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jeudi 21 juin 2018

Butcher's Crossing


Dans les années 1870, persuadé que seule la nature peut donner un sens à sa vie, le jeune Will décide de quitter le confort de Harvard pour tenter la grande aventure dans l'Ouest sauvage. Parvenu à Butcher's Crossing, une bourgade du Kansas, il se lie d'amitié avec un chasseur qui lui confie son secret : il est le seul à savoir où se trouve l'un des derniers troupeaux de bisons, caché dans une vallée inexplorée des montagnes du Colorado. Will accepte de participer à l'expédition, convaincu de toucher au but de sa quête. Le lent voyage, semé d'embûches, est éprouvant mais la vallée ressemble effectivement à un paradis. Jusqu'à ce que les deux hommes se retrouvent piégés par l'hiver...

Mon avis

Avertissement : Les scènes de chasse et d’écorchages sont détaillées.

Vous vous souvenez de ces histoires de couvertures, trop attirantes, qui font que je ne lis pratiquement pas le résumé du bouquin ? Il en fait partie. Et ce fut une bonne surprise.

John Williams plante son décor dans le Colorado en 1870. Le jeune Will Andrews cherche à vivre une expérience unique, celle de l’homme dans la nature, au cœur de la chasse et de la vente de peaux de bisons.
Le style est très contemplatif, l’auteur décrit avec précision les paysages qui se succèdent devant les yeux de Will. Puis la plume devient soudainement rythmée et vive, et les actions s’enchaînent. C’est donc un style assez inégal, qui colle pourtant parfaitement au récit.

Will sera notre personnage miroir. Celui qui ne connaît rien à la vie de chasseur, et qui découvre un nouveau monde. Il incarne le personnage naïf, tendre et sage. Celui qui suit les ordres et qui n’ira jamais à l’encontre de ce qu’on lui dit. Il sait que ce n’est pas son terrain, il va donc suivre le mouvement. Cette expérience va le changer. Il reste cependant un personnage assez plat, il ne fait pas de vague, ce qui le rend parfois un peu terne. Mine de rien, il reste le personnage auquel je me serai le plus attachée.
Hodge est également un suiveur. Il fait confiance au chef de troupe : Miller. Son but est de revenir vivant de cette expédition, qui l’effraie et fait remonter de vilains souvenirs. Mais lui aussi reste assez passif. Celui qui va vraiment oser tenir tête aux autres est Fred, l’écorcheur. Il veut simplement effectuer son travail, sur la période demandée et prendre sa part. Quand le voyage commence à changer de mouvement, il fait entendre son mécontentement. Je l’ai beaucoup aimé, car il sait ce qu’il fait, et ose affronter Miller. Il connaît très bien le terrain, et sait que les fantasmes de Miller peuvent les mener à leur perte.
Miller est le personnage le plus élaboré. Depuis 10 ans, il rêve d’une chasse au bison dans les grandes et vastes plaines du Colorado. Des bisons par milliers, comme on n’en a jamais vu. Il n’a aucune preuve que ces troupeaux soient toujours là, mais il le sent, et il a enfin l’opportunité de réaliser son rêve. Tant pis pour le reste, ou les autres. L’auteur l’utilise pour donner corps à l’ambition, celle qui peut nous coûter beaucoup et nous mettre en danger. Miller n’a aucune conscience, et suit simplement son instinct, jusqu’à a limite du raisonnable.

Ce n’est pas un roman qui offre une grande aventure de chasseur. Il est plutôt là pour illustrer les différentes étapes d’un esprit rongé par un rêve, une chimère. L’auteur pousse ses personnages dans certains de leurs retranchements. Il n’y a que très peu de violence physique entre les quatre hommes, c’est amené de façon beaucoup plus subtile que simplement quelques coups de poing. La folie les guette tous, et elle est finalement bien plus dangereuse que des coups.
J’ai été surprise par cette lecture. Elle m’a montré quelque chose que je ne m’attendais pas à voir.


Auteur : John Edward Williams
Éditeur : 10X18
Collection : Littérature étrangère
Parution : 1er mars 2018
Pages : 336

vendredi 20 avril 2018

Un hiver long et rude


Rien ne va plus chez les Cartwright. Alors qu'Emily s'apprête à donner naissance à son huitième enfant, Megan, fille unique de la fratrie et mère de substitution de chacun, décide de voler de ses propres ailes. À 21 ans, l'heure est venue pour la jeune fille de se libérer des siens. Adieu le Grand Nord canadien, bonjour le swinging London ! Mais pendant que Megan se cherche dans la Vieille Europe, les Cartwright, eux, tentent des survivre. Qui pour s'occuper du foyer, désormais ? Pour remplir le frigo ? Pour protéger Adam, 4 ans, et ses frères de la folie douce d'Emily ?

Des hivers immaculés du Canada au Londres frémissant des sixties, la destinée de trois membres d'une famille malmenée par les drames. Après Le Choix des Morrison, Mary Lawson signe un roman tout en finesse, plein de tendresse, de colère et d'amour.


Mon avis

Prévu pour mon Cold Winter Challenge, j’ai finalement attendu que Lilybullerose soit prête à le lire avec moi, en lecture commune.

Une fois n’est pas coutume, j’ai choisi ce titre pour une question de look. Certes, ce n’est pas la meilleure des raisons. Et en plus, ça m’a déjà valu de bien mauvaises surprises. Mais celui-ci, j’y croyais. Tout était là. Couverture. Titre. Résumé. Bref, je m’y voyais déjà. Et ? BINGO ! Excellente lecture.

Nous allons suivre une famille nombreuse, soit deux parents et huit enfants. Trois points de vue vont nous être offerts, celui de Megan, la seule fille, Tom l’aîné et Edward le père. Chacun va se succéder pour nous raconter son quotidien sur deux ans. Le rythme prend son temps pour se poser. Il faut bien quelques chapitres pour vraiment s’ancrer dans l’histoire, et s’attacher aux personnages. Une fois que c’est fait, ça a été un pur régal. J’ai trouvé le schéma intéressant et l’idée des narrations différentes permet de naviguer entre les années et les personnages facilement.

Megan, 21 ans, décide de quitter la maison. Enfin. Elle décide de partir du nord du Canada pour l’Angleterre. Oui, quand même. Sans grande surprise, c’est le personnage que j’ai le plus apprécié. Déjà pour une facilité d’identification, bien qu’elle soit loin de la fille unique, mais surtout pour son combat et ses idées. Elle veut changer de vie, et va avoir le courage de le faire. Depuis qu’elle sait aider, Megan a été le double de sa mère. Avant ou après l’école, c’est elle qui gérait la maison. Alors quand elle annonce son départ, peu de membres de la famille la prennent au sérieux. Et surtout Emily, sa mère. Quand Megan prend enfin ses valises, c’est pour arriver à Londres. Et rien ne va se passer comme prévu. Mais grâce à son indépendance, c’est une nouvelle vie qui s’offre à elle. On découvre une Megan changée, à l’aise dans son travail et sa vie. Jusqu’au bout, ce personnage ne peut que nous toucher et nous faire vibrer. Que ce soit par ses choix ou son sens des priorités.

Tom est un jeune homme complexe. Une grande carrière l’attendait, et pourtant, quelque chose va venir tout bousculer. Il se retrouve à la maison, dans une vie de famille qui commence à prendre l’eau. En effet, à travers son regard, nous allons découvrir la maladie qui va commencer à ronger sa mère. Emily n’est heureuse que quand elle enfante. Après huit enfants (dont un mort-né), le médecin déconseille d’agrandir encore la famille. Mais quand Tom revient, son petit frère Dominic est là, nourrisson de quelques jours. À partir de ce moment, rien ne compte plus pour Emily que ce petit être dont elle doit prendre soin. Adam, alors âgé d’à peine quatre ans, doit du jour au lendemain se débrouiller seul. Bon gré mal gré, Tom va prendre son jeune frère sous son aile, alors qu’il recherche plutôt la paix et la solitude. Son caractère d’ours mal léché va pourtant lui attirer une nouvelle amitié, et lui qui rêvait de rester seul, va découvrir qu’on peut s’attacher à nouveau.

Edward est un personnage ruminant. J’étais au départ très hermétique face à lui. Il ne cherche que son petit confort après le travail, et ne voit pas que sa maison n’a plus aucun sens. Edward est un personnage hanté. Les souvenirs de son père, violent, et de sa mère, courageuse, mais passive, ne cessent de lui revenir. Il craint de devenir le même individu que son père, et préfère s’isoler et ne pas intervenir dans l’éducation de ses enfants. Pourtant, ce n’est pas son passé qui va lui revenir en pleine figure, mais bien le présent. C’est un personnage qui n’avance pas, et qui ressasse toujours les mêmes douleurs et regrets. Ce sont ces souffrances qui m’auront permis de percer sa carapace, et enfin apprendre à l’apprécier.

Ce roman met en lumière plusieurs choses ; l’émancipation, avec Megan. Bien qu’elle souhaite partir, elle ne cesse de penser à sa famille, et culpabilise régulièrement de les avoir laissés seuls. Seuls. À dix. Dont trois adultes. On ressent tout le poids de la famille sur ses épaules. Poids qu’elle ne veut pas lâcher en Angleterre, vu qu’elle va s’ajouter de nouvelles charges, encore et encore. Le deuil, avec Tom. Avec son retour au bercail, il s’enlise dans une routine muette. Ne fait aucun effort pour s’en sortir. C’est finalement grâce à son petit frère qu’il va sortir la tête de l’eau et commencer à repenser à vivre. Et enfin le poids du passé, avec Edward. Comme ses enfants, il peine à se détacher. Il regrette certains choix et plutôt que d’avancer, ne fait que regarder en arrière.
On découvre aussi que même à vivre tous sous le même toit, on peut très bien s’éviter et ignorer les problèmes des autres. La douce descente vers la folie d’Emily en est la preuve. Tout le monde est d’accord pour dire que quelque chose cloche, mais personne ne bouge.

Le roman se déroule lors de grands hivers canadiens, où la neige n’est pas juste belle, elle handicape toute une ville. Des gens sont retrouvés morts de froid, et chaque sortie est une aventure. On découvre également l’hiver londonien à travers les yeux de Megan. Un hiver presque plus rude, malgré les degrés en plus.

Pour moi, ce roman est une réussite. Les messages ainsi que les personnages m’ont touchée.


Autrice : Mary Lawson
Éditeur : 10X18
Collection : Littérature étrangère
Parution : 21 janvier 2016
Pages : 380

jeudi 7 septembre 2017

Belgravia

15 juin 1815. Tandis que les troupes de Napoléon sont en marche, la jeune Sophie Trenchard ne peut cacher sa joie. Issue d'une famille d'intendants, la voilà invitée au bal de la duchesse de Richmond, l'événement qui réunit la plus brillante société de Grande-Bretagne à Bruxelles. Elle espère surtout y croiser le beau Edmund Bellasis, le meilleur parti du moment. Mais la soirée est interrompue par l'annonce d'une bataille imminente : Waterloo. Vingt-cinq ans plus tard, les Trenchard se sont installés à Belgravia, bastion londonien de l'aristocratie. Mais un scandale passé menace leur insolente réussite...



Mon avis

Merci à ma Sauvage préférée pour ce cadeau d’anniversaire. À peine arrivé, Emilie me proposait déjà une lecture commune dessus, et hop, je n’ai pas pu résister. Fans de Downton Abbey, ce livre vous plaira certainement.

Déjà, car il s’agit du même auteur. Pour la série télé, Julian Fellowes était pratiquement seul aux commandes, et quand on voit le résultat, on lui reconfierait une série les yeux fermés. Son talent à la mise en scène se ressent dans sa plume. Il glisse avec facilité d’un personnage ou d’une action à une autre, sans perdre son lecteur. J’avais peur de me perdre dans les différents titres et noms des nombreux personnages, mais ils sont finalement tous rapidement reconnaissables. Les chapitres sont longs, ce qui peut parfois déplaire à certains lecteurs qui aiment s’arrêter uniquement aux chapitres pour leurs pauses. Mais rassurez-vous, les paragraphes sont bien coupés, et permettent de s’arrêter sans problème et sans se sentir perdu. Un style plaisant et fluide, pour supporter une intrigue intéressante, soit un très bon moment de lecture.

La famille Tranchard s’est fait un nom grâce aux ambitions de James, le père de famille. Leur réputation est fragile, et rien ne doit venir l’ébranler. Alors quand un scandale menace sa fille, James Tranchard est prêt à tout pour étouffer l’affaire, quitte à bouleverser des vies entières.

Les personnages sont très bien travaillés. On les découvre d’abord en surface, et les préjugés vont bon train. Mais plus l’intrigue avance, plus ils se révèlent. L’auteur n’hésite pas à les creuser, jusqu’à atteindre leur fragilité et nous les montrer sans masque. Chacun préserve ses intérêts, quitte à détruire la vie des autres. J’ai beaucoup aimé nombre de leurs échanges, toujours distingués et polis, mais remplis d’hypocrisie et de rancune. Les personnages se narguent à la limite du respect, mais ça passe, car c’est fait avec tellement de bonnes manières. Les différentes classes sociales sont également bien représentées. On retrouve l’importance des domestiques. L’ambiance « Downton Abbey » est là, et je l’ai retrouvée avec plaisir.
Pour citer mes personnages favoris, on retrouve Caroline Brockenhurst, qui fait clairement penser à Lady Violet dans Downton. Vieille et pleine de préjugés, mais pas si méchante et avec un bon fond, finalement. Sans être totalement gentille, elle fait partie de mes préférés, car intrépide malgré son âge avancé. Sans elle, le roman aurait perdu en saveur. On aime détester son snobisme, et à la fois on admire son ouverture d’esprit. Anne Tranchard peut parfois paraître un peu absente et lisse, pourtant elle fait partie des personnages principaux, mais plus l’histoire avance et plus elle impressionne. Beaucoup de choses vont se jouer autour d’elle et de ses décisions. Très maligne sous son apparence de Dame-qui-ne-pense-pas, elle sait quelle carte jouer et à quel moment de la partie. Mine de rien, Susan Tranchard se fait habilement passer pour une jeune femme écervelée, alors qu’elle cache bien son jeu et son ambition. Charles Pope est bien sûr, sur ma top-liste, car adorable et trop sincère.
Du côté des personnages moins cool, Oliver Tranchard est une belle tête à claques et John Bellasis rafle la mise, haut la main ! Cupide, égoïste et vantard, un parfait non-gentleman. Ils sont parfaits dans ces rôles et apportent toutes les nuances dont l’histoire a besoin.

L’intrigue est très bien amenée. On croit d’abord tout savoir, avant la plupart des personnages, et finalement notre intérêt pour cette histoire repose sur la façon dont chacun va apprendre la vérité. Mais l’auteur nous réserve un dernier twist final, qui remet tout le roman en question.
Bref, une histoire qui se dévore lors d’un week-end pluvieux.


Auteur : Julian Fellowes
Éditeur : 10X18
Collection : Littérature étrangère
Parution : 1er juin 2017
Pages : 522
EAN-13 9782264070005



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