Le garde commença à parler de bois à brûler. Je hochais la tête sans
arrêt, comme si j'avais abattu des forêts entières avant de le
rencontrer.
— Il te faudra sans doute sept cordes de bois, m'expliqua-t-il. Fais
attention à ça. Tu dois t'en constituer toute une réserve avant que la
neige n'immobilise ton camion.
Je ne voulais pas poser cette question, mais comme cela semblait
important, je me lançai :
— Heu... C'est quoi, une corde de bois ?
Ainsi débute le long hiver que Pete Fromm s'apprête à vivre seul au cœur
des montagnes Rocheuses, et dont il nous livre ici un témoignage drôle
et sincère, véritable hymne aux grands espaces sauvages.
Indian Creek est un captivant récit d'aventures et d'apprentissage, un
Walden des temps modernes. Ce classique contemporain a établi Pete Fromm
comme une des grandes voix de l'Ouest.
Mon avis
Bonus de mon Cold Winter challenge, Indian Creek de Pete Fromm a passé de longs mois dans ma Wishlist, pour enfin atterrir dans ma PAL un jour où j’avais besoin d’acheter quelque chose (ces fameux jours où juste la sensation d’acheter un livre nous réconforte, sûrement un jour sans). Des montagnes, la solitude et de la neige. La recette parfaite.
Mon avis
Bonus de mon Cold Winter challenge, Indian Creek de Pete Fromm a passé de longs mois dans ma Wishlist, pour enfin atterrir dans ma PAL un jour où j’avais besoin d’acheter quelque chose (ces fameux jours où juste la sensation d’acheter un livre nous réconforte, sûrement un jour sans). Des montagnes, la solitude et de la neige. La recette parfaite.
Pete a besoin de vivre quelque chose. Étudiant en biologie animale à
l’université, il se plonge avec délice dans les récits de trappeurs, et est
fasciné par les histoires de ces hommes. Ces figures qui aujourd’hui ont
quelque chose à raconter. Mais lui, que pourra-t-il bien raconter s’il reste
ici, à ne rien faire d’autre qu’étudier et vivre sa vie ?
Sur un coup de tête, il part garder des œufs de poissons à Indian
Creek. Plus de 2 millions d’œufs à préserver dans un bassin au fin fond
des Rocheuses. Une tente. Sa chienne Boone. Les montagnes. Et lui.
L’auteur passe par beaucoup d’émotions, et nous les livre avec
justesse. Son manque d’expérience pour cette mission aurait pu lui être fatal à
de nombreuses reprises, mais il décide d’en faire sa force. De ne jamais se
laisser abattre, de dépasser les auteurs/trappeurs des livres qu’il a pu lire.
Bien sûr, la beauté du texte réside beaucoup dans les contemplations de la
nature, de la liberté et des limites que Pete va franchir. Mais il y a une
sensation qui dépasse tout cela, une sorte de questionnement que j’ai trouvé
tellement touchant.
Durant ces nombreux mois d’hiver, Pete rêve de passer quelques jours
loin de sa solitude, loin de la neige et du froid. De prendre une vraie douche,
de manger un vrai repas, de passer du temps avec ses amis. À chaque fois, son
plan pour échapper quelques jours à sa solitude s’effondre. Et quand il y
arrive enfin ! quand il descend de sa montagne pour la première fois
depuis des semaines, il se décrit perdu. Voire même agressé par tout ce qui
l’entoure. Les gens, les bruits, la facilité de vie, tout est encombrant et
dénué de sens. J’ai ressenti sa détresse à ce moment-là. On se focalise
quotidiennement sur des petits riens qu’on transforme rapidement en montagnes
de problèmes. Alors qu’ils n’en sont pas. Il suffirait de les prendre pour ce
qu’ils sont vraiment : des petits problèmes, et les traiter avant qu’ils
ne deviennent énormes.
Pete Fromm vit ces quelques mois loin de tout avec tous ses sens en
éveils, chaque tâche est importante, malgré sa simplicité. J’ai vraiment été
bouleversée par son retour, quand il « recommence » à vivre comme avant. Lui
qui cherchait quelque chose à raconter, ce qu’il a vécu restera à jamais une
expérience unique, et il aura beau la raconter mille fois, elle n’aura jamais
la même saveur qu’au moment où il l’a vécue.
À côté de ça, Pete m’aura beaucoup fait rire. Son manque de
préparation nous vaudra quelques fous-rires. Que ce soit son arrivée avec les
gardes, qui ne le pensent pas capable de survivre seul à cet endroit. La scène
du couteau suisse, qui aurait pu finir au drame. Ses réflexions sur sa vie de
solitaire. Une histoire qui nous fait autant rire que pleurer. Merci Pete Fromm,
de m’avoir fait voyager à travers tes mots, vers Indian Creek, alors que
j’étais tranquillement emmitouflée dans mon plaid à siroter une tasse de
thé.
Auteur : Pete Fromme
Éditeur : Gallmeister
Collection : Totem
Parution : 30 avril 2010
Pages : 237