Affichage des articles dont le libellé est Pete Fromm. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Pete Fromm. Afficher tous les articles

mardi 21 février 2017

Indian Creek

Le garde commença à parler de bois à brûler. Je hochais la tête sans arrêt, comme si j'avais abattu des forêts entières avant de le rencontrer. — Il te faudra sans doute sept cordes de bois, m'expliqua-t-il. Fais attention à ça. Tu dois t'en constituer toute une réserve avant que la neige n'immobilise ton camion. Je ne voulais pas poser cette question, mais comme cela semblait important, je me lançai : — Heu... C'est quoi, une corde de bois ? Ainsi débute le long hiver que Pete Fromm s'apprête à vivre seul au cœur des montagnes Rocheuses, et dont il nous livre ici un témoignage drôle et sincère, véritable hymne aux grands espaces sauvages. Indian Creek est un captivant récit d'aventures et d'apprentissage, un Walden des temps modernes. Ce classique contemporain a établi Pete Fromm comme une des grandes voix de l'Ouest.


Mon avis

Bonus de mon Cold Winter challenge, Indian Creek de Pete Fromm a passé de longs mois dans ma Wishlist, pour enfin atterrir dans ma PAL un jour où j’avais besoin d’acheter quelque chose (ces fameux jours où juste la sensation d’acheter un livre nous réconforte, sûrement un jour sans). Des montagnes, la solitude et de la neige. La recette parfaite.

Pete a besoin de vivre quelque chose. Étudiant en biologie animale à l’université, il se plonge avec délice dans les récits de trappeurs, et est fasciné par les histoires de ces hommes. Ces figures qui aujourd’hui ont quelque chose à raconter. Mais lui, que pourra-t-il bien raconter s’il reste ici, à ne rien faire d’autre qu’étudier et vivre sa vie ?
Sur un coup de tête, il part garder des œufs de poissons à Indian Creek. Plus de 2 millions d’œufs à préserver dans un bassin au fin fond des Rocheuses. Une tente. Sa chienne Boone. Les montagnes. Et lui.

L’auteur passe par beaucoup d’émotions, et nous les livre avec justesse. Son manque d’expérience pour cette mission aurait pu lui être fatal à de nombreuses reprises, mais il décide d’en faire sa force. De ne jamais se laisser abattre, de dépasser les auteurs/trappeurs des livres qu’il a pu lire. Bien sûr, la beauté du texte réside beaucoup dans les contemplations de la nature, de la liberté et des limites que Pete va franchir. Mais il y a une sensation qui dépasse tout cela, une sorte de questionnement que j’ai trouvé tellement touchant.
Durant ces nombreux mois d’hiver, Pete rêve de passer quelques jours loin de sa solitude, loin de la neige et du froid. De prendre une vraie douche, de manger un vrai repas, de passer du temps avec ses amis. À chaque fois, son plan pour échapper quelques jours à sa solitude s’effondre. Et quand il y arrive enfin ! quand il descend de sa montagne pour la première fois depuis des semaines, il se décrit perdu. Voire même agressé par tout ce qui l’entoure. Les gens, les bruits, la facilité de vie, tout est encombrant et dénué de sens. J’ai ressenti sa détresse à ce moment-là. On se focalise quotidiennement sur des petits riens qu’on transforme rapidement en montagnes de problèmes. Alors qu’ils n’en sont pas. Il suffirait de les prendre pour ce qu’ils sont vraiment : des petits problèmes, et les traiter avant qu’ils ne deviennent énormes.
Pete Fromm vit ces quelques mois loin de tout avec tous ses sens en éveils, chaque tâche est importante, malgré sa simplicité. J’ai vraiment été bouleversée par son retour, quand il « recommence » à vivre comme avant. Lui qui cherchait quelque chose à raconter, ce qu’il a vécu restera à jamais une expérience unique, et il aura beau la raconter mille fois, elle n’aura jamais la même saveur qu’au moment où il l’a vécue.

À côté de ça, Pete m’aura beaucoup fait rire. Son manque de préparation nous vaudra quelques fous-rires. Que ce soit son arrivée avec les gardes, qui ne le pensent pas capable de survivre seul à cet endroit. La scène du couteau suisse, qui aurait pu finir au drame. Ses réflexions sur sa vie de solitaire. Une histoire qui nous fait autant rire que pleurer. Merci Pete Fromm, de m’avoir fait voyager à travers tes mots, vers Indian Creek, alors que j’étais tranquillement emmitouflée dans mon plaid à siroter une tasse de thé.  


Auteur : Pete Fromme
Éditeur : Gallmeister
Collection : Totem
Parution : 30 avril 2010
Pages : 237
EAN-13 : 9782351785027
Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...