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mardi 18 décembre 2018

Lire et voir : Dans la forêt

J’ai toujours aimé voir les adaptations des livres que je lisais, quand j’en avais la possibilité. Des fois, ça prend des mois, voire des années. Le livre n’est plus assez frais dans ma tête, et certains détails m’échappent. Ce qui n’est heureusement pas arrivé avec Into the forest, l’adaptation de Dans la forêt de Jean Hegland, enfin publié en français, chez Gallmeister (Totem, avec une couverture canon, pour le poche).

Ce roman date de 1996, et met en scène deux sœurs, Nell et Eva, qui survivent dans leur maison familiale, construite au milieu des bois, loin de tout. Le monde est privé d’électricité et tout commence à se dégrader. Des gens tombent malade et les structures coupées de courant ne permettent pas de les soigner. Avec le temps, elles vont apprendre à vivre plus que survivre et se découvrir l’une et l’autre.

C’est une histoire qui a eu beaucoup de bonnes critiques, dès sa sortie francophone en 2017. Peut-être que ces dernières m’en auront fait attendre beaucoup. C’est finalement en ayant digéré un peu le récit que j’ai vraiment réussi à déceler les différents messages, et les valeurs qu’il cachait.
Le roman est construit d’une façon très décousue, le personnage de Nell va tenir un journal de bord de leur vie telle qu’elle est maintenant, sans ressources modernes. Mais la time line change souvent, on découvre les personnages enfants, puis juste avant des moments dramatiques de leur vie, et enfin durant leurs premiers mois de survie. Ce que le film n’utilise pas du tout. Ce dernier commence au moment de la panne, et ne revient que brièvement en arrière, pour quelques détails. C’est une narration qui ne dérange pas dans un film, et qui le rend peut-être même plus digeste. Mais j’ai aimé que le livre fasse des bonds dans le temps. Les personnages trouvent beaucoup plus de profondeur à mes yeux ainsi. Un défaut du film, qui englobe 310 pages en 1h40, et qui du coup efface beaucoup de nuances. Des détails, mais des détails qui permettent de cerner beaucoup mieux des personnages. Et pouvoir se retrouver dans la tête de Nell et Eva, dans une histoire comme celle-ci, c’était très important. Elles vivent l’une sur l’autre durant des mois, et traversent des épreuves inimaginables. Le film ne fait qu’effleurer la surface, quand le livre creuse profondément.

Ce que le roman permet de ressentir encore plus, c’est tous les changements qui vont avec cette panne de longue durée. Les priorités changent, et le quotidien est plus brut. Manger. Dormir. Chasser. Produire. Survivre. Recommencer. Le livre s’étale bien sûr bien plus sur ces routines dont dépendent les deux sœurs. Le film n’est pas mauvais sur ce sujet, certaines scènes très courtes, permettent de se rendre compte de la torture mentale qui les assaille.
Là où l’adaptation est très forte, peut-être plus que le roman, c’est certainement sur les scènes qui impactent violemment la vie des héroïnes. Les images et les sons sont inévitables. Le jeu des actrices (Ellen Page et Evan Rachel Wood) y est pour beaucoup. Chacune maîtrise son rôle et lui apporte ce que j’avais imaginé dans le roman. Le détachement d’Eva, et la hargne de Nell.

Il y a peu, j’ai recommencé à corner mes livres. Car je n’ai pas toujours des post-its sous la main. Dans le roman, deux pages sont cornées, c’est que vraiment elles m’ont saisie !
Page 35 : Eva et moi étions libres de nous promener et d’apprendre à notre guise […] On faisait pousser des courges et on jouait avec des prismes, et nos parents expliquaient à l’État que ce que nous faisions, c’était l’école.
Ce roman met en avant de merveilleuses valeurs. On y retrouve de la pédagogie qui s’apparente à celle de Montessori. On comprend tout ce dont l’homme est capable de faire s’il retire les barrières de la société qui emprisonnent son esprit. C’est une déclaration à la liberté de vie. Ce que malheureusement, le film ne transmet pas assez. Reste en surface, encore une fois.

Conclusion, je ne peux pas vous laisser passer à côté de ce roman, qui n’est pas un roman post-apocalyptique où le monde s’effondre. C’est un roman qui fait renaître la Terre, et ses personnages.


mardi 21 février 2017

Indian Creek

Le garde commença à parler de bois à brûler. Je hochais la tête sans arrêt, comme si j'avais abattu des forêts entières avant de le rencontrer. — Il te faudra sans doute sept cordes de bois, m'expliqua-t-il. Fais attention à ça. Tu dois t'en constituer toute une réserve avant que la neige n'immobilise ton camion. Je ne voulais pas poser cette question, mais comme cela semblait important, je me lançai : — Heu... C'est quoi, une corde de bois ? Ainsi débute le long hiver que Pete Fromm s'apprête à vivre seul au cœur des montagnes Rocheuses, et dont il nous livre ici un témoignage drôle et sincère, véritable hymne aux grands espaces sauvages. Indian Creek est un captivant récit d'aventures et d'apprentissage, un Walden des temps modernes. Ce classique contemporain a établi Pete Fromm comme une des grandes voix de l'Ouest.


Mon avis

Bonus de mon Cold Winter challenge, Indian Creek de Pete Fromm a passé de longs mois dans ma Wishlist, pour enfin atterrir dans ma PAL un jour où j’avais besoin d’acheter quelque chose (ces fameux jours où juste la sensation d’acheter un livre nous réconforte, sûrement un jour sans). Des montagnes, la solitude et de la neige. La recette parfaite.

Pete a besoin de vivre quelque chose. Étudiant en biologie animale à l’université, il se plonge avec délice dans les récits de trappeurs, et est fasciné par les histoires de ces hommes. Ces figures qui aujourd’hui ont quelque chose à raconter. Mais lui, que pourra-t-il bien raconter s’il reste ici, à ne rien faire d’autre qu’étudier et vivre sa vie ?
Sur un coup de tête, il part garder des œufs de poissons à Indian Creek. Plus de 2 millions d’œufs à préserver dans un bassin au fin fond des Rocheuses. Une tente. Sa chienne Boone. Les montagnes. Et lui.

L’auteur passe par beaucoup d’émotions, et nous les livre avec justesse. Son manque d’expérience pour cette mission aurait pu lui être fatal à de nombreuses reprises, mais il décide d’en faire sa force. De ne jamais se laisser abattre, de dépasser les auteurs/trappeurs des livres qu’il a pu lire. Bien sûr, la beauté du texte réside beaucoup dans les contemplations de la nature, de la liberté et des limites que Pete va franchir. Mais il y a une sensation qui dépasse tout cela, une sorte de questionnement que j’ai trouvé tellement touchant.
Durant ces nombreux mois d’hiver, Pete rêve de passer quelques jours loin de sa solitude, loin de la neige et du froid. De prendre une vraie douche, de manger un vrai repas, de passer du temps avec ses amis. À chaque fois, son plan pour échapper quelques jours à sa solitude s’effondre. Et quand il y arrive enfin ! quand il descend de sa montagne pour la première fois depuis des semaines, il se décrit perdu. Voire même agressé par tout ce qui l’entoure. Les gens, les bruits, la facilité de vie, tout est encombrant et dénué de sens. J’ai ressenti sa détresse à ce moment-là. On se focalise quotidiennement sur des petits riens qu’on transforme rapidement en montagnes de problèmes. Alors qu’ils n’en sont pas. Il suffirait de les prendre pour ce qu’ils sont vraiment : des petits problèmes, et les traiter avant qu’ils ne deviennent énormes.
Pete Fromm vit ces quelques mois loin de tout avec tous ses sens en éveils, chaque tâche est importante, malgré sa simplicité. J’ai vraiment été bouleversée par son retour, quand il « recommence » à vivre comme avant. Lui qui cherchait quelque chose à raconter, ce qu’il a vécu restera à jamais une expérience unique, et il aura beau la raconter mille fois, elle n’aura jamais la même saveur qu’au moment où il l’a vécue.

À côté de ça, Pete m’aura beaucoup fait rire. Son manque de préparation nous vaudra quelques fous-rires. Que ce soit son arrivée avec les gardes, qui ne le pensent pas capable de survivre seul à cet endroit. La scène du couteau suisse, qui aurait pu finir au drame. Ses réflexions sur sa vie de solitaire. Une histoire qui nous fait autant rire que pleurer. Merci Pete Fromm, de m’avoir fait voyager à travers tes mots, vers Indian Creek, alors que j’étais tranquillement emmitouflée dans mon plaid à siroter une tasse de thé.  


Auteur : Pete Fromme
Éditeur : Gallmeister
Collection : Totem
Parution : 30 avril 2010
Pages : 237
EAN-13 : 9782351785027

lundi 30 mars 2015

Sukkwan Island

Auteur : David Vann
Editeur : Gallmeister
Collection : Nature Writing
Parution : 5 janvier 2010
Pages : 191
EAN-13 : 9782351780305

Une île sauvage du Sud de l'Alaska, accessible uniquement par bateau ou par hydravion, tout en forêts humides et montagnes escarpées. C'est dans ce décor que Jim décide d'emmener son fils de treize ans pour y vivre dans une cabane isolée, une année durant. Après une succession d'échecs personnels, il voit là l'occasion de prendre un nouveau départ et de renouer avec ce garçon qu'il connaît si mal. La rigueur de cette vie et les défaillances du père ne tardent pas à transformer ce séjour en cauchemar, et la situation devient vite incontrôlable. Jusqu'au drame violent et imprévisible qui scellera leur destin.


Mon avis

Je cherchais ce livre à la bibliothèque depuis un moment, sans vouloir l'acheter, j'ai préféré emprunter pour découvrir l'auteur. Bien que j'en avais entendu beaucoup de bien, trop peut être, le livre n'a pas été à la hauteur de mes espérances. Je n'en ressors pas déçue, mais un peu sceptique face à tant de bons avis.

David Vann a grandi dans les îles d'Alaska, ce qui le rend très proche de l'environnement des deux personnages de ce roman. Sa plume est rude, précise, piquante par moment. Pourtant mêmes les événements surprenants du romans n'ont pas fait cet effet de surprise sur moi. J'ai eu un léger "oh!" au moment cruciale, mais sans plus. Peut être suis-je sans coeur après tout. L'histoire est celle d'un père dentiste, qui décide d'emmener son fils Roy sur une île d'Alaska, vivre dans un petit cabanon qu'il a acheté. Les deux hommes vont devoir survivre, et se débrouiller comme des pionniers.

Basé sur "Legend of a Suicide" - "Légende d'un suicide" la trame s'enfonce petit à petit dans quelque chose de sombre et poisseux. Le père, au bord de la crise, essaye tant bien que mal de vivre, alors que la mort lui semble être son seul refuge. Ce personnage est assez bruyant pour peu d'intérêt. Il m'a fait penser à un lâche qui se décide toutes les 5 minutes pour quelque chose d'autre, sans jamais vraiment entreprendre quoi que ce soit sérieusement. Il est paumé, et au lieu de se perdre seul, il décide d'embarquer son fils dans son précipice. J'ai trouvé ce personnage très bipolaire, autant joyeux, plein d'entrain, pleins de projets pour la petite cabane et la manière de s'organiser pour vivre ici avec son fils, autant déprimant et irréfléchis. On ne part pas comme ça en pleine nature, sans avoir un minimum d'entrainement, surtout pas avec un enfant. Il m'a donné cette impression de vivre dans un monde bien à lui que seul lui comprend. Ce qui est probablement le cas.

Le personnage de Roy est du coup beaucoup plus touchant. On en vient à presque détester son père, il est donc forcément plus attachant. Sans grande envie, il décide de le suivre sur cette île pour le bien de son paternel. Roy a peur que son père ne face l’irrécupérable et passe à l'acte. L'accompagner est donc sa seule solution. Le jeune garçon va se retrouver avec un père déprimé et une vie rude en pleine nature. Nous vivons l'aventure avec lui dans la première partie du roman, pour ensuite suivre plutôt Jim, le papa.

Les enjeux de ce livre sont énormes, et pourtant j'ai été déçue de ne pas avoir plus d'explications sur les agissements des personnages. Certaines choses arrivent, et tout était à deviner, supposer, plutôt que de lire une explication. C'est un genre, je ne dis pas, mais ce n'étais pas vraiment le mien pour le coup. 

Ce que j'ai beaucoup aimé par contre c'est cette ambiance froide, glaciale même qui règne en permanence. Même quand il est censé faire beau et chaud, je ressentais ce froid constant. L'auteur met en avant une atmosphère brumeuse et humide, on la ressent jusqu'à l'os durant notre lecture, alors que personnellement j'étais confortablement calée dans mon canapé, bien au chaud. J'ai également apprécié le fait que cette vie, un peu rude et primaire, soit quasiment le reflet de ce qui se passe dans la tête des personnages. L'auteur joue, pour moi, sur ces paysages vides comme un reflet de l'esprit de ses protagonistes. 

Une ambiance ressentie à 100% et des paysages de rêves qui m'ont fait voyagé. Mais trop peu d'explications sur les personnages pour réellement aimer complétement ce livre.

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