Lorsque les
douaniers m'ont trouvé, tapi au fond d'un camion à la frontière française,
j'avais douze ans et j'étais seul. Je n'arrêtais pas de répéter : « jemapèlblèzfortunéjesuicitqyendelarépubliquedefrance
célapurvérité ».
Je ne savais pas que mon passeport était trafiqué, et en dehors de ces
quelques mots, je ne parlais que le russe. Je ne pouvais pas expliquer comment
j'étais venu du Caucase jusqu'ici, dans le pays des droits de l'homme et de
Charles Baudelaire.
Surtout, j'avais perdu Gloria. Gloria Bohème, qui s'était occupée de moi
depuis que ma mère avait disparu. Avec elle, j'avais vécu libre, malgré la
guerre, malgré les frontières, malgré la misère et la peur. Elle me manquait
terriblement, mais j'ai toujours gardé l'espoir de retrouver cette femme au
coeur immense, qui avait le don d'enchanter ma vie.
Mon avis
Lu en lecture commune avec Reikuranpanda,
Le temps des miracles fait partie des
romans d’Anne-Laure Bondoux qui manquaient à ma bibliothèque. L’autrice va nous
parler de la fuite, de la migration, mais aussi de la guerre et du terrorisme.
Le combat d’une femme pour sauver un enfant. Et le combat d’un enfant pour
vivre.
C’est l’histoire d’un jeune
garçon appelé Koumaïl dans le Caucase, et Blaise, sur son passeport français.
Il vit avec Gloria, une femme qui l’a recueilli alors qu’il n’était qu’un bébé.
Koumaïl est en fait le fils de Jeanne Fortune, une Française victime d’un
attentat terroriste dans un train. Son fils Blaise a survécu, et depuis ce jour,
Gloria met tout en œuvre pour ramener le petit garçon dans son pays d’origine.
Malgré les difficultés de la
vie, Koumaïl est un enfant courageux et téméraire. Son innocence permet à
Gloria de lui faire faire beaucoup de choses, pour qu’ils s’en sortent. Elle
lui raconte quantité d’histoires, qui semblent toutes plus réalistes les unes
que les autres, et qui doivent déboucher sur l’arrivée de Koumaïl en France.
L’autrice invoque la violence de la guerre, et la montre sans prendre de
pincettes avec ses lecteurs. C’est un point très positif avec Anne-Laure
Bondoux, c’est qu’elle reste franche, qu’importe l’âge de ses personnages. La
guerre, c’est la guerre, et ce n’est pas moins violent pour des enfants. Voilà
la dure réalité. Koumaïl va devoir se battre dans tous les sens du terme, pour
avancer et tenter de connaître un monde meilleur.
Gloria, sa compagne depuis
toujours, est un personnage qui m’a incroyablement touchée. Tout ce qu’elle met
en œuvre pour sauver la vie de cet enfant est remarquable. Sa propre vie passe
au second plan, son but est que l’enfant aille bien. Pour ça, elle n’hésitera
pas à tout sacrifier. Son tempérament à toute épreuve ne peut que forcer notre
admiration.
C’est un texte rude, dans une
atmosphère pesante et poussiéreuse. Les personnages avancent comme ils peuvent,
souvent ballottés dans des camions remplis de passagers clandestins. La
nourriture manque souvent, tout comme l’argent. Personne ne sait de quoi sera
fait demain. On ressent toute la peur de devoir fuir à tout moment, en
emportant uniquement le nécessaire. Ne pas avoir d’endroit à soi, devoir
toujours s’enfuir et partir. Ne jamais être accepté nulle part, et ne jamais
être en paix. L’autrice sait mettre toutes ces sensations en évidence, et nous
dépeint le quotidien de milliers de personnes dans le monde, à travers une
fiction.
Une lecture forte, qui ne
laisse pas indemne. Que ce soit par ses personnages, son
sujet ou encore sa révélation.
Autrice : Anne-Laure Bondoux
Éditeur : Bayard Jeunesse
Collection : Millézime
Parution : 8 janvier 2009
Pages : 254
J'ai lu ce roman il y a déjà quelques années et j'avais vraiment beaucoup aimé.
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