Ce roman date de 1996, et met en scène deux sœurs, Nell et Eva, qui
survivent dans leur maison familiale, construite au milieu des bois, loin de
tout. Le monde est privé d’électricité et tout commence à se dégrader. Des gens
tombent malade et les structures coupées de courant ne permettent pas de les
soigner. Avec le temps, elles vont apprendre à vivre plus que survivre et se
découvrir l’une et l’autre.
C’est une histoire qui a eu beaucoup de bonnes critiques, dès sa
sortie francophone en 2017. Peut-être que ces dernières m’en auront fait
attendre beaucoup. C’est finalement en ayant digéré un peu le récit que j’ai
vraiment réussi à déceler les différents messages, et les valeurs qu’il
cachait.
Le roman est construit d’une façon très décousue, le personnage de
Nell va tenir un journal de bord de leur vie telle qu’elle est maintenant, sans
ressources modernes. Mais la time line change souvent, on découvre les
personnages enfants, puis juste avant des moments dramatiques de leur vie, et
enfin durant leurs premiers mois de survie. Ce que le film n’utilise pas du
tout. Ce dernier commence au moment de la panne, et ne revient que brièvement
en arrière, pour quelques détails. C’est une narration qui ne dérange pas dans
un film, et qui le rend peut-être même plus digeste. Mais j’ai aimé que le
livre fasse des bonds dans le temps. Les personnages trouvent beaucoup plus de
profondeur à mes yeux ainsi. Un défaut du film, qui englobe 310 pages en 1h40,
et qui du coup efface beaucoup de nuances. Des détails, mais des détails qui
permettent de cerner beaucoup mieux des personnages. Et pouvoir se retrouver
dans la tête de Nell et Eva, dans une histoire comme celle-ci, c’était très
important. Elles vivent l’une sur l’autre durant des mois, et traversent des
épreuves inimaginables. Le film ne fait qu’effleurer la surface, quand le livre
creuse profondément.
Ce que le roman permet de ressentir encore plus, c’est tous les
changements qui vont avec cette panne de longue durée. Les priorités changent,
et le quotidien est plus brut. Manger. Dormir. Chasser. Produire. Survivre.
Recommencer. Le livre s’étale bien sûr bien plus sur ces routines dont
dépendent les deux sœurs. Le film n’est pas mauvais sur ce sujet, certaines
scènes très courtes, permettent de se rendre compte de la torture mentale qui
les assaille.
Là où l’adaptation est très forte, peut-être plus que le roman, c’est
certainement sur les scènes qui impactent violemment la vie des héroïnes. Les
images et les sons sont inévitables. Le jeu des actrices (Ellen Page et Evan
Rachel Wood) y est pour beaucoup. Chacune maîtrise son rôle et lui apporte ce
que j’avais imaginé dans le roman. Le détachement d’Eva, et la hargne de Nell.
Il y a peu, j’ai recommencé à corner mes livres. Car je n’ai pas
toujours des post-its sous la main. Dans le roman, deux pages sont cornées,
c’est que vraiment elles m’ont saisie !
Page 35 : Eva et moi étions libres de nous promener et
d’apprendre à notre guise […] On faisait pousser des courges et on jouait avec
des prismes, et nos parents expliquaient à l’État que ce que nous faisions,
c’était l’école.
Ce roman met en avant de merveilleuses valeurs. On y retrouve de la
pédagogie qui s’apparente à celle de Montessori. On comprend tout ce dont
l’homme est capable de faire s’il retire les barrières de la société qui
emprisonnent son esprit. C’est une déclaration à la liberté de vie. Ce que
malheureusement, le film ne transmet pas assez. Reste en surface, encore une
fois.
Conclusion, je ne peux pas vous laisser passer à côté de ce roman, qui
n’est pas un roman post-apocalyptique où le monde s’effondre. C’est un roman
qui fait renaître la Terre, et ses personnages.
Sympa! J ai acheté le livre la semaine passée, ta chronisue me donne envie de le découvrir sans trop le faire trainer dans ma pàl, s il ne semble pas tellement Noellique, il sera parfait pour débuter l année avec une réflexion sur nos valeurs et nos priorités
RépondreSupprimerTu me donnes, comme d'autres, très envie de découvrir ce texte!
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