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mercredi 11 avril 2018

Le temps des miracles


Lorsque les douaniers m'ont trouvé, tapi au fond d'un camion à la frontière française, j'avais douze ans et j'étais seul. Je n'arrêtais pas de répéter : « jemapèlblèzfortunéjesuicitqyendelarépubliquedefrance célapurvérité ».

Je ne savais pas que mon passeport était trafiqué, et en dehors de ces quelques mots, je ne parlais que le russe. Je ne pouvais pas expliquer comment j'étais venu du Caucase jusqu'ici, dans le pays des droits de l'homme et de Charles Baudelaire.

Surtout, j'avais perdu Gloria. Gloria Bohème, qui s'était occupée de moi depuis que ma mère avait disparu. Avec elle, j'avais vécu libre, malgré la guerre, malgré les frontières, malgré la misère et la peur. Elle me manquait terriblement, mais j'ai toujours gardé l'espoir de retrouver cette femme au coeur immense, qui avait le don d'enchanter ma vie.


Mon avis

Lu en lecture commune avec Reikuranpanda, Le temps des miracles fait partie des romans d’Anne-Laure Bondoux qui manquaient à ma bibliothèque. L’autrice va nous parler de la fuite, de la migration, mais aussi de la guerre et du terrorisme. Le combat d’une femme pour sauver un enfant. Et le combat d’un enfant pour vivre.

C’est l’histoire d’un jeune garçon appelé Koumaïl dans le Caucase, et Blaise, sur son passeport français. Il vit avec Gloria, une femme qui l’a recueilli alors qu’il n’était qu’un bébé. Koumaïl est en fait le fils de Jeanne Fortune, une Française victime d’un attentat terroriste dans un train. Son fils Blaise a survécu, et depuis ce jour, Gloria met tout en œuvre pour ramener le petit garçon dans son pays d’origine.

Malgré les difficultés de la vie, Koumaïl est un enfant courageux et téméraire. Son innocence permet à Gloria de lui faire faire beaucoup de choses, pour qu’ils s’en sortent. Elle lui raconte quantité d’histoires, qui semblent toutes plus réalistes les unes que les autres, et qui doivent déboucher sur l’arrivée de Koumaïl en France. L’autrice invoque la violence de la guerre, et la montre sans prendre de pincettes avec ses lecteurs. C’est un point très positif avec Anne-Laure Bondoux, c’est qu’elle reste franche, qu’importe l’âge de ses personnages. La guerre, c’est la guerre, et ce n’est pas moins violent pour des enfants. Voilà la dure réalité. Koumaïl va devoir se battre dans tous les sens du terme, pour avancer et tenter de connaître un monde meilleur.
Gloria, sa compagne depuis toujours, est un personnage qui m’a incroyablement touchée. Tout ce qu’elle met en œuvre pour sauver la vie de cet enfant est remarquable. Sa propre vie passe au second plan, son but est que l’enfant aille bien. Pour ça, elle n’hésitera pas à tout sacrifier. Son tempérament à toute épreuve ne peut que forcer notre admiration.

C’est un texte rude, dans une atmosphère pesante et poussiéreuse. Les personnages avancent comme ils peuvent, souvent ballottés dans des camions remplis de passagers clandestins. La nourriture manque souvent, tout comme l’argent. Personne ne sait de quoi sera fait demain. On ressent toute la peur de devoir fuir à tout moment, en emportant uniquement le nécessaire. Ne pas avoir d’endroit à soi, devoir toujours s’enfuir et partir. Ne jamais être accepté nulle part, et ne jamais être en paix. L’autrice sait mettre toutes ces sensations en évidence, et nous dépeint le quotidien de milliers de personnes dans le monde, à travers une fiction.

Une lecture forte, qui ne laisse pas indemne. Que ce soit par ses personnages, son sujet ou encore sa révélation.

Autrice : Anne-Laure Bondoux
Éditeur : Bayard Jeunesse
Collection : Millézime
Parution : 8 janvier 2009
Pages : 254

mardi 18 novembre 2014

Les filles sauvages

Auteur : Pat Murphy
Edition : Bayard Jeunesse
Collection : Millézime
Parution : 20 février 2014
Pages : 347
EAN-13 : 9782747034975

Joan vient d'emménager avec sa famille près de San Francisco, à la lisière d'un bois. Là, elle rencontre une fille étrange qui prétend s'appeler Renarde et vit seule avec son père dans une maison délabrée, au coeur de la forêt. Les deux filles deviennent amies et participent ensemble à un concours de nouvelles. Elles remportent le premier prix et sont invitées à suivre un stage d'écriture pendant l'été. La porte d'un nouveau monde s'ouvre alors pour Joan : un monde merveilleux, plein d'ombres et de contradictions, mais aussi de lumières et de possibles.


Mon avis


Ce livre est arrivé de la meilleure des façons dans ma PAL. On connait tous le même souci, concernant nos Wishlist, je pense, les copinautes qui présentent des livres, nous les font augmenter, les livres avec bons avis, et belles couvertures nous intéresse et terminent souvent sur nos étagères. Pourtant celui-ci, je l’ai prit à l’instinct. Vous savez ce genre de livre dont vous ne savez rien, que vous n’avais entendu nulle part, mais quelque chose vous connecte, et vous pousse à le lire.

C’est donc sans grande attende que je commence ma lecture de ce livre, plutôt sauvage. L’auteur part immédiatement avec un point bonus pour moi, son histoire se déroule dans des années que j’aurais adoré connaître : les seventies. Toute l’ambiance du roman était donc différente que s’il s’était passé de nos jours. L’auteur utilise plusieurs sujets intéressants, la maturité, l’écriture, les électrons libres, la sauvagerie et l’imagination. A travers les yeux d’une enfant, d’une adolescente, il nous met en confiance, et nous transmet un joli message.

Joan/Salamandre est une jeune fille qui part de son Connecticut natal avec sa famille, pour venir vivre près de San Francisco. Nouvelle maison, nouvelle école, nouvelle vie. C’est en voulant tuer le temps dans la forêt qu’elle tombe sur une fille rousse, aux allures de sauvageonne. Cette rencontre, elle ne le sait pas encore, va changer sa vie. Joan est en âge de comprendre que l’amour entre ses parents n’est plus au rendez-vous, et que son père utilise toutes les excuses pour rabaisser tout le monde. Mais grâce à sa nouvelle amitié avec Renarde, et un stage d’écriture, elle va poser les bonnes questions, et faire ressortir la vérité face à ses parents. Son personnage ressemble à beaucoup de jeunes filles, et reflète ce que nous avons pu ressentir à cet âge. L’impression de ne pas se faire comprendre, d’être trop petit pour les adultes, mais trop grand pour ce qui parlent aux enfants, on est dans cet entre deux incompréhensible qui promet pleins de bonnes choses, mais aussi des moins bonnes. Joan va se découvrir une âme d’écrivain, manier la plume est un excellent exutoire à tout âge, mais particulièrement à l’adolescence (pour preuve, j’ai tenu des journaux intimes entre mes 12 et 22 ans, très régulièrement). L’écriture va donc se révéler salvateur pour elle, et son amitié avec Renarde va lui ouvrir les yeux sur beaucoup de chose.
Sarah/Renarde vit avec son père, Gus, dans une petite maisonnette près d’une forêt. Elle passe son temps à vagabonder dans les bois, et ne possède pas vraiment d’amis. De nature revêche quand elle se trouve dans son élément, on la découvre très timide en classe. Renarde possède cette âme de cheffe, mais que quand elle est seule, ou avec des personnes de confiances. Elle a une imagination débordante, et pense que sa mère disparue s’est en fait transformée en renarde.
Les deux personnalités de Joan et Sarah se complète au final parfaitement. Et chacun de nous possède une part de ces personnalités. Elles m’ont été toutes les deux très proches, pour ce qu’elles ont réveillé en moi. L’adolescence, heureuse mais parfois chamboulée par des petits aléas de la vie. Les mots qui ne sortent jamais devant les gens. L’envie de solitude. De liberté. Tout ça m’a fait vibrer, car c’est exactement ce que je ressentais à cet âge.

L’histoire transmet cette atmosphère à la fois rassurante et déstabilisante. Les forêts, et les histoires imaginaires des jeunes filles. Mais soudainement la peur d’un parent, des cris dans une maison, de parler devant les gens… Tout se mélange pour former un magnifique roman, presque un conte initiatique. Merci Pat Murphy pour ce roman atypique, qui sort de ce que nous avons l’habitude de voir ces temps dans les romans ados. En dire plus est assez difficile, car ce n'est pas un roman que l'on lit, on le vit pleinement. Il nous fait passer par beaucoup d'émotions, et tout le monde sait à quel point c'est dur de parler parfaitement de quelque chose qu'on adoré. 

Je lui donne le coup de coeur, un peu pour les mêmes raisons que Fangirl de Rainbow Rowell. Il ne possède rien d'exceptionnel, certains passages pourraient même être changés pour être mieux. Mais il a ce quelque chose, il fait partie de ces livres étranges qui résonne encore longtemps après dans vos têtes, et vous rappel des choses. Quand un livre arrive à faire ça avec moi, c'est qu'il est presque parfait, et que ses petites imperfections, le rendent presque encore meilleur. 



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