos, c’est moins intéressant à écrire.
Est-ce que vos personnages ont des liens entre eux ? Par exemple,
est-ce qu’Eléanor est une version ado d’un autre personnage présent dans un
autre roman ?
Non, pas vraiment. Le vrai lien c’est moi, bien sûr, chacun des
personnages a à la fois beaucoup de ma personne, mais également pas
grand-chose. J’adore combiner mes personnages et les créer. Il y a quelque
chose, littéralement, qui relie tous les livres, c’est la ville. Chacune de mes
intrigues se déroule à Omaha, mais à des époques différentes. Mais tous mes
personnages ont finalement le même âge, ils pourraient très bien se rencontrer
d’ailleurs. Peut-être que je devrais le faire dans un livre un jour, une grande
réunion entre tous ces personnages qui se sont sûrement déjà croisés.
"Carry on" est vraiment différent de vos autres romans, pourquoi être
partie dans un autre genre ?
J’ai toujours lu de la fantasy ou de la science-fiction moi-même. Mais
étant journaliste, j’étais ancrée dans le réel, et je me disais que je serais
incapable d’écrire de la fantasy. Et finalement, j’ai essayé. J’ai écrit
«
Fangirl » avec un peu de fantasy, j’ai donc pu expérimenter le
genre. Après ça, je me suis entièrement lancée dans cet univers magique.
De
plus, après quatre livres plutôt semblables et dans le même genre, j’avais
envie de prendre des risques. Et il est le livre que je lirais en premier parmi
ceux que j’ai écrits, c’est celui que je prendrais plus plaisir à lire.
"Carry On" est-il écrit comme Cath, de "Fangirl", l’aurait écrit, ou comme
vous l’auriez écrit ?
C’est mon point de vue. Quand j’ai écrit « Fangirl »,
j’écrivais sur Simon et Baz du point de vue de Cath et de Gemma T. Leslie. Après
ça, j’avais envie de le reprendre de mon point de vue à moi.
Avez-vous, vous-même publié des fanfictions ?
Quand j’étais plus jeune, j’écrivais des histoires où j’étais le
personnage central. J’étais fan des « X-men » (rire) et je me
représentais comme l’une des leurs, et tous les X-men dont j’étais amoureuse,
tombaient bien sûr amoureux de moi. Mais vous voyez, il n’y avait pas Internet
encore à ce moment-là, donc c’était simplement moi qui me faisais mes propres
histoires. Ensuite, en tant qu’adulte, je suis devenue accro à "Harry
Potter" ! J’ai lu tous les livres, vu tous les films. Et quand les films se
sont terminés, j’ai eu comme une grosse panne, je pensais que ça continuerait pour
toujours, et en fait non, c’était simplement fini. Et c’est à ce moment-là que
j’ai commencé à lire des fanfictions, car je ne voulais pas que ça se termine.
J’étais donc à fond dans ces histoires écrites pas des fans de la saga, j’en
lisais toutes les nuits jusqu’à pas d’heure ! Alors je me suis dit
« si j’avais été une adolescente maintenant, si j’avais eu des gens avec
qui partager tout ça. Pas seulement l’écriture, mais la passion et l’amour
autour de ces histoires, j’aurais adoré ça. ». « Fangirl » est
un peu ma revanche, à travers Cath, je partage mon amour de la fanfiction. J’ai
mis en scène la façon dont cet univers aurait changé ma vie, si j’avais été une
adolescente à ce moment-là. Mais je n’ai jamais écrit de fanfictions Harry
Potter, donc n’essayez pas d’en trouver sur le net (rire). Bon, en fait, si j’en
ai écrit… mais je ne les ai jamais mises en ligne.